Derniers extraits d'Un Homme qui Dort, un livre que j'aurais aimé écrire, et dont chaque page est empreinte d'une force saisissante.
A lire donc, si le cheminement psychologique reliant les différents états décrits dans les trois extraits cités suscite votre curiosité.
Le jeu est fini, la grande fête, l'ivresse fallacieuse de la vie suspendue. Le monde n'a pas bougé et tu n'as pas changé. L'indifférence ne t'a pas rendu différent.
Tu n'es pas mort. Tu n'es pas devenu fou.
[...]
Le temps, qui veille à tout, a donné la solution malgré toi.
Le temps, qui connaît la réponse, a continué de couler.
C'est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tout recommence, que tout commence, que tout continue. [...]
Non. Tu n'es plus le maître anonyme du monde, celui sur qui l'histoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait pas la pluie tomber, qui ne voyait pas la nuit venir. Tu n'es plus l'inaccessible, le limpide, le transparent. Tu as peur, tu attends. Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber.
George Perec, Un homme qui dort (1967)
Note: Toutes les images utilisées en guise d'illustration sont extraites du film du même nom (et du même auteur)