lundi 1 décembre 2025
Tout finira bien (je voudrais te faire croire)
lundi 24 novembre 2025
#NotAllPoliceMen mais beaucoup quand même
dimanche 16 novembre 2025
Un sublime exemple de compassion et de compréhension
Un de mes professeurs de lycée a un jour fait lire à la classe la célèbre lettre de Henry James à son amie endeuillée Grace Norton, considérée depuis sa publication comme un sublime exemple de compassion et de compréhension. Même lui commence sa lettre par «Je ne sais que dire ».
mercredi 15 octobre 2025
Trois mois sous silence
jeudi 18 septembre 2025
Je ne suis plus
mardi 16 septembre 2025
Tier List "Quentin Dupieux"
lundi 15 septembre 2025
Si terrible. Si cruel. Si absurde.
Album cover of the week
J'ai régulièrement parlé des artworks de William Schaff ici, et notamment à travers deux articles qui lui étaient entièrement consacrés. Qui d'autres pour illustrer ce (nouveau) tribute à Jason Molina, feat. hand habits, friendship, horse jumper of love, trace moutains et surtout MJ Lenderman, dont le dernier album nous avait immédiatement renvoyé au son de l'album Magnolia Electric Co.
V/A - I will Swim To You: a tribute to Jason Molina
(Run for Cover records)
samedi 13 septembre 2025
Dégringoler, dégringoler, et dégringoler encore
Les propriétaires de la maison sont manifestement des fans de Buster Keaton. Nous l'avons regardé dévaler une colline, éviter une avalanche de rochers, essayer de mettre au lit sa femme ivre morte, échapper à une armée de flics, s'empêtrer dans les cordes d'un ring de boxe, essayer de mettre au lit sa femme ivre morte, se faire persécuter par tout un tas de types bien plus grands que lui, affectueux et choyé par une grosse vache marron, essayer de mettre au lit sa femme ivre morte. Nous avons vu Buster Keaton dégringoler, dégringoler, et dégringoler encore, nous avons vu le lit s'effondrer sous sa femme ivre morte, et nous avons ri, et ri encore, suffoquant, serrées l'une contre l'autre, telles deux désespérées tentant de se sauver l'une l'autre de la noyade.
Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ? (2020)
mardi 9 septembre 2025
In the American West
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| Bill Curry, vagabon (Oklahoma, 1980) |
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| Debbie McClendon, foraine (Wyoming, 1981) |
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| James Story, mineur (Colorado,1979) |
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| Roberto Lopez, ouvrier dans le pétrole (Texas,1980) |
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| Ruby Holden, prêteuse sur gages (Nevada, 1980) |
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| Tom Stroud, ouvrier dans le pétrole (Oklahoma, 1980) |
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| ?, travailleur immigré (Texas,1979) |
dimanche 7 septembre 2025
Il ne faut pas confondre
jeudi 4 septembre 2025
La discordance de toute relation
"Mais elle ne pouvait et ne voulait garder aucun espoir, car si en presque trente ans elle n'avait pas rencontré un homme, pas un seul, qui soit devenu inéluctable, quelqu'un de fort et qui lui apporte le mystère qu'elle attendait, pas un seul homme qui soit vraiment un homme et non un cas d'espèce, un paumé sans caractère ou un de ces êtres démunis dont le monde était plein, cela voulait dire que cet Homme Nouveau n'existait pas, on ne pouvait que se contenter d'amabilité et de gentillesse, du moins quelque temps. On ne pouvait pas faire plus, et l'homme et la femme avaient tout intérêt à garder leurs distances, à ne jamais avoir affaire ensemble, jusqu'à ce que chacun ait trouvé le moyen de sortir de la confusion, de la perturbation, de la discordance de toutes les relations. Alors, mais alors seulement, autre chose pourrait advenir, et ce serait puissant et mystérieux, et véritablement grand, et de nouveau chacun pourrait s'y soumettre."
mercredi 3 septembre 2025
Caméos
vendredi 29 août 2025
Portrait d'un artiste
lundi 25 août 2025
Cover girl
Vous connaissez peut-être cette photo. Il s'agit d'un des portraits du recueil de photograpies "In the American West" (1985) de Richard Avedon, celui retenu pour illustrer sa couverture. La fondation Henri-Cartier Bresson en célèbre aujourd'hui les 40 ans, via une exposition figurant tous les portraits. Beaucoup d'entre eux sont saisissants.
Parmi les écrits exposés, cette lettre du sujet (Sandra Bennett) au photographe, après avoir découvert le résultat.
Cher Richard Avedon,
J'ai eu une sacrée surprise il y a quelques semaines et je ne m'en suis toujours pas remise. Mais je pense que je peux me détendre un peu maintenant. Je n'arrivais pas à croire à cette photo, ça a été un vrai choc. Je n'ai pas compris ce que vous vouliez dire quand vous avez dit que j'étais une « cover girl » dans votre lettre et puis j'ai reçu le livre. Ça a été un vrai choc ! J'adore votre livre. Je pense que ça va être un succès.
Il s'est passé beaucoup de choses pour moi ces cinq dernières années. Je suis maintenant en dernière année de lycée et j'ai 18 ans. J'ai aussi beaucoup changé physiquement. Mais j'ai toujours mes taches de rousseur (elles ne partiront pas). Si vous avez vu le Denver Post, vous savez de quoi je parle. J'ai été vraiment surprise quand Dave m'a appelée pour me demander une interview. C'était génial. Merci de l'intérêt que vous me portez. Pour tout vous dire, ça m'a fait du bien. Merci aussi d'avoir apprécié ma photo au point de la mettre sur votre couverture. Je n'aurais jamais imaginé que cette journée à la foire serait à l'origine de tant de joie.
J'aimerais vous dire que je suis très heureuse dans ma vie. Je travaille très dur à l'école. Ma moyenne est de 3,89 et j'espère arriver à 3,9 ce semestre. Je travaille pour obtenir une bourse d'études à Fort Collins (CSU). Je compte me spécialiser en comptabilité. C'est barbant mais si on est bon, on peut gagner beaucoup d'argent. Je suis aussi déléguée adjointe de ma classe et membre de la Société Honorifique. La plus grande nouvelle de la journée est que vendredi (le 9/09), j'ai été couronnée reine du bal de mon lycée. J'étais trop contente !
Et puis l'article du Denver Post est sorti et j'étais encore plus excitée. C'est génial! Quoi d'autre ? Oh, j'ai aussi un petit ami. Il est en deuxième année à la fac, il travaille dans un golf et il est très gentil.
Je vous joins une photo de moi pour que vous soyez à jour. Dave ma dit que vous alliez à Rome le mois prochain pour tourner une pub pour Chanel n° 5. J'espère que votre voyage sera agréable.
Je vous remercie encore une fois pour votre incroyable enthousiasme. J'espère que votre livre aura du succès. Prenez soin de vous.
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Lettre de Sandra Bennett à Richard Avedon, vers 1985.
#Funfact : nous avons déjà parlé sur ce blog conjointement de Richard Avedon, Sandra Bennett et Sonic Youth (à propos de l'album Sister)
jeudi 14 août 2025
Un jour, tout ceci disparaît
Bien avant l'invention de FaceApp, je me souviens d'avoir entendu quelqu'un dire que tout le monde, dans sa jeunesse - disons vers la fin du lycée -, devrait être confronté à des images le montrant dans dix, vingt ou cinquante ans. Ainsi, avait ajouté cette personne, au moins serait-on préparé. Car la plupart des gens sont dans le déni au sujet du vieillissement, tout comme ils le sont au sujet de la mort. Ils ont beau le voir à l'œuvre autour d'eux, avoir des parents et des grands-parents parfois juste sous leur nez, ils ne l'intègrent pas, ils ne croient pas vraiment que cela leur arrivera aussi. Cela arrive aux autres, à tous les autres, mais pas à eux.
Pour ma part, j'ai toujours perçu cette inconscience comme une bénédiction. Une jeunesse lestée à l'avance du lot de tristesse et de douleur du vieillissement, je n'appellerais pas cela une jeunesse, en aucun cas.
[...]
Une femme âgée et autrefois superbe que je connais avançait cette réflexion sur le sujet : Dans notre culture, ce dont vous avez l'air est une part tellement importante de qui vous êtes et de comment les gens vous traitent. En particulier si vous êtes une femme. Au point que, si vous êtes belle, si vous êtes une belle femme ou une belle fille, vous vous habituez à un certain niveau d'attention de la part des autres. Vous vous habituez à l'admiration pas seulement de la part de votre entourage, mais de la part d'inconnus, de la part de presque tout le monde. Vous vous habituez aux compliments, à ce que les gens recherchent votre compagnie, veuillent vous faire des cadeaux, vous rendre des services. Vous vous habituez à susciter l'amour. Si vous êtes vraiment belle, et que vous n'êtes ni malade mentale, ni effroyablement prétentieuse, ni une abrutie finie, vous vous habituez tellement au succès, à l'amour, à l'admiration que vous finissez par penser que cela va de soi, vous ne vous rendez même plus compte que vous êtes privilégiée. Puis un jour, tout ceci disparaît. En réalité, cela se produit graduellement. Vous commencez à remarquer certaines choses. Les têtes ne se retournent plus sur votre passage, les gens que vous rencontrez ne se souviennent plus systématiquement de votre visage. Et cela devient votre nouvelle vie, votre étrange nouvelle vie: celle d'une personne ordinaire, indésirable, dotée d'un visage commun et parfaitement oubliable.
J'y songe parfois, dit la femme autrefois superbe, lorsque j'entends de jeunes femmes se plaindre du fait que, où qu'elles aillent, elles se font reluquer ou siffler par des types — toute cette attention grossière et malvenue. Et je comprends, dit-elle, car j'ai ressenti la même chose autrefois. Mais qu'on me présente celle de ces filles qui, dans quelques années s'écriera, Alléluia, enfin, je suis tellement heureuse que cela ne m'arrive plus jamais ! [...]
Je me souviens qu'[elle] avait ajouté : Passé un certain âge, c'était comme un mauvais rêve — l'un de ces cauchemars où, sans que vous sachiez pourquoi, plus personne dans votre entourage ne vous reconnaît. Les gens ne venaient plus vers moi, ne cherchaient plus à se lier d'amitié avec moi comme ils l'avaient toujours fait auparavant. Je n'avais jamais été obligée de me donner le moindre mal pour que les gens m'aiment et m'admirent. Soudainement j'étais timide, maladroite en société. Pire, je commençais à être paranoïaque. M'étais-je transformée, étais-je devenue l'un de ces êtres pathétiques, qui veulent à tout prix être aimés alors que chacun sait que ce sont précisément ces gens-là que personne n'aime jamais ?
[...] En réalité j'ai souvent le sentiment d'être morte, dit la femme autrefois superbe. Je suis morte depuis toutes ces années et je suis devenue le fantôme de moi-même. Je porte le deuil de cet être perdu depuis, et rien, pas même l'amour que j'ai pour mes enfants et mes petits-enfants, ne peut m'en consoler.
Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ? (2020)
mardi 5 août 2025
mercredi 2 juillet 2025
S'aimer et se pardonner de notre mieux
Il était inutile, dit l'homme, de nier la perspective de souffrances d'une magnitude immense, ou l'absence d'issue pour y échapper.
Comment, alors, devrions-nous vivre ?
La première chose que nous devrions nous demander, c'est devrions-nous continuer de faire des enfants ?
(Là, moment de flottement, celui dont je parlais plus haut: des murmures, des mouvements dans le public, ce rire nerveux de femme. Ce passage était, de plus, inédit. Le sujet des enfants n'avait pas été abordé dans l'article.)
Pour être bien clair, il ne suggérait pas que toutes les femmes enceintes aillent se faire avorter, précisa l'homme. Bien sûr que ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Ce qu'il disait, c'était que peut-être l'idée de fonder une famille, en cours depuis des générations, devait être repensée. Que peut-être c'était une mauvaise idée de donner naissance à des êtres humains dans un monde qui avait de grandes chances, au cours de leur vie, de devenir un lieu morose, terrifiant, sinon invivable. Il s'interrogeait simplement : n'est-il pas égoïste de continuer aveuglément de se comporter comme s'il n'y avait que peu de chances que le monde devienne ce lieu morose, voire immoral, cruel ?
Et, après tout, poursuivit-il, n'y avait-il pas dans le monde d'innombrables enfants en mal désespéré de protection face aux menaces existantes ? N'y avait-il pas des millions et des millions de gens souffrant déjà de différentes crises humanitaires, que des millions et des millions d'autres décidaient tout bonne-ment d'oublier ? Pourquoi ne pourrions-nous pas concentrer notre attention sur les douleurs grouillant déjà parmi nous ?
C'était là, sans doute, que résidait notre dernière chance de nous racheter, dit l'homme en élevant la voix. Le seul cap sensé et moral que puisse suivre une civilisation courant à sa perte : apprendre à demander pardon et réparer dans une très moindre mesure le mal dévastateur que nous avions causé à notre famille humaine, aux créatures qui nous entourent et à notre magnifique planète. S'aimer et se pardonner de notre mieux. Et apprendre à dire au revoir. [...]
La foule quittait les lieux dans une atmosphère maussade. Certains avaient l'air assommés.
Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ? (2020)
jeudi 26 juin 2025
I have a broken dream
lundi 16 juin 2025
vendredi 13 juin 2025
Insoutenable liberté
mercredi 11 juin 2025
Cela dépasse l'entendement
mardi 10 juin 2025
mercredi 4 juin 2025
La laideur la plus exquise
[...]
Dans le cadre de ma mission consistant à rassembler tous les documents de la décadence et de la dégénérescence de l'art ("alle Dokumente des Kunstniederganges und der Kunstentartung"), j'ai visité presque tous les musées allemands. [...] J'ai été profondément étonné de constater que certains de ces documents d'art en décomposition apportés ici à Munich étaient jusqu'à il y a quelques jours encore exposés. Les produits présentés ici ne sont qu’une partie de ceux encore disponibles dans les institutions susmentionnées. Des trains entiers n’auraient pas suffi à débarrasser les musées allemands de ces déchets ("Schund"). Cela devra pourtant être fait aussitôt que possible. C'est un péché et une honte que les institutions soient remplies de ce genre de choses et que les artistes allemands locaux et respectables aient peu ou pas d’occasions d’exposer dans tels lieux.
Je peux vous épargner la peine de vous raconter ici quelles ont été mes impressions lorsque j'ai découvert ces œuvres. J'espère que ce sont les mêmes que vous aurez au cours de votre visite.
On ne peut être qu'horrifié lorsqu'on voit comment le soldat allemand est ici sali, souillé ("bespuckt und besudelt"), ou lorsque dans d'autres œuvres ces porcs figurent la mère allemande en une putain en chaleur ou une femme bestiale avec une expression d'imbécillité. En somme, on peut dire que tout ce qui est sacré pour l'allemand honnête devait nécessairement être trainé dans la boue. Le temps me manque, chers compatriotes, pour vous exposer tous les crimes que ces individus - agissant par ordre de la juiverie mondiale ont commis contre l'art allemand. Le plus bas, le plus sale, voilà quels étaient leurs critères de valeur ("Niedrigstes und Gemeinstes waren hohe Begriffe"). La laideur la plus exquise est devenue l’idéal de beauté.
[...] ces formes d'expression [...] étaient présentées comme une affaire de personnes soi-disant cultivées, auxquelles le commun des mortels ne comprenait rien. Et il était malheureusement de bon ton, à l'époque bourgeoise, pour un certain nombre de citoyens qui avaient trop d'argent en poche, d'acheter ce genre de choses pour être modernes.
Le peuple allemand verra ici, comme dans tous les domaines de la vie, qu'il peut faire confiance sans hésitation à l'homme qui est aujourd'hui son chef et qui connaît la voie sur laquelle l'art allemand doit s'engager s'il veut accomplir sa grande mission d'annonciateur de l'être et de la nature allemands. Je déclare ouverte l'exposition « L'Art Dégénéré ». Peuple allemand, viens et juge par toi-même.


























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