vendredi 30 août 2013

Everything you need to know to be a happier, more popular you !

"Popular"... Morceau de Nada Surf, sorti en 1996, cher à la plupart des trentenaires actuels.

Matthew Caws y déclame sur un ton ironique une sorte de "how to" (be popular) à l'attention des lycéennes américaines (niveau "High School", donc). Le thème parle au plus grand nombre. Sans compter que le contexte est familier ; les films et séries US sont passés par là et ont popularisé à travers toute la planète cette imagerie faite à base de pom pom girls, de footballers américains, de longues rangées de casiers, de cours interrompus par une sonnerie caractéristique, de tables en L, de bals de fin d'année, et de remises de diplôme (à l'Université), etc...

"Sorte de" how to, disais-je, sauf qu'extrait d'un livre réel, "Penny's Guide to Teen-age Charm and Popularity", écrit par une certaine Gloria Winters (actrice de série TV, populaire dans les années 50 et 60). Le livre est paru en 1964.

La couverture
(d'une réédition, j'imagine, mais je ne trouve pas l'info)

Three important rules for breaking up : Don't put off breaking up when you know you want to. Prolonging the situation only makes it worse. Tell him honestly, simply, kindly, but firmly. Don't make a big production, don't make up an elaborate story. This will help you avoid a big tear jerking scene. If you wanna date other people say so. Be prepared for the boy to feel hurt and rejected. Even if you've gone together for only a short time and haven't been too serious, there's still a feeling of rejection when someone says she prefers the company of others to your exclusive company. But if you're honest, and direct, and avoid making a flowery emotional speech when you break the news, the boy will respect you for your frankness and honestly. He'll appreciate the kind of straight forward manner in which you told him your decision, unless he's a real jerk or a cry baby, you'll remain friends.

I'm head of the class / I'm popular
I'm a quarter back / I'm popular
My mom says I'm a catch / I'm popular
I'm never last picked, I got a cheerleader chick

Being attractive is the most important thing there is. If you wanna catch the biggest fish in your pond, you have to be as attractive as possible. Make sure to keep your hair spotless and clean :
Wash it at least every two weeks, once every two weeks. And if you see Johnny football hero in the hall, tell him he played a great game, tell him you liked his article in the newspaper

I'm the party star / I'm popular
I've got my own car / I'm popular
I'll never get caught / I'm popular
I make football bets, I'm a teachers pet

I propose we support a one month limit on going steady. I think It will keep people more able to deal with weird situations and get to know more people. I think if you're ready to go out with Johnny, now's the time to tell him about your one month limit. He won't mind he'll appreciate your fresh look on dating, and once you've dated someone else you can date him again. I'm sure he'll like it. Everyone will appreciate it : "You're so novel, what a good idea !". You can keep your time to your self. You don't need date insurance. You can go out with whoever you want to : Every boy, every boy, in the whole world could be yours, if you'll just listen to my plan - THE TEENAGE GUIDE TO POPULARITY !

Nada Surf - Popular
High/Low (Elektra, 1996)





Sur Arise Therefore, on vérifie les infos. Si le livre n'est malheureusement pas consultable en ligne, j'ai pu afficher quelques passages sur Google Books, en recherchant des mots clefs.

Où l'on voit que certains passages sont reproduits fidèlement, et d'autres, adaptés

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PS : Ouais, je sais, j'ai déjà publié ces paroles, juste après le concert parisien du groupe le 31 juillet 2010. Mais pas avec cet éclairage !

mercredi 28 août 2013

Ce nouveau monde où les vieillards ont 17 ans

J'ai lu "la Confession d'un Enfant du Siècle" de Musset juste après avoir mon premier visionnage de "La Maman et la Putain". De manière décorrélée.

J'ai cependant trouvé de grandes similitudes parmi les deux oeuvres.

Bien sûr, il y a les faits : Octave, trompé et blessé par sa maîtresse, dès le début du livre ; Alexandre, meurtri de ne pouvoir reconquérir Gilberte (son "vieil amour merdique", comme dirait Marie). Le thème commun des relations homme-femme...

Rien de ceci ne serait concluant si chacune de ces oeuvres ne portait en elle l'esprit de son époque. Post-napoléonienne ou post-mai68.
Il est retranscrit par le récit (le dialogue, les situations), mais aussi par des appréciations et jugements explicites.

Morceaux choisis (Musset, puis Eustache)

Un sentiment de malaise inexprimable commença donc à fermenter dans tous les cœurs jeunes. Condamnés au repos par les souverains du monde, livrés aux cuistres de toute espèce, à l’oisiveté et à l’ennui, les jeunes gens voyaient se retirer d’eux les vagues écumantes contre lesquelles ils avaient préparé leur bras. Tous ces gladiateurs frottés d’huile se sentaient au fond de l’âme une misère insupportable. Les plus riches se firent libertins ; ceux d’une fortune médiocre prirent un état et se résignèrent soit à la robe, soit à l’épée ; les plus pauvres se jetèrent dans l’enthousiasme à froid, dans les grands mots, dans l’affreuse mer de l’action sans but.
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Ce fut comme une dénégation de toutes choses du ciel et de la terre, qu’on peut nommer désenchantement, ou si l’on veut, désespérance, comme si l’humanité en léthargie avait été crue morte par ceux qui lui tâtaient le pouls. De même que ce soldat à qui l’on demanda jadis : À quoi crois-tu ? et qui le premier répondit : À moi ; ainsi la jeunesse de France, entendant cette question, répondit la première : À rien.
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L’amour était traité comme la gloire et la religion ; c’était une illusion ancienne.
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Quand les idées anglaises et allemandes(*) passèrent ainsi sur nos têtes, ce fut comme un dégoût morne et silencieux, suivi d’une convulsion terrible.
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Ainsi les jeunes gens trouvaient un emploi de la force inactive dans l’affectation du désespoir.

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Les jeunes cadres, les professions libérales ont remplacé les soldats.
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Après les crises, il faut vite tout oublier, tout effacer. Comme la France après l'Occupation. Comme la France après mai 68. Tu te relèves comme la France après France après l'Occupation. Mon amour, tu te souviens? On disait qu'on l'avait échappé belle. Qu'on avait eu la chance d'avoir une enfance et qu'on n'était pas sûrs que nos enfants en aurait une dans ce nouveau monde où les vieillards ont 17 ans.


Jean Eustache, La maman et la putain (1973)
Alfred de Musset, La Confession d'un Amant du Siècle (1836)

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(*) Musset pense ici à Goethe et Byron.
Côté Eustache, les références d'Alexandre sont nombreuses, mais plus cinématographiques.

lundi 26 août 2013

Growing Up In Meriden [Album Cover of the Week]

Meriden est un village de l'Etat du New Hampshire, aux Etats-Unis (à ne pas confondre avec Meriden dans le Connecticut). Pour situer, c'est au Sud de Montréal (3h en voiture), et au Nord-Est de New-York (4h30).

C'est ici qu'a grandi le jeune garçon que vous voyez ci-dessous... et que certain(e)s d'entre vous reconnaîtront immédiatement.



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Gagné, c'est bien Will Sheff, de Okkervil River.
Will Sheff se raconte, dans le nouvel album du groupe, intitulé "the Silver Gymnasium" (à paraître le 30 septembre).


L'artwork est à nouveau signé William Schaff. Normal (cf Saga 2011, Down the River of Golden Dreams part. 1 et part. 2). La collaboration est allée plus loin cette fois, puisque l'artiste a créé la "carte personnelle" de Will Sheff.
Cela rappelle l'oeuvre allégorique qu'il avait créée à l'intention de Jason Molina (également évoquée dans ces colonnes).Cette fois, les lieux sont réels, et à chacun d'eux sont rattachés des souvenirs.

Cliquez to enlarge
La carte en HD et en interactif, est dispo ici. Vous pourrez y naviguer, y entendre des commentaires audio de Will Sheff, et voir quelques photos souvenirs (comme celle qui ouvre cet article). Dommage que ce soit si court.
L'idée est en tout cas excellente
(moi aussi, je veux que William Schaff cartographie ma vie !)


Okkervil River, the Silver Gymnasium (Ato, 2013)
pre-order (vinyle, CD ou K7)

mercredi 21 août 2013

La pure contemplation

On reparle un peu philo ? Toujours avec Schopenhauer. C'est déjà le sixième article. Celui-ci reprend d'ailleurs bien ceux que j'avais intitulés la danse des poignards, et le sentiment du Sublime.

Je trouve ce passage particulièrement clair et bien articulé, donc je vous encourage à le lire (si d'aventure vous aviez l'habitude de ne faire que survoler ces textes).

Quatre paragraphes.
Le premier décrit la mécanique d'une vie qui ne serait rythmée que par la recherche de satisfaction de besoins successifs à combler, c'est-à-dire quand l'Homme est le sujet du vouloir. Impossible dans cet état de prétendre au "bien-être véritable".

Les deux paragraphes suivants reviennent sur l'état dans lequel l'Homme peut se libérer de la volonté, n'être sujet que de la connaissance, en se plongeant par exemple dans la contemplation objective de l'objet. De la même manière que derrière celui-ci apparaît bientôt son concept générique (ou "Idée"), le sujet se sent appartenir à un tout et dépasse son individualité. On touche alors au "bien suprême". Cet état rejoint le sentiment du Sublime, évoqué plus haut.

Le moment est donc bien choisi dans le dernier paragraphe, pour discourir d'Art. L'exemple pris est celui des natures mortes. Il sera intéressant si comme moi vous n'y voyez qu'un tas d'aliments peints avec minutie. Schopenhauer montre l'articulation entre le Sublime, le sujet spectateur d'un tableau ne représentant pourtant que des objets banal, et la démarche du peintre.
Je serais curieux de savoir ce qu'il aurait pensé de l'art abstrait...


Tout vouloir naît du besoin, donc du manque, donc de la souffrance; la satisfaction y met un terme ; mais pour un souhait satisfait, au moins dix se trouvent frustrés; en outre la convoitise dure longtemps, ses exigences sont sans fin; la satisfaction, elle, est brève et chichement comptée. Or ce contentement final n’est lui-même qu'apparent: le souhait satisfait donne aussitôt lieu à un autre souhait; le premier est une illusion qui a été reconnue, le second une illusion qui ne l'a pas encore été. Aucun objet atteint par le vouloir ne peut procurer un contentement durable, définitif : l'objet sera toujours pareil à l'aumône qui, jetée au mendiant, lui permet de vivoter aujourd'hui en remettant son tourment à demain. — C'est pourquoi, aussi longtemps que notre conscience est remplie par notre volonté, aussi longtemps que nous cédons à l'élan des souhaits avec l'espoir et la crainte incessants qui lui sont associés, aussi longtemps que nous sommes sujets du vouloir, nous ne connaîtrons jamais ni bonheur durable ni repos. Poursuivre ou fuir un objet, craindre le malheur ou chercher le plaisir, voilà, pour l'essentiel, une seule et même chose: le souci pour la volonté toujours demandeuse, quelle qu’en soit la forme, remplit et agite sans cesse notre conscience ; or sans repos, il n'est absolument pas de bien-être véritable. Ainsi le sujet du vouloir se trouve continuellement attaché sur la roue tournante d'Ixion, il remplit éternellement le tonneau des Danaïdes, il est Tantale subissant ses éternels supplices.

Mais lorsqu'une occasion extérieure ou un état affectif intime nous font subitement sortir de ce flux sans fin du vouloir, en arrachant la connaissance à l'esclavage de la volonté, lorsque l’attention n'est plus dirigée sur les motifs du vouloir mais qu'elle appréhende les choses indépendamment de leur lien avec la volonté, c’est-à-dire qu’elle les considère comme sans intérêt, sans subjectivité, de manière purement objective, lorsqu'elle s’y adonne entièrement, ces choses n'étant que des représentations et non des motifs, alors ce repos, toujours recherché par cette première voie du vouloir, mais toujours demeuré hors d'atteinte, se manifeste spontanément, d'un seul coup, nous procurant le bien-être le plus complet. Il s'agit de cet état sans douleur qu'Épicure vante comme le bien suprême, l'état des dieux: pendant un moment, nous sommes, en effet, débarrassés de ce vil élan de la volonté, nous célébrons le sabbat des travaux forcés du vouloir, la roue d'Ixion est à l'arrêt.

Or, cet état est justement celui que nous décrivions plus haut comme la condition nécessaire pour la connaissance de l'Idée : c'est la pure contemplation, la dissolution dans l'intuition, la perte dans l'objet, l'oubli de toute individualité, la suppression du mode de connaissance obéissant au principe de raison et ne saisissant que des relations, alors qu’en même temps, de manière inséparable, la chose singulière qui est perçue s'exhausse à l'idée de son espèce, l'individu connaissant au pur sujet de la connaissance sans volonté : comme tels, les deux ne se trouvent plus dans le flux du temps et de toutes autres relations. Peu importe alors si on voit le soleil se coucher depuis un cachot ou depuis un palais.

Un état affectif intime, la prépondérance du connaître sur le vouloir, peuvent provoquer cet état quel que soit le milieu. C'est ce que nous montrent ces excellents Hollandais qui ont dirigé cette intuition purement objective sur les objets les plus insignifiants, en édifiant un monument durable de leur objectivité et de leur tranquillité d'esprit dans la nature morte que le spectateur esthétique ne saurait contempler sans émotion, car elle lui présente cet affectif de l'artiste, calme, tranquille, dénué de volonté, qui était nécessaire pour percevoir des objets aussi insignifiants de manière aussi objective, pour les contempler aussi attentivement et répéter cette image intuitive de manière aussi consciente ; et comme l'image l'enjoint à partager, lui aussi, cet état, son émotion se trouve souvent encore accrue par l'opposition avec sa propre constitution affective, agitée, perturbée par un vouloir véhément, dans laquelle il se trouve à ce moment. Dans le même esprit, des paysagistes, particulièrement Ruysdael, ont souvent peint des paysages tout à fait insignifiants, provoquant par là le même effet de manière encore plus réjouissante.

Arthur Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et Représentation
(1819)

mardi 20 août 2013

Don't Bend! Ascend!

N'étant pas l'un des cinq Français qui ne faisaient pas le pont du 15 août, j'ai profité d'une poignée de jours dans un Paris déserté (dans lequel la Nature a commencé à reprendre ses droits) pour compléter ma to-do list culturelle (et pour aller voir la Mer, aussi, mais ça n'est pas le sujet)


Le week-end aura été encadré par deux très bons concerts : d'un côté Woods à la plage Glaz'art (cadre toujours aussi agréable pour une musique pop/folk avec un penchant psyché du meilleur effet), de l'autre les telluriques Godspeed You! Black Emperor au Trianon. Effacée, la déception de leur passage précédent (2011) dans une salle bien trop grande. Deux heures de concert, au sommet sur leurs meilleurs morceaux, en deça sur ceux de leur dernier album (hormis "Mladic", en ouverture).

Je me suis à nouveau fait la réflexion que j'adorerais ne pas connaître ce groupe, et avoir le bonheur de redécouvrir leur musique pour la première fois (sur l'album "Lift your skinny fists..." meilleur disque des 00's, selon moi)

[Crédits Photo: Kmeron]
Qui dit "15 août" dit également "zéro queue" aux entrées des expositions. J'ai donc pu visiter la double expo "Art Nouveau / Art déco", avant sa fermeture prochaine.
J'allais surtout à la première pour contempler grandeur nature des oeuvres du Mucha. J'ai découvert, qu'outre lui, ils étaient un certain nombres des artistes de cette époque à vénérer Sarah Bernhardt.
Je retiens notamment un sublime buste de Sarah Bernardt en Jeanne d'Arc par un certain Pierre-François Berthoud, et ce portrait signé Paul Berthon (1900)...


Le versant "Art Déco" était quant à lui consacré à Tamara de Lempicka. Je n'y ai pas vu mes toiles préférées (ses portraits de femme, au format vertical), mais j'en ai découvert d'autres, comme cette "belle Rafaela en vert" (1927) :


Je termine cet article qui tourne au name dropping j'en conviens par le beau film de Michael Kohlhaas. Beaucoup de références / similitudes ont déjà été citées à son sujet, je serais tenté d'y ajouter Aguirre d'Herzog.


Michael Kohlhaas, Arnaud des Pallières (2013)
Aguirre, la colère de Dieu, Werner Herzog (1972)

samedi 17 août 2013

La mort, la terre, la cendre


Alexandre, à Marie :

- Quand je fais l'amour avec vous, je ne pense qu'à la mort, à la terre, à la cendre…
- Vous ne m'aviez jamais dit ça.
- J'y pense tout le temps.
- Alors, vous faites l'amour avec la mort ?
- Pourquoi ? Vous voyez des rivières, des cascades ruisselantes ?




Jean Eustache, La maman et la putain (1973)
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RIP Bernadette Lafont (1938 - 2013)

jeudi 15 août 2013

Summer of Soul

Listen, baby
Ain't no mountain high
Ain't no vally low
Ain't no river wide enough, baby

Je me suis réveillé ce matin avec une chanson dans la tête : "Ain't no Mountain High Enough", chantée en duo par Marvin Gaye et Tammi Terrell. La raison est qu'elle a joué un rôle dans mon rêve...

Déambulant dans une ville non identifiée, j'entre dans une boutique à la devanture pourtant pas très attirante, une sorte de bazar à la déco rétro bleutée, néons 80's à l'appui. De grands rayonnages s'étirent jusqu'au fond de cet espace étroit mais profond. Je m'arrête néanmoins dès l'entrée : derrière un comptoir, une femme accoudée me regarde. Elle ressemble à s'y méprendre à la Martha Reeves d'aujourd'hui (hier de Martha and the Vandellas) - Rétrospectivement, je me dis que c'était elle. A sa droite, une pancarte relaye l'offre du moment : Une chanson personnalisée pour seulement xx euros ! Je fonce. D'ailleurs, les choses s'accélèrent un peu dans mon rêve : "Martha" me pose des questions sur ma vie personnelle, les thèmes qui me touchent, ainsi que sur mes affinités musicales en matière de Soul. Je cite "Ain't no Mountain High Enough" en référence ultime. Troisième millénaire oblige, c'est un ordinateur qui génère la chanson, ou en tout cas, musique et textes. Et là je me revois très bien décrypter mot à mot les paroles fraîchement sorties de l'imprimante, la feuille posée sur le comptoir, tandis que Martha ébauche la partie chantée. Et c'était vachement bien...

Si on revient à la réalité, ça veut dire que j'ai moi-même composé, écrit et arrangé une chanson soul (je me souviens avoir écouté intro, couplet et refrain) ! Je suis assez fier, mais... j'ai tout oublié (évidemment).
A défaut de pouvoir vous en faire profiter, j'embedde ci-dessous le morceau de Marvin Gaye et Tammi Terrell. Le texte est pas dingue, mais le morceau, oui.
De ceux qui me font dire que bon sang, mais c'est ça, la vraie musique, en fait.


If you need me, call me
No matter where you are
No matter how far
Just call my name
I'll be there in a hurry
You don't have to worry

'Cause baby,
There ain't no mountain high enough
Ain't no valley low enough
Ain't no river wide enough
To keep me from getting to you




Marvin Gaye and Tammi Terrel - Ain't no mountain high enough
United (Motown, 1967)



Et vous, vous arrive-t-il d'être créatif en rêve ?

mardi 13 août 2013

Backpacking across Europe

Je publiais hier des photos de presse sur fond vert végétal, et évoquais dans le même temps Glasgow grâce à Miaoux Miaoux.

Je reste dans le vert, l'Ecosse (et la musique) en rapportant quelques clichés réussis, pris par Kay&Ryan de Candy Claws lors de leur séjour dans cette verte contrée.


J'ai déjà dit ici tout le bien que je pense que leur album. Marrant de découvrir ces jeunes musiciens, à la démarche artistique aussi originale, en mode total "no look" tel qu'on les voit sur le blog dédié à long séjour européen, citer Werner Herzog, et dans le même temps suivre religieusement les traces de l'histoire et du tournage de... Harry Potter.

lundi 12 août 2013

Miaou [il ne faut pas confondre]

C'était il y a 4 jours, la journée internationale du chat..: Nouvelle "disambiguation" (j'aime beaucoup ce vocable anglais) dans le cadre de la rubrique "il ne faut pas confondre".

Alors, ok, j'entends bien que vous n'aviez jusqu'à aujourd'hui pas connaissance de l'existence de tous ces groupes... Mais peut-être les confondiez vous, justement (ou pas).

On commence avec les Japonais de Miaou que j'ai découverts à la faveur de la sortie de l'EP "Bring the Light" (paru sur un label grec)


Miaou fait du post-rock instrumental (un peu électronique) assez calme et joli, dans la lignée de "All of the World" (des compatriotes), ou des productions de Jimmy LaValle (Album Leaf, Tristeza). Ils viennent de Tokyo, et ce qui était un projet universitaire a plutôt bien pris, puisqu'ils ont aujourd'hui déjà sorti quatre albums.




A ne pas confondre avec Miaoux Miaoux, projet pop electronica (chanté) du glaswegien (c'est comme ça qu'on dit, pour Glasgow) Julian Corrie.
Il a sorti plusieurs disques dont un sur Chemikal Underground.
Disons qu'il y a un peu de Erlend Oye (époque Whitest Boy Alive), ou Hot Chip (mais du tout début, hein)




Il y a enfin le prince Miiaou, jeune femme bien de chez nous. Si j'osais, je dirais qu'elle a sûrement dû apprécier Cat Power (non pas que ça ressemble, mais on croit parfois reconnaître certaines intonations)

C'est tout. Content de vous avoir été utile, et de vous avoir évité des situations embarrassantes  qui auraient pu nuire à votre street indie cred.

samedi 10 août 2013

Le sentiment du sublime

Qui ne s'est jamais laissé aller à des pensée existentielles en contemplant la voûte céleste, lors d'une nuit étoilée?
Dans le livre III (l'idée platonicienne: l'objet de l'art) du "Monde...", après avoir traité du BEAU, Schopenhauer saisit cette occasion pour évoquer le SUBLIME.



Lorsque nous nous perdons dans la considération de la grandeur infinie du monde dans le temps et dans l'espace, lorsque nous méditons sur les millénaires écoulés, les millénaires à venir — mais aussi lorsque le ciel nocturne nous met effectivement devant les yeux d'innombrables mondes en faisant ainsi pénétrer dans notre conscience l'incommensurabilité de l'univers —, alors nous sentons que nous sommes réduits à rien, nous avons le sentiment d'être un individu, un corps animé, phénomène éphémère de la volonté qui s'évanouit comme une goutte dans l'océan qui se dissout dans le néant. Mais en même temps, s'élève contre ce fantôme de notre propre vanité, contre cette impossibilité mensongère, la conscience immédiate que tous ces mondes n'existent bel et bien que dans notre représentation, ne sont que les modifications du sujet éternel de la pure connaissance ; nous constatons que nous sommes ce sujet dès que nous oublions l'individualité, ce sujet qui est le support nécessaire et la condition de tous les mondes, de toutes les époques. La grandeur du monde, qui nous inquiétait d'abord, repose désormais en nous. Notre dépendance à son égard se trouve supprimée par sa dépendance à notre égard. — Tout ceci ne pénètre cependant pas immédiatement la réflexion et ne se montre d'abord que sous la forme d'une conscience qui sent qu'on ne fait qu'un avec le monde en un certain sens (ce sens que la philosophie seule permet de rendre évident), qu'on n'est pas écrasé, mais élevé par son incommensurabilité. Il s'agit de cette conscience qui sent cela même que les Upanishads du Véda expriment par des tournures si multiples, en particulier dans la sentence déjà citée plus haut: Hae omnes creaturae in totum ego sum et praeter me aliud ens non est [Je suis toutes ces créatures et à part moi n'existe aucun autre être]. Il s'agit de l'élévation au-dessus de notre propre individu, le sentiment du sublime.

Arthur Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et Représentation (1819)

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Le Véda ("vision" ou "connaissance" en senskrit) est un ensemble de textes indiens, de portée philosophique et métaphysique, transmise oralement de brahmane à brahmane au sein du védisme, du brahmanisme, et de l'hindouisme. Les premiers écrits remontent au XVème siècle...
...et donc Schopenhaueur est fan (il y fait très souvent référence)

jeudi 8 août 2013

Album Cover of the Week

[bien que pas d'une grande originalité]


Braids, Flourish // Perish (Full Time Hobby, 2013)

lundi 5 août 2013

Le jour où je ne souffrirai plus


C'est curieux, je n'ai pas cessé de souffrir. Je ne me suis pas accroché à toi, mais à ma souffrance, essayant de la retenir. Te garder prêt de moi pour me garder. Le jour où je ne souffrirai plus, où je m'en "sortirai" comme tu dis, c'est que je serai devenu un autre. Et je n'ai pas envie de devenir un autre. Parce que ce jour-là, nous ne pourrons plus nous retrouver. Tu sais, je ne suis pas dupe. Il y a le temps qui passe, vous ne pourrez pas lutter très longtemps contre lui... Je suis venu aujourd'hui. Mais si tu ne sais pas ce que tu veux, il sera peut-être trop tard quand tu le sauras. Awww... j'en ai assez, je suis fatigué. Tu te souviens de ce film où Michel Simon disait : "Regardez la femme infidèle, regardez l'ami félon", avec cette grandiloquence un peu ridicule et risible que donne la plus grande douleur ou la mort ? Oh et puis merde ! j'en ai assez. Salut !


Jean Eustache, La maman et la putain (1973)

samedi 3 août 2013

Have you ever experienced absolute loss?

Have you ever experienced absolute loss?
It's more than grief. Its deep down inside. Every cell screams.
You can hear nothing else.


Voici comment je m’explique que la folie est souvent occasionnée par une souffrance véhémente de l’esprit, par des événements terribles et imprévus. En tant qu'événement réel, toute souffrance de cette espèce est toujours limitée au présent, elle n’est donc qu'éphémère et, dans cette mesure, elle n'est pas encore excessivement pesante: elle ne devient outrancièrement lourde que lorsqu'il s'agit d'une douleur durable; or, comme telle, la souffrance n'est qu'une pensée et réside donc dans la MEMOIRE : si un tel chagrin, un tel savoir ou souvenir douloureux, est atroce au point de devenir purement et simplement insupportable, au point que l’individu risque d'y passer, alors la nature ainsi angoissée recourt à la FOLIE comme à l'ultime moyen de sauver la vie: l’esprit tant tourmenté déchire alors en quelque sorte le fil de sa mémoire, comble les trous par des fictions et se réfugie ainsi dans la folie face à cette douleur qui dépasse ses forces, à l'instar d'un membre brûlant qu’on ampute pour le remplacer par un membre en bois — Qu’on prenne comme exemple Ajax enragé, le roi Lear et Ophélie, car les créatures du génie authentique, auxquelles seules on peut se référer ici comme étant universellement connues, égalent dans leur vérité les personnes réelles: l’expérience réelle montre d’ailleurs souvent tout à fait la môme chose. Un cas analogue, mais affaibli, de cette espèce de passage de la douleur à la folie nous est fourni par le fait que bien souvent, nous cherchons à chasser de manière quasi mécanique un souvenir pénible, qui revient subitement, par une remarque à voix haute ou par un mouvement, nous cherchons à en détourner notre propre attention, à nous en distraire de force. —

Twin Peaks (E11), David Lynch (1990)
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et Représentation (1819)

De nouveau, un peu de Schopenhauer appliqué... le paragraphe qui précède pourra sembler ne pas porter en soi d'idée novatrice, et pour cause : la théorie de la folie qui y est développée est "conforme à ce qui est aujourd'hui admis" (dixit Wikipedia). On est cependant au début du XIXème siècle, qui plus est avant l'essor de la psychologie. Carl Jung (1875 - 1961 / collaborateur à ses débuts de Freud) parlera même à un moment donné de la psychologie comme une continuation de « l'héritage de Schopenhauer ».

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De manière annexe, Alain reprendra lui aussi plus tard l'idée selon laquelle la folie constitue un cas "grossi", amplifié, de nos comportements ou erreurs.