jeudi 31 août 2017

Better lies

I’m not going to swear an oath I can’t uphold. [...] When enough people make false promises, words stop meaning anything. Then there are no more answers, only better and better lies, and lies won’t help us in this fight.

Game of Thrones, Dragon and the Wolf (S07E07)

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Première référence à Game of Thrones... Il faut dire que le contenu de la série ne se prête guère à repris ici. Néanmoins, il était temps! La penultième saison achevée, on touche donc à la fin de la série, avec les six derniers épisodes, attendus l'année prochaine, ou peut-être la suivante.

lundi 28 août 2017

Tales of Modern Motoring

Ce dernier dimanche d'août, calme et chaud, se sera révélé la parfaite occasion d'aller à la Fondation Cartier, y voir l'exposition du moment : Auto Photo. Le thème étant large, on retrouve en ce lieux un multiplicité de photographes, pour une grande variété de points de vue.
Florilège.

Dans AutoPhoto, on contemple ou interroge le gigantisme des infrastructures routières...
Edward Burtynsky, Nanpu Bridge Interchange, Shanghai (2004)

...parfois tel, qu'il en vient à se superposer à une strate urbaine plus ancienne (par exemple ici, des Alpes jusqu'à Naples)
Sue Barr, Série the Architecture of Transit (2014)

On dresse des compositions colorées, faîtes de carrosseries pourtant plus si rutilantes
Ronni Campana, Série Badly repaired cars (2016)

...ce qui nous amène à nous rappeler que rien de toute façon n'est éternel
Peter LippmanCitroën Traction 7, Série Paradise Parking (2012)

On pourra alors se rattacher au vivant, comme sait si bien le faire Martin Parr
Martin Parr, Série Tales of Modern Motoring
Sa série de portraits prête à sourire, dans sa mise en scène haute en couleur du lien entre des individus et leur automobile. Plus "sérieux", le regard sociologique d'Alejandro Cartagena porte, lui, sur les travailleurs précaires mexicains. Posté sur une passerelle, il photographie chaque jour les pick-ups transportant des ouvriers vers d'immenses chantiers de construction.
Alejandro Cartagena, Série the Carpoolers (2011-2012)

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the Carpoolers :

Tales of Modern Motoring :

Architecture of Transit :

dimanche 27 août 2017

Ce silence qui devait ne plus jamais nous abandonner

Entre nous le silence s'étendait, à peine interrompu par quelques phrases banales : — Veux-tu du vin, du pain ? encore un peu de viande ? — je voudrais pouvoir décrire la qualité de ce silence qui s'établit ce soir-là entre nous pour ne plus jamais nous abandonner. C'était un silence insupportable parce que totalement négatif, fait de la suppression de tout ce que j'aurais voulu dire et que je me sentais incapable d'exprimer. Le définir un silence hostile serait inexact. Il n'y avait pas d'hostilité entre nous, tout au moins de ma part, mais seulement de l'impuissance. J'avais besoin de parler, j'avais tant de choses à dire et en même temps je sentais que désormais les mots étaient inutiles et que je n'aurais su trouver le ton convenable. Je me taisais donc, non certes avec la sensation détendue et tranquille d'un homme qui n'éprouve pas le besoin de parler, mais de celui dont l'esprit bouillonne de choses à dire et en est conscient mais qui se heurte en vain contre cette conscience comme contre les barres de fer d'une prison. Il y avait plus encore : je sentais que ce mutisme si intolérable était cependant pour moi l'état le plus favorable. Et qu'en le rompant, même de la façon la plus adroite et bienveillante, je risquais de provoquer des explications plus intolérables encore, si c'était possible, que ce silence lui-même.

Le Mépris, Alberto Moravia (1963)

vendredi 18 août 2017

Jardins

Un peu de verdure, en attendant la rentrée... avec des oeuvres vues à l'expostion Jardins au Grand Palais (aujourd'hui terminée)


Gustav Klimt - Le Parc (1910)

Berthe Morisot - Jardin à Bougival (1884)

Ernest Quost - Fleurs de Pâques (1890)

Gerhard Richter - Sommertag (1999)

Édouard Debat-Ponsan - Le Jardin du peintre à Paris (1886)

mercredi 9 août 2017

L'image que je me faisais de moi-même

J'étais si préoccupé que dans ma pensée l'image que je me faisais de moi-même s'était modifiée. Jusqu'alors je m'étais considéré comme un intellectuel, un homme cultivé et un écrivain de théâtre, genre d'art pour lequel j'avais toujours nourri une grande passion et auquel je croyais être porté par une vocation innée. Cette image morale, si je puis dire, se reflétait sur mon image physique : je me voyais comme un jeune homme dont la maigreur, la myopie, la nervosité, la pâleur, la tenue négligée, témoignaient par avance de la gloire littéraire à laquelle il était destiné. Mais à ce moment de mon existence, sous la préoccupation de mes cruelles incertitudes, cette image si pleine de charme et de promesses fit place à une autre toute différente [...] je n'étais plus le jeune génie de la scène, encore inconnu, mais le famélique publiciste, collaborateur de revues ronéotypées et de journaux de second plan ; ou peut-être — et c'était pire encore — le médiocre employé de quelque établissement privé ou d'une administration d'Etat.

Le Mépris, Alberto Moravia (1963)

mardi 8 août 2017

#pasgorafi

Sara Errani, finaliste en 2012 de Roland-Garros, vient d'être suspendue deux mois pour dopage. [...][Elle] a réagi en affirmant avoir subi une « contamination accidentelle » en raison de la prise par sa mère d'un médicament contenant du letrozole. « Je n’ai jamais pris de produits interdits dans ma carrière et dans ma vie », écrit-elle dans un communiqué.

« Cependant, cette substance (letrozole) est présente dans le Femara, un médicament que ma mère utilise quotidiennement depuis 2012 à des fins thérapeutiques après une opération d'un cancer au sein. Par conséquent, il était présent dans la maison où j’habite », ajoute Sara Errani. Alors que sa mère préparait des tortellinis, elle aurait accidentellement fait tomber du Femera dans les pâtes, selon la joueuse. Des explications qui ont semblé convaincre le tribunal indépendant.

[via lemonde.fr]
Libération, bien informé, complète en nous expliquant que cette substance peut aussi "cacher l’absorption de testostérone"

dimanche 6 août 2017

A quoi aspirer de plus ?

Dans "Vers l'autre rive" de Kiyoshi Kurosawa, la femme de Yûsuke (à droite) et sa maîtresse (à gauche) se rencontrent pour la première fois, et ont une brève conversation...


- Simplement, je voulais que vous sachiez que Yûsuke et moi sommes un couple marié, ordinaire et respectable.
- Je le savais déjà
- Tant mieux. Je me disais que la relation d'un couple marié était peut-être trop complexe pour être comprise des autres.
- Je comprends très bien. Je suis moi-même mariée.
- ...
- Je vais avoir un bébé cet automne. Je quitte l'hôpital le mois prochain. Ensuite, je mènerai sans doute une vie banale jusqu'à ma mort. Mais... à quoi peut-on aspirer de plus ?


Kiyoshi Kurosawa, Vers l'autre rive (2015)

vendredi 4 août 2017

Je ne me rendais pas compte de mon bonheur

Plus on est heureux et moins on prête attention à son bonheur. Cela pourra sembler étrange, mais au cours de ces deux années j'eus même parfois l'impression que je m'ennuyais. Non, je ne me rendais pas compte de mon bonheur. En aimant ma femme et en étant aimé d'elle je croyais faire comme tout le monde; cet amour me semblait un fait commun, normal, sans rien de précieux, comme l'air que l'on respire et qui n'est immense et ne devient inestimable que lorsqu'il vient à vous manquer. En ce temps-là, si quelqu'un m'avait fait remarquer que j'étais heureux, je me serais récrié. Selon toute probabilité j'aurais répondu que je ne possédais pas le bonheur puisque tout en aimant ma femme et étant payé de retour, je n'avais pas la sécurité du lendemain. C'était exact, nous arrivions à peine à nous tirer d'affaire avec mon labeur ingrat de critique de cinéma dans un quotidien de seconde importance et d'autres travaux journalistiques du même ordre. Nous vivions dans une chambre meublée chez un logeur en garnis; l'argent nous manquait souvent pour le superflu et parfois même pour le nécessaire. Comment dès lors aurais-je pu être heureux ? En fait jamais je ne me suis autant lamenté qu'à cette époque où — je pus m'en rendre compte plus tard — j'étais pleinement et profondément heureux.

Le Mépris, Alberto Moravia (1963)