(ce groupe américain qui s'est fait une spécialité des vidéos virales. Ici, d'ailleurs, une capture d'écran de leur dernier clip, ambiance Stop Motion)
Notez que tous les trois sont un peu frappés quand même..
Le gouffre me parut encore plus profond que dans mon souvenir. Je fourrai la lampe électrique dans ma poche et commençai à descendre. Les échelons étaient humides, comme la dernière fois, et, si je ne faisais pas attention, je risquais de faire un faux pas. Tout en descendant, je pensais à la musique de Duran Duran, et au couple de la Skyline Nissan. Ils ne savaient rien de la vie, ces deux-là. Moi j'étais en train de descendre au fond des ténèbres avec une lampe de poche et un grand couteau, en essayant de supporter ma douleur au ventre. Et eux, tout ce qu'ils avaient en tête, c'était les chiffres du compteur de vitesse, un avant-goût de sexe, des souvenirs, des chansons de variété insipides qui montaient ou descendaient au hit parade. Evidemment, je ne pouvais pas leur reprocher ça, mais ils ne savaient pas, c'est tout.
Moi-même, si je n'avais rien su, je m'en serais tiré en évitant ce genre de singeries. J'essayais de m'imaginer, moi, au volant de la Skyline, avec la femme à côté de moi, écoutant Duran Duran tout en traversant à toute allure la ville dans la nuit. Je me demandais si cette fille enlevait les deux fins bracelet d'argent qu'elle avait au poignet gauche quand elle faisait l'amour. Ce serait mieux qu'elle ne les enlève pas, pensai-je. Même entièrement déshabillé, elle devait garder ces deux bracelets au poignet comme s'ils faisaient parti de son corps.
Les deux mains posées sur le volant, en attendant que le feu passe au vert, je bâillai très fort. Juste devant ma voiture était arrêté un énorme camion chargé de liasses de papier empilées jusqu'au ciel sur sa plate-forme. Sur ma droite se trouvait un jeune couple dans une Skyline modèle sport. Je ne sais s'ils étaient en route pour une virée nocturne ou en revenaient, mais ils avaient l'air de s'ennuyer passablement. La femme, dont le bras gauche, chargé de deux bracelets en argent, était appuyé à la fenêtre, jeta un coup d'oeil dans ma direction. Ce n'est pas que je l'intéressais particulièrement, mais, comme elle n'avait strictement rien d'autre à regarder, elle me regardait, moi. Pour elle c'était pareil: l'enseigne Chez Denise, les panneaux de circulation, ou ma tête. Je lui rendis son regard. Elle était plutôt belle, mais d'un genre de beauté qu'on trouve partout. Je l'aurais bien vue par exemple jouer le rôle de la meilleure amie de l'héroïne dans un feuilleton télé, celle qui va boire un thé dans un troquet avec elle, et lui dit: "Qu'est-ce qui se passe, ma chérie, tu n'as pas l'air en forme ces temps-ci". Elle n'apparaît généralement qu'une seule fois et, dès que son visage a disparu de l'écran, on oublie complètement à quoi elle ressemblait. Le feu passa au vert et, pendant que le camion devant moi redémarrait péniblement, la Skyline blanche disparut de ma vue en même temps que la musique de Duran Duran que diffusait la stéréo, en soulevant un nuage de gaz d'échappement.
Rien n'est plus pareil
Tout s'est effacé
Le goût du sucre
N'est plus le même
Les saveurs amères
Plus familières
Mais rien n'est plus pareil
Tout s'est dispersé
Les mystères de nos flemmes
Les ruptures de nos chaînes
Un but, un seul, se présentait aux yeux de Siddharta: vider son coeur de tout son contenu, ne plus avoir d'inspiration, de désirs, de rêves, de joies, de souffrances, plus rien. Il voulait mourir à lui-même, ne plus être soi, chercher la paix dans le vide de l'âme, ouvrir la porte au miracle qu'il attendait. "Quand le moi sous toutes ses formes sera vaincu et mort, se disait-il, quand toutes les passions et toutes les tentations qui viennent du coeur se seront tues, alors se produira le grand prodige, le réveil de l'Etre intérieur et mystérieux qui vit en moi et qui ne sera plus moi."
- Est-ce que le fleuve t'a aussi initié à ce mystère: que le temps n'existe pas?
- Oui, Siddharta, lui répondit-il. Tu veux dire sans doute que le fleuve est partout simultanément: à sa source et à son embouchure, à la cataracte, au bac, au rapide, dans la mer, à la montagne: partout en même temps, et qu'il n'y a pas pour lui la moindre parcelle de passé ou la plus petite idée d'avenir, mais seulement le présent?
- C'est cela, dit Siddharta. Et quand j'eus appris cela, je jetai un coup d'oeil sur ma vie, et elle m'apparut aussi come un fleuve, et je vis que Siddharta petit garçon n'était séparé de Siddharta homme et de Siddharta vieillard par rien de réel, mais seulement par des ombres. Les naissances passées de Siddharta n'étaient pas plus le passé que sa mort et son retour à Brahma ne seront l'avenir. Rien ne fut, rien ne sera; tout est, tout a sa vie et appartient au présent.
Siddharta parlait avec enthousiasme, car la lumière qui s'était faite en lui le comblait de joie. Oh! toute souffrance n'était-elle donc pas dans le temps, toute torture de soi-même, toute crainte, n'étaient-elles pas aussi dans le temps? Est-ce que tout ce qui dans le monde pesait sur nous ou nous était hostile ne disparaissait pas et ne surmontait pas dès qu'on avait vaincu le temps, dès que par la pensée, on pouvait faire abstraction du temps?
On aime son naturel et sa personnalité décalée, on aime sa voix, accompagnée à la guitare ou à la batterie. On aime ses chansons à vif, son regard, on aime la voir sourire, avec ou sans sa perruque blonde. On aime Emma Louise Scout Niblett…
we're all gonna die
we're all gonna die
we're all gonna die
we're all gonna die
we don't know when
we don't know how
we're all gonna die
we're all gonna die
and your beat kicks back like death
Patrick Le Lay avait rai… Non, on n’y arrivera pas. Patrick Le Lay avait raiso… c’est dur : Patrick Le Lay avait raison. Patrick Le Lay est un visionnaire. Patrick Le Lay est un menhir de la pensée. Combien de fois Libération s’est-il gaussé de l’ex-phare de TF1 dénonçant en 2001 les « sous-produits pornographiques » de M6, en l’espèce Loft Story qui rétamait les audiences de la Une ? Combien de fois daubâmes-nous sur l’incongruité d’une telle leçon de morale délivrée par le père de la télé trash ? Quinze fois, exactement, ce qui est beaucoup. Et totalement injuste depuis le 20 mai que la télé-réalité Dilemme a démarré sur W9, la filiale de M6. Là, d’accord. Sous-produit, ouais, et aussi pornographique, c’est sûr. Au point que le CSA vient de se réveiller d’un profond coma pour administrer à W9 une « mise en demeure » de respecter « la dignité humaine ». En l’occurrence, celle d’Ophélie qui, dans Dilemme, a dû faire le chien, laisse et gamelle incluses, contre quelques euros. En même temps, comme l’a dit Samir à Ophélie : le collier de chien « au moins, c’est accordé à ton soutchif. C’est le point positchif ». Et puis il s’en passe d’autres, dans Dilemme, de quoi adresser à Nicolas de Tavernost, patron du groupe M6, une « mise en cabane ». Alors hurlons avec les loups : houuuu que c’est laid toute cette jeunesse débauchée déguisée en saucisson (on vous expliquera). Sauf que la gargotière du concept Alexia Laroche-Joubert s’en tamponne le coquillard :« Dilemme, c’est la télé-réalité qui assume tout. » Tout ? Même pas cap.