mercredi 2 septembre 2020

Une beauté gratuite et non corrompue

Pendant nos balades, nous nous racontons l'érosion de nos certitudes, nous désolons de la dégringolade du cours des valeurs qu'on nous a transmises, celles sur lesquelles nous nous sommes construits. A bout de course et pas à coup de bourse. Bancals mais pas bancables. On ausculte le monde et finalement on retrouve quelque fierté à en être des anomalies, aussi atomisées et dérisoires soient-elles. Et au détour d'un chemin, c'est une biche et son faon, figés quelques secondes, avant de disparaître dans un bosquet aussi vite qu'ils ont surgi, ou un essaim de papillons butinant d'impérieux chardons dans la lumière du couchant qui nous rappellent furtivement la possibilité d'une beauté gratuite et non corrompue. Sauvés de justesse par un cliché de carte postale, par une impromptue joliesse, une joliesse consensuelle, unanime, dépourvue de cynisme. 

Frank Beauvais, Ne croyez surtout pas que je hurle (2020)


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