mercredi 26 avril 2017

Et le fascisme périra...

Sur un sujet moins léger qu'hier... (le fascisme)
Extrait de Vie et Destin, "le 'guerre et paix' du XXème siècle", dit-on.

Le siècle d'Einstein et de Planck était aussi le siècle de Hitler. La Gestapo et la renaissance scientifique étaient les enfants d'un même siècle. Que le XIXe siècle, le siècle de la physique naïve, était humain en comparaison du XXe ! Le XXe avait tué sa mère. Il y a une ressemblance hideuse entre les principes du fascisme et les principes de la physique moderne.
Le fascisme a rejeté le concept d'individu, le concept d'homme et il opère par masses énormes. La physique moderne parle d'une plus ou moins grande probabilité des phénomènes dans tel ou tel ensemble d'individus physiques. Le fascisme ne se fonde-t-il pas, dans sa terrifiante mécanique, sur les lois d'une politique quantique, sur une théorie des probabilités politiques ?

Le fascisme a décidé d'exterminer des couches entières de la population, d'ensembles nationaux ou raciaux, en partant de l'idée que la probabilité de conflits ouverts ou cachés était plus grande dans ces ensembles que dans d'autres ensembles humains. La mécanique des probabilités et des ensembles humains.
Mais non, bien sûr ! Et le fascisme périra justement parce qu'il a cru pouvoir appliquer à l'homme les lois des atomes et des pavés.
Le fascisme et l'homme ne peuvent coexister. Quand le fascisme est vainqueur, l'homme cesse d'exister, seuls subsistent des humanoïdes, extérieurement semblables a l'homme mais complètement modifiés à l'intérieur. Mais quand l'homme doué de raison et de bonté est vainqueur, le fascisme périt et les êtres qui s'y sont soumis redeviennent des hommes.

Vassili Grossman, Vie et destin (1962/1980)

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