Cette nuit, alors que rien ne m'y prédisposait, j'ai rêvé que j'étais sur le point d'assister à un concert de Fauve (souvenez-vous). Et j'étais totalement excité à l'idée d'entendre des morceaux inédits (avec l'espoir de revivre une découverte équivalente à celle de "Jennifer", qui, soit dit en passant, aura tout de même mis près de trois ans à être pressé sur disque).
Ce rêve m'a immédiatement renvoyé à une époque, stimulante par l'arrivée de ce groupe prometteur d'une part, et moins oppressante d'autre part : l'avènement de la post-vérité n'avait pas eu lieu, anticapitalisme et écologisme pouvaient se contenter de n'être que des "opinions", pas encore la réponse vitale à des enjeux existentiels. Dans ses paroles, Fauve adressait des problématiques individuelles rencontrées par des jeunes adultes (plutôt hommes) : s'estimer, se trouver, trouver sa place dans la société et se confronter à ses attentes (travail, vie amoureuse). La réponse étant que c'est ok d'être imparfait, et les auditeurs se trouvaient compris, reconnus, acceptés, soutenus et encouragés.
Ce qui n'est pas mince.
Depuis le COVID, et avec les menaces écologiques et géopolitiques actuelles, on parle aujourd'hui beaucoup de la détérioration de la santé mentale des jeunes. Alors, pour contrer ce contexte anxiogène global, j'en appelle à la reformation de Fauve! (ou à l'apparition d'un nouveau "fauve", pourquoi pas d'ailleurs au féminin)!
On a parfois le cœur soulevé par la sauvagerie du monde
On est écoeuré par la montée de nouvelles tyrannies
La raffinement des anciennes
Par les mensonges
L'odeur du fumier dans les villes et l'horreur qui pèse sur tous nos lendemains
On s'engloutit alors dans un sombre désespoir
On a peur, on a honte
Et on est triste d'être humain
On réclame en pleurant une naissance nouvelle
Ou du moins l'admission par baptême dans une nouvelle confrérie
Mais on redoute de ne pouvoir obtenir ni l'une, ni l'autre
Que le monde refuse de s'arrêter pour nous
Et qu'on ne p[uisse] que le quitter d'un bond
Pour plonger dans une douteuse éternité
Notre foyer lui-même nous semble hostile
Comme si tous les talismans qui définissaient notre identité
S'étaient retournés contre nous
On se sent déchirés
Mis en pièces et en morceaux
On comprend alors avec terreur
Que si on ne peut pas s'asseoir pour réunir ces morceaux
Et les assembler à nouveau
On va devenir fou...
Mais parfois se produit pourtant une manière d'événements mystérieux et éblouissants
Qu'on contemple encore longtemps après
Avec un émerveillement mêlé du respect qu'impose le sacré
Fauve - Tunnel
Vieux frères Part.1 (2014)

Je vote pour un Fauve au féminin ou même sans identité de genre,
RépondreSupprimerde mon côté quel plaisir de te relire c'est déjà retrouver le goût de ces années début 201x!
à bientôt j'espère
Merci pour ce message encourageant !
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