jeudi 14 avril 2022

Scrutin crétin

Le premier tour de l'élection présidentiel est passé, donnant le triste podium que l'on connaît, à savoir : 
  1. Emmanuel Macron (LREM) : 27,8 % / 9 784 985 voix
  2. Marine Le Pen (RN) : 23,1 % / 8 135 456 voix
  3. Jean-Luc Mélenchon (LFI) : 22 % / 7 714 574 voix
Le reste? Un candidat à 7%, tout le reste en-dessous de la barre des 5% [dont Yannick Jadot (EELV) 4,6 %]. Ayant rédigé un article "engagé", je me devais donc d'y revenir.

Ce qui saute aux yeux, à la lecture de ce résultat, et quel que soit le résultat du second tour, c'est que notre système de vote n'est pas adapté au paysage politique actuel... et que les forces politiques actuelles en retour ne tirent pas les leçons de ce constat.

Quel est-il ? Le système électoral français prévoit pour l'élection présidentielle un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. S'il convient en situation de bipartisme, il trouve ses limites avec un paysage politique éclaté, avec ses deux inconvénients principaux (devenus criants avec cette élection) :

- Les interférences entre deux candidats idéologiquement proches, qui provoquent la défaite irrémédiable d'un camp même majoritaire s'il arrive en ordre dispersé

- le vote utile que finissent par adopter, en réaction, les électeurs, empêchant malgré tout un vote de conviction, c'est-à-dire un vote pleinement en accord avec ses idées.

A défaut de pouvoir changer ce système (nous y reviendrons), comment palier à ces inconvénients? Le désistement (que dissuade la perspective de non-remboursement des frais de campagne) ou, mieux, une f*cking primaire (en amont). Et là, les seules raisons qui vont à l'encontre de cette idée sont de nature égoïste (ego surdimensionné, crainte de voir disparaître son parti ou soi-même). A ceux qui craignent de voir le candidat affaibli par des mois de précampagne pugnace : un peu de tenue, bon sang, que le meilleur projet gagne !

On peut ainsi légitimement reprocher à Jadot/Hidalgo/Roussel de ne pas s'être désistés... Mais on peut tout autant déplorer que Mélenchon ait décliné la primaire. Disons qu'il aurait "juste" pu être Président de la République...

Quant à changer de mode de scrutin : l'idéal me paraît être un vote par approbation ! "Dans ce système l'électeur s'exprime sur chaque candidat en indiquant s'il le soutient ou non, et le candidat soutenu par le plus grand nombre est élu.". Un peu comme dans un doodle pour trouver une date pour un rassemblement entre amis (il ne viendrait à l'idée de personne de ne choisir qu'une seule date). Des millions de français auraient alors pu sereinement mêler convictions et vote utile.

1 commentaire:

  1. Macron n’en tire pas de leçons… et profite du système actuel. La configuration actuelle post-premier tour est celle qu’il espérait sans doute : pas de campagne à mener, pas de promesses à tenir, il mise sur le vote barrage… pas sûre qu’il soit au rdv cette fois-ci.

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