samedi 13 septembre 2008

La honte

J'avais déjà vu Mendelson à deux reprises cette année, il n'empêche que le concert d'hier au Point FMR fut un très bon moment. C'était "Mendelson & Friends", soit au final une formation guitare, guitare, batterie, trombone + projections vidéos. Le concert a débuté à 22h et des brouettes, histoire sans doute de laisser le temps aux spectateurs de Tortoise de rallier le canal St Martin... Courte intro cuivrée, puis petit speech de Pascal Bouaziz, en mode pince-sans-rire: vraiment drôle. Avant que ça commence pour de vrai, il lance un salut au public, "qui ne doit pas aller très bien, puisqu'il écoute Mendelson".
Je retiens les versions de Pinto, Monsieur, Bientôt niveau zéro, Le monde disparaît, l'ardêche, et La honte (morceau sur le thème de la 'transmission' d'un père à son fils, dont je reproduis ici les paroles).

Si tout se passe bien, vous pourrez écouter tout ça à la radio.


La honte, ça vous possède plus que l'odeur sous vos aisselles, y a pas de traitement pour ça, y a pas de remède, y a pas de déodorant. Quand ma femme m'a quitté, que je lui ai demandé un peu d'argent, mon père m'a dit qu'il était tellement désolé, mais qu'il pourrait pas, même en le voulant. Ma mère a fait du café, je la voyais remuer la tête, parler toute seule dans la cuisine, depuis l'ombre dans l'entrée. Je suis resté dormir pendant un an. La bohème... c'est joli comme mot. Il y a d'autres mots moins poésie. La honte, elle est là tout le temps, elle est même là pendant le sommeil, elle est là sans qu'on y pense, même, elle est là même en jouissant. Même en jouissant. Et je vois mon fils maintenant et je sais qu'il sera pareil. Il me regarde comme si c'était sa faute, comme si quelque part il était responsable comme si c'était vraiment pas de veine pour nous qu'il soit là à table. Je le vois qu'il a honte de lui-même, et je le vois qu'il a honte pour sa mère, et je le vois qu'il a honte pour moi, mais ça a jamais servi a personne que je le vois. Quand je viens les voir les dimanches, sa mère lui dit de reprendre, il dit qu'il n'a plus faim, je reprends une bière, elle fume, il essaye de sourire à sa maman, il quitte plus la table, il ose rien. On reste là lui, elle et moi, on voit la nuit qui tombe entre temps sur les restes du repas. Je leur dis qu'il faut me faire confiance, comme ça pour voir dans le silence si à force je me croirais moi-même. Je le regarde et je vois qu'il a confiance et ça me tue qu'il ait confiance en moi. Je le vois bien que c'est mon fils, je le vois bien que je suis pas fier; je le regarde en biais et je me dis que j'ai jamais aimé les dimanches, et les lundis non plus et pas non plus moi-même, et pas plus les jours d'hiver et pas plus le printemps.

Mendelson - La honte
Personne ne le fera pour nous (Rec Son, 2007)
www.myspace.com/mendelsonlegroupe

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