jeudi 6 octobre 2011

Re-use, Reduce, Recycle

"Le fait que les Hébreux vivaient pour adorer Dieu, et que nous, nous vivons pour augmenter le produit national, ça ne découle ni de la nature, ni de l'économie, ni de la sexualité... Ce sont des positions imaginaires premières, fondamentales, qui donnent un sens à la vie"
(*)

C'est en regardant le documentaire "Prêt à jeter" dont je faisais écho en février dernier, que j'ai fait la connaissance de Serge Latouche, économiste, professeur et penseur de la décroissance. J'ai depuis lu certains de ses écrits, sans pour autant trouver comment les aborder sur ce blog.
Entre mes mains, aujourd'hui, "le pari de la décroissance".

Pour être convaincu, on pourrait presque ce contenter d'un constat trivial pour certains, ou d'une prise de conscience pour d'autres, sur le mode "Hé ho, une croissance infinie dans un monde aux ressources finies, c'est pas possible..!"
(le premier qui objecte qu'il existe des croissances asymptotiques sort).

Quand nous aurons tout avalé
Tout consommé, tout consumé
Quand nous aurons tout englouti
Comme des fourmis sur un fruit
Il ne restera que nos corps
Nous commencerons par les pieds
puis nous mangerons notre main
Et nous garderons l'autre pour demain
(**)

Mais il n'y a pas que ça.
"Même et surtout si une croissance infinie était possible, ce serait à nos yeux une raison de plus pour la refuser pour pouvoir rester simplement humains. [...] Notre combat est avant tout un combat de valeurs. Nous refusons cette société de travail et de consommation dans la monstruosité de son ordinaire et pas seulement dans ses excès."
(***)

On peut effectivement relever que
"la société de croissance n'est pas souhaitable pour au moins trois raisons : elle engendre une montée des inégalités et des injustices, elle crée un bien-être largement illusoire, elle ne suscite pas pour les 'nantis' eux-même une société conviviale mais une 'antisociété' malade de sa richesse."

Alors évidemment, dans cet ouvrage, beaucoup de choses sont discutées, la pertinence du PIB comme indicateur tout puissant (et sa totale décorrélation avec la notion de bien-être), la démographie, les rapports Nord-Sud, les exemples absurdes liés aux transports de marchandises à travers la planète, etc... Plutôt que de tout vouloir aborder et résumer, et pour clore la série de billets découlant de ce livre, je reproduis donc les quelques propositions concrètes qui sont formulées par l'auteur. Elles pourront servir de base de réflexion à chacun.

Des mesures très simples et presque anodines en apparence sont susceptibles d'enclencher les cercles vertueux de la décroissance [sans préjudice d'ailleurs pour d'autres mesures de salubrité publique comme la taxation des transactions financières (...)] Le programme de transition peut tenir en quelques points tirant les conséquences de "bon sens" du diagnostic formulé. Par exemple:
1) Retrouver une empreinte écologique égale à inférieure à une planète, c'est-à-dire une production matérielle équivalent à celle des années 60-70.
2) Internaliser les coûts de transport
3) Relocaliser les activités
4) Restaurer l'agriculture paysanne
5) Transformer les gains de productivité en réduction du temps de travail et en création d'emplois, tant qu'il y a du chômage
6) impulser la "production" de biens relationnels
7) Réduire le gaspillage d'énergie d'un facteur 4
8) Pénaliser fortement les dépenses de publicité
9) Décréter un moratoire sur l'innovation technologique, faire un bilan sérieux et réorienter la recherche scientifique et technique en fonction des aspirations nouvelles.

le pari de la décroissance, Serge Latouche (2006)

(*) Cornelius Castoriadis
(**) Jérôme Minière, des pieds et des mains
(***) Paul Ariès

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