Près d'une ville nouvelle, dernière gare de la ligne
loin, si loin de paris
dans une maison légère, au bord d'une voie rapide
dans un lotissement
dans une vie légère, légèrement vide
en voie d'achèvement
Ta porte en claquant fait un bruit de bricolage
C'est un endroit silencieux
aux couleurs de village
avec ses rues au nom délicieux
sous un ciel très blanc
par dessus ces pylônes, en bordure d'un champ
Plus loin, des pelouses, espaces herbeux
délaissés, déjà sales,
des immeubles en verre, des tours
Les gens vivent là plus nombreux
comme sur une autre planète
jamais personne de toute manière
ne s'imaginera un jour
devoir être heureux
Tu manges toute seule, le soir, au restaurant
et tu n'as même pas trente-cinq ans
tu n'as pas de famille ici
tu n'as pas d'amis
tu n'as plus que des collègues
tu t'accroches aux personnages des séries
tu connais leur prénom, leur visage,
et tu leur donnes tes weekends
Et ton existence doucement se dissout
dans ces espaces trop vastes et trop mal pensés
tu te sens flotter, dans la foule, hagarde
le dimanche, le samedi soir, au supermarché
et plus la foule est nombreuse
et plus tu te sens seule, désertée
Et tu restes là, sans plus de gestes, sans parole
prête à tout, sans rien faire
à vivre comme vaguement
à vivre comme tout un chacun
à vivre comme tout naturellement
sans l'idée que revienne un jour
l'envie d'avoir un destin,
une vie
plutôt que des vacances
Dans ces déjà très vieilles villes nouvelles
peuplées de vies en ruine
et d'espoirs se ruinant
tu écoutes de l'utre côté du mur
quelqu'un se tourner en dormant
Plus rien que des regards vides
devant des caddies pleins
dans des voitures neuves
au fond de parking
dans ce monde d'embouteillage
en journée désert
ces contre-allées, lieux de vie, rond-points
ces aires de repos
où tu te vois de plus en plus souvent
dans un vertige de nausée
dormir, tomber d'un sommeil transparent
Et tu ne rêves plus jamais
que de ce que tu pourrais peut-être un jour t'acheter
tu ne crois plus à rien vraiment
Rien ne vaut le bonheur après t'être fait bousculer
de trouver ta place dans le métro bondé
t'assoir, fermer les yeux
et reposer tes pieds
Ville nouvelle (2012)
Texte de Pascal Bouaziz, Musique Michel Cloup / Patrice Cartier
Contraintes : 1 voix, 1 guitare dans les conditions du live / Un texte chacun mis en musique et accompagné par l’autre.
A écouter / acheter (3€) sur Bandcamp
Désolé de plomber l'ambiance. Mais c'est un grand texte. Et puis, certains seront ravis de savoir que le nouvel album de Mendelson est annoncé pour le printemps prochain, sur le label Ici d'ailleurs. Il pourrait prendre cette forme :
Un triptyque : 3 albums, 11 titres en tout.
Titres probables des albums ?
La Force quotidienne
Les Heures
Le chemin
Je ne vous mets pas le "teaser" youtube (parce que je n'aime pas les teasers d'albums), mais vous le trouverez bien soit sur le site du label, soit sur mendelson.free.fr