Je citais pour la première fois le Discours de la Servitude Volontaire d'Etienne de la Boétie dans un article courant mars abordant "la fin du monde (tel que nous le connaissons)". En voici cette fois un extrait, que je me souviens avoir lu pour la première fois sur les murs d'une exposition (dont le thème m'échappe) au Grand Palais.
Rappelons que l'auteur s'attache à comprendre ce qui peut pousser un peuple (entier) à subir le joug d'un tyran (seul).
Voici un cas d'école (parmi d'autres)
Cette ruse des tyrans d’abêtir leurs sujets n’a jamais été plus évidente que dans la conduite de Cyrus envers les Lydiens, après qu’il se fut emparé de leur capitale et qu’il eut pris pour captif Crésus, ce roi si riche. On lui apporta la nouvelle que les habitants de Sardes s’étaient révoltés. Il les eut bientôt réduits à l’obéissance. Mais ne voulant pas saccager une aussi belle ville ni être obligé d’y tenir une armée pour la maîtriser, il s’avisa d’un expédient admirable pour s’en assurer la possession. Il y établit des bordels, des tavernes et des jeux publics, et publia une ordonnance qui obligeait les citoyens à s’y rendre. Il se trouva si bien de cette garnison que, par la suite, il n’eut plus à tirer l’épée contre les Lydiens. Ces misérables s’amusèrent à inventer toutes sortes de jeux si bien que, de leur nom même, les Latins formèrent le mot par lequel ils désignaient ce que nous appelons passe-temps, qu’ils nommaient Ludi, par corruption de Lydi.
Etienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire (1581)
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