lundi 5 mars 2012

Read my lips


Quand je vois le visage de l'actrice Xu Feng (à la faveur de la rétrospective King Hu le mois dernier à la Cinémathèque), je comprends qu'on puisse faire une fixation sur une bouche, voire sur une lèvre, comme Tolstoï avec l'un de ses personnages dans "La Guerre et la Paix".


La jeune princesse Bolkonsky avait apporté son ouvrage dans un sac de velours brodé d’or. Sa lèvre supérieure, une ravissante petite lèvre, ombragée d’un fin duvet, ne parvenait jamais à rejoindre la lèvre inférieure ; mais, malgré l’effort visible qu’elle faisait pour s’abaisser ou se relever, elle n’en était que plus gracieuse, malgré ce léger défaut tout personnel et original, privilège des femmes véritablement attrayantes, car cette bouche à demi ouverte lui prêtait un charme de plus. Chacun admirait cette jeune femme, pleine de vie et de santé, qui, à la veille d’être mère, portait si légèrement son fardeau.

La guerre et la Paix, Léon Tolstoï (1865-1869)


Désolé pour la faible qualité des images, il n'y a, à mon grand désespoir, que peu d'images sur internet de ce fabuleux film...

2 commentaires:

  1. Gui AndTheJellyfish22 mai 2012 à 21:01

    De la caractérisation d'un personnage à l'aide d'un simple détail physique : une lèvre inférieure, un grain de beauté.
    Focalisation, parcellisation... Ça me fait penser à la "description" d'Haydée par Rohmer dans La Collectionneuse.
    Sinon tu aimes bien le rôle du narrateur tantôt omniscient, tantôt dubitatif ("visiblement", "certainement") ?

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  2. Je n'y ai pas vraiment fait attention..! Par contre, les digressions de Tostoï sur l'Histoire (surtout dans le dernier quart du livre) auraient à mon sens pu être plus concises (et moins redondantes)

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