mardi 20 janvier 2015

Esthétique de l'Alpinisme

"Les Ascensions" est la somme de deux documentaires de Werner Herzog, ressortis en salle en décembre dernier. Le premier a été tourné en 1976 et nous emmène en Guadeloupe, à Basse-Terre, ville désertée, évacuée en raison de l'éruption imminente de La Souffrière. Le second - "Gasherbrum, la montagne lumineuse" - se déroule en 1984 et dans un tout autre décor, puisqu'on y parle alpinisme dans la chaîne de l'Himalaya. Reinhold Messner et Hans Kammerlander s'apprêtent à tenter l'exploit alors inédit d'enchaîner l'ascension de deux "8000" d'affilée (càd sans revenir au camp de base).

Dans ce film, c'est moins la performance qui intéresse le réalisateur que les raisons qui peuvent pousser des hommes à se confronter à de telles difficultés. Le film pourrait d'ailleurs tout à fait être sous-titré "Métaphysique et Esthétique de l'alpinisme".

S'il recèle des séquences visuellement marquantes (le récit d'une disparition ; le plan hallucinant et interminable illustrant la distance restant aux deux hommes à parcourir avant d'atteindre leur premier sommet), il contient également de belles réflexions, formulées par un Reinhold Messner des plus charismatiques.


[En grimpant], j'ai le sentiment de dessiner sur ces grandes parois (hautes de trois à quatre mille mètres), comme le fait une institutrice lorsqu'elle trace des lignes avec une craie sur le tableau noir. Ces lignes ne sont pas qu'une vue de l'esprit, je les vis. J'ai aussi le sentiment qu'elles sont durables. Même si je suis le seul à les voir, à les sentir [...] et qu'elles sont invisibles aux yeux des autres, elles sont pourtant là, et demeureront pour toujours.

[traduit de l'allemand par mes soins, hum]

Werner Herzog, Gasherbrum - Der leuchtende Berg (1985)

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