samedi 29 juin 2013
vendredi 28 juin 2013
Lève la tête
Dans la ruelle, les arbres, le soleil,
Il regarde quelque chose de rectangulaire
Qui dans sa main émet de la lumière
Aux abords d'une école, les oiseaux, les enfants, une farandole
En attendant, elle écoute quelque chose de rectangulaire
Qui dans sa main émet de la lumière
Des gens sur la place, un soir,
L'ivresse d'être là, ensemble,
Ils écoutent et regardent, ils se parlent, solitaires
Dans quelque chose de rectangulaire
Dans une salle obscure, un spectacle de musique
On reconnait le public qui écoute et regarde non pas la scène authentique
Mais quelque chose de spectaculaire
Dans quelque chose de rectangulaire
Celui qui donnait le spectacle,
Abandonne le combat de guerre lasse
S'oublie lui aussi dans son quelque chose de rectangulaire
Il y voit celle qu'il aime
Elle fait l'amour dans son quelque chose de rectangulaire
Qui l'envoie en l'air
En silence le ciel est magnifique,
Qui lui aussi dégage une clarté hypnotique
Et ne possède aucun rebord, aucune limite
Lève la tête au lieu de t'oublier
Dans quelque chose de rectangulaire
Jérôme Minière, Quelque chose de rectangulaire
Jérôme Minière danse avec Herri Kopter (La tribu, 2013)
mercredi 26 juin 2013
Avant Kant, nous étions DANS le temps. Maintenant, c'est le temps qui est en nous
Bon, alors évidemment, ça n'est pas la scène visuellement la plus impressionnante du film "Chronicle" (à base d'ados, qui font un peu n'importe quoi de supers pouvoirs nouvellement acquis).
Le film est plaisant, et pour ne rien gâcher, on y parle de Schopenhauer (et Platon). Schopenhauer est un philosophe allemand du XIXème siècle, que je m'en vais aborder dans les semaines à venir sur Arise Therefore. Son ouvrage principal "Le Monde comme Volonté et Représentation" prendra le relai dans ces colonnes de la lecture distrayante / dépaysante et haletante qu'était Salammbô.
Le film est plaisant, et pour ne rien gâcher, on y parle de Schopenhauer (et Platon). Schopenhauer est un philosophe allemand du XIXème siècle, que je m'en vais aborder dans les semaines à venir sur Arise Therefore. Son ouvrage principal "Le Monde comme Volonté et Représentation" prendra le relai dans ces colonnes de la lecture distrayante / dépaysante et haletante qu'était Salammbô.
Etant donné que ma dernière lecture philosophique était l'oeuvre de Kant, je me suis livré à une petite révision en attaquant par la friandise que constitue la "Critique de la Philosophie Kantienne". Bénéficier d'une master class de Schopenhauer, c'est quand même précieux. D'autant que former une analyse critique d'une philosophie n'est pas intellectuellement donné à tout le monde.
Avant de décortiquer et mettre en lumière les erreurs de celui qu'il considère comme un esprit supérieur (*), Schopenhauer prend le temps d'exposer "la pensée fondamentale qui constitue le dessein de toute la Critique de la raison pure", à savoir la distinction du phénomène et de la chose en soi (puisqu'entre les choses et nous, se trouve toujours l'intellect).
Kant montra que les lois qui, avec une nécessité infrangible, règnent dans l'existence, c'est-à-dire dans l'expérience en général, ne doivent pas être appliquées pour déduire et expliquer l'EXISTENCE ELLE-MÊME, et que leur validité n'est donc que relative, c'est-à-dire qu'elle ne commence qu'après que l'existence (le monde de l'expérience en général) a déjà été posée et qu'elle est déjà présente ; que, par conséquent, ces lois ne peuvent nous servir de fil conducteur quand nous en venons à l'explication du monde et de nous mêmes. Toutes les philosophies occidentales antérieures avaient cru, à tort, que ces lois, qui lient entre eux les phénomènes et qui toutes (temps, espace aussi bien que causalité et syllogisme) ont été groupées par moi sous l'expression de «principe de raison», étaient des lois absolues que rien ne conditionnait, des aeternae veritates [vérités éternelles]. Ils ont cru que le monde lui-même n'existait qu’en conséquence de ces lois et en conformité avec elles et que toute l'énigme du monde devait donc pouvoir être résolue en suivant leur fil conducteur. Les hypothèses faites dans ce but, que Kant critique sous le nom d'idées de la raison, ne servaient à vrai dire qu'à élever au rang de réalité unique et suprême le simple phénomène, [...] le monde des apparences de Platon, et ce, afin de le substituer à 1'essence intime et véritable, et de rendre impossible la vraie connaissance de cette dernière, c'est-à-dire, en un mot, pour plonger les rêveurs dans un sommeil encore plus profond. Kant montra que ces lois, et par suite le monde lui-même, sont conditionnés par le mode de connaissance du sujet. D'où il découlait qu'aussi longtemps que l'on continuerait à faire des recherches et des déductions au fil directeur de ces lois, on ne ferait aucun pas en avant dans la question capitale, à savoir dans la connaissance de l'essence du monde tel qu'il est en soi et sans représentation, mais on tournerait comme l’écureuil dans sa roue.
En gros, si je résume :
Les principes fondamentaux (temps, espace, causalité, syllogisme) ne sont que des formes de notre intellect : "Avant Kant, nous étions DANS le temps. Maintenant, c'est le temps qui est en nous". Par conséquent, ces principes ne s'applique qu'à nos représentations des choses (phénomènes), mais en aucun cas à la chose en soi. Toute métaphysique (qui est la science de ce qui se trouve au-delà de la possibilité de toute expérience) est donc impossible.
Les principes fondamentaux (temps, espace, causalité, syllogisme) ne sont que des formes de notre intellect : "Avant Kant, nous étions DANS le temps. Maintenant, c'est le temps qui est en nous". Par conséquent, ces principes ne s'applique qu'à nos représentations des choses (phénomènes), mais en aucun cas à la chose en soi. Toute métaphysique (qui est la science de ce qui se trouve au-delà de la possibilité de toute expérience) est donc impossible.
(*) En épigraphe de la Critique : "C'est le privilège du vrai génie, et surtout du génie qui ouvre une carrière, de faire impunément de grandes fautes" (Voltaire)
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et Représentation (1819)
Chronicle, Josh Trank (2012)
vendredi 21 juin 2013
Free your mind
Tout le monde a écouté le dernier Daft Punk? Peut-être même êtes-vous revenus de l'effet de saturation qui a accompagné la sortie de l'album? Mon voisin du dessus a arrêté d'écouter "Get Lucky" tous les samedis à 10h, donc je me dis que ça retombe.
Et qu'on peut se concentrer sur les morceaux plus longs et intéressants de l'album. Notamment celui donnant la parole à Giorgio Moroder.
When I was fifteen, sixteen, when I really started to play the guitar, I definitely wanted to become a musician. It was almost impossible, because the dream was so big, that I didn't see any chance... because I was living in a little town, I was studying... and when I finally broke away from school and became a musician, I thought, "Well, now I may have a little bit of a chance". Because all I really wanted to do is music – and not only play music, but compose music.
At that time, in Germany, in '69-'70, they had already discotheques. So, I would take my car, would go to a discotheque and sing maybe thirty minutes. I had about seven, eight songs. I would partially sleep in the car because I didn't want to drive home, and that help me for about almost two years to survive in the beginning.
I wanted to do a album with the sounds of the '50s, the sounds of the '60s, of the '70s and then have a sound of the future. And I said, "Wait a second...I know the synthesizer – why don't I use the synthesizer which is the sound of the future?" And I didn't have any idea what to do, but I knew I needed a click, so we put a click on the 24-track which then was synched to the Moog modular. I knew that it could be a sound of the future, but I didn't realise how much the impact would be.
My name is Giovanni Giorgio, but everybody calls me Giorgio.
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Once you free your mind about a concept of harmony and music being correct, you can do whatever you want. So, nobody told me what to do, and there was no preconception of what to do.
Daft Punk, Giorgio by Moroder
Random Access Memories (Columbia, 2013)
Dans une interview aux Inrockuptibles, Giorgio Moroder raconte :
Un jour, nous avons déjeuné ensemble dans leur studio, magnifique d’ailleurs, et Thomas et Guy-Man m’ont dit qu’ils avaient une idée mais n’osaient pas encore la formuler. Quelques mois plus tard, nous nous sommes revus à Paris et ils m’ont avoué ce qu’ils attendaient de moi : que je leur raconte ma vie… (rires) “Si c’est tout ce qui vous fait plaisir, je peux le faire facilement !” J’ai donc parlé de ma vie pendant trois heures. [...]
Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’ils allaient faire de notre enregistrement. Je suis allé à leur studio et ils ont joué la chanson, j’étais estomaqué. Ils ont fait un boulot incroyable, c’est vraiment devenu une BO… Onze minutes d’art pur. J’étais au bord des larmes, surtout quand je commence à parler de mes 15 ans, c’est très émouvant… Pour l’enregistrement, ils avaient placé dans la pièce trois micros : un des années 50, pour capturer mes histoires de jeunesse, un des années 70, pour raconter la période I Feel Love, et un troisième, très récent, pour évoquer le futur ! J’ai dit à l’ingénieur du son : “Mais personne ne va remarquer la différence !” Il m’a répondu : “Tu as raison, personne. Sauf eux deux.”
mercredi 19 juin 2013
Se souvenir / Oublier
Shokuzai, Kiyoshi Kurosawa (2012)
Diffusée au Japon début 2012 sous la forme d'une mini-série de 5 épisodes, Shokuzai nous parvient en France au cinéma en 2 volets, à l'affiche ces jours-ci.
Si vous aimez K.Kurosawa (comme moi) ou les films japonais (comme moi), foncez. Le film ayant toutefois des faiblesses, si vous souhaitez découvrir ce réalisateur, préférez Cure, Tokyo Sonata, Kairo, Seance ou Retribution (perso, je n'aime pas trop Jellyfish ou Charisma).
lundi 17 juin 2013
Quelque part à Marseille
Marseille, ses côtes, son MuCEM (réussite architecturale que vous ne voyez ici que de l'intérieur)...
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A chaque fois que je pars en vacances et que je suis confronté à des pans entiers de cartes postales, je me demande pourquoi personne n'a jamais eu l'idée d'en éditer de BELLES. Pourquoi doit-on forcément se contenter d'une lumière quelconque, de couleurs saturées, et de montages Photoshop douteux?
Plus étonnant (sur un plan commerce/marketing), pourquoi personne n'a encore créé de ligne de cartes postales avec des filtres façon Instagram?
Instagram existe depuis 2010, d'autres logiciels de traitement automatique d'images sont même plus anciens (mon premier Poladroid dans ces colonnes date de 2009), et vu l'utilisation massive de telles applications, leur rendu est en passe de devenir "mainstream".
Opportunité à saisir, avant que le courant #nofilter ne regagne du terrain...
dimanche 9 juin 2013
15 ans
Les 15 ans de Radio Campus Paris, c'est fini. 15 jours d'émissions spéciales, de soirées, de plateaux hors-les-murs . Je retiens notamment la spéciale "Culture" à bord de la péniche l'Alternat - flanquée de deux fiers dauphins, voguant sur la Seine et amarrant Quai St Bernard, pour une fin d'émission et un showcase devant des auditeurs et badauds extatiques :
Hier, au point FMR, c'était le point d'orgue, précisément, avec la soirée Concert / Club, feat. notamment Scout Niblett... au sommet.
Je la voyais pour la première fois en concert, il y a... 11 ans !
Onze, punaise.
jeudi 6 juin 2013
Between Places [Crossed Covers]
Je découvrais avant-hier le très chouette clip de husbands - le super groupe formé de Simon (Nasser), Mathieu (Kid Francescoli) et Mathieu (Oh! Tiger Mountain).
Les circonstances aidant, je publie une mise à jour de la rubrique Crossed Covers, lorsque je l'avais dédiée à la piscine (souvenez-vous).
D'ailleurs, BIM, Album Cover of the Week :
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On plonge !
La suite, avec Young Galaxy et Young Dreams (qui sont décidément aisément confondables)
Husbands, You, Me, Cellphones (Microphone)
Eleanor Friedberger, Personal (Merge, 2013)
!!!, Th!!!er (Warp, 2013)
Young Galaxy, Shapelifting (Paper Bag, 2011)
Young Dreams, Between Places (Modular, 2013)
!!!, SRLY (Warp, 2013)
Waxahatchee, Cerulean Salt (Wichita, 2013)
Bedroom Heroes, Sea Change (SwimSlowly, 2001)
Mr. Oizo, Stade7 (autoproduit, 2011)
!!!, Th!!!er (Warp, 2013)
Young Galaxy, Shapelifting (Paper Bag, 2011)
Young Dreams, Between Places (Modular, 2013)
!!!, SRLY (Warp, 2013)
Waxahatchee, Cerulean Salt (Wichita, 2013)
Bedroom Heroes, Sea Change (SwimSlowly, 2001)
Mr. Oizo, Stade7 (autoproduit, 2011)
Diego Garcia, Laura (Nacional, 2011)
mardi 4 juin 2013
Nous sommes de la matière dont les rêves sont faits
Faisant suite à un spectacle donné par des Esprits convoqués par la magie de Prospero, en l'honneur du mariage de sa fille Merida avec Ferdinand :
Our revels now are ended. These our actors,
As I foretold you, were all spirits and
Are melted into air, into thin air:
And, like the baseless fabric of this vision,
The cloud-capp'd towers, the gorgeous palaces,
The solemn temples, the great globe itself,
Yea, all which it inherit, shall dissolve
And, like this insubstantial pageant faded,
Leave not a rack behind. We are such stuff
As dreams are made on, and our little life
Is rounded with a sleep. [...]
William Shakespeare, the Tempest (1611)
Jusqu'au 9 juin au Théâtre des Quartiers d'Ivry
En français dans le texte :
Maintenant voilà nos divertissements finis ; nos acteurs, comme je vous l'ai dit d'avance, étaient tous des esprits ; ils se sont fondus en air, en air subtil ; et, pareils à l'édifice sans base de cette vision, se dissoudront aussi les tours qui se perdent dans les nues, les palais somptueux, les temples solennels, notre vaste globe, oui, notre globe lui-même, et tout ce qu'il reçoit de la succession des temps ; et comme s'est évanoui cet appareil mensonger, ils se dissoudront, sans même laisser derrière eux la trace que laisse le nuage emporté par le vent. Nous sommes faits de la vaine substance dont se forment les songes, et notre chétive vie est environnée d'un sommeil.
La dernière phrase était traduite de manière plus percutante dans la représentation telle que je l'ai vue :
dimanche 2 juin 2013
The game is rigged
...I feel old. I been out there since I was thirteen. I ain't never fucked up a count, never stole off a package, never did some shit that I wasn't told to do. I've been straight up. But what come back? You think if I get jammed up on some shit, they'd be like, "Yeah. Bodie been there. Bodie hang tough. We got his pay lawyer. We got a bail." They want me to stand with them, right? But where the fuck they at when they supposed to be standing by us? When shit goes bad and there's hell to play, where they at? This game is rigged, man. We like the little bitches on a chessboard.
the Wire, David Simon (S04)
(Avec le son, c'est mieux... mais ça SPOILE, attention)
samedi 1 juin 2013
Les raquettes sont aussi des instruments à cordes
La séquence Cannes - Roland Garros annonce pour beaucoup la dernière ligne droite avant l'été. Toujours en prise directe avec la réalité, Arise Therefore va parler Tennis aujourd'hui (comme quelques autrefois auparavant).
"Tennis et Musique", même.
Commençons par de récentes références explicites : Celle des français de Papaye pour leur album Tennis, avec une pochette fort à propos.
Ci-dessous, un extrait (Wimbledon 1980) pour sonoriser votre lecture :
Enchaînons maintenant avec une "disambiguation" de mise.
Ainsi faut-il se garder de confondre les Denverites - au look un brin rétro - de Tennis
et les Japonais de Tennis Coats (au look... japonais)
On pourra déplorer (pour le bien de cet article) qu'aucun de ces groupes n'ait eu recours à des pochettes en rapport avec ce sport. Avouez que pour le single Marathon, on n'était pas loin
(on imagine bien un court hors champ).
Si je poursuis le fil conducteur (ténu) de cet article, il me faut désormais évoquer Housse de Racket.
A leurs débuts, tout leur univers était centré sur le tennis, pour un résultat désopilant. Le morceau "housse de racket" samplait en préambule les commentateurs sportifs Jean-Paul Loth et Michel Dhrey, assistant vraisemblablement à un échange épique.
Et l'un d'eux de conclure :
"Tennis et Musique", même.
Commençons par de récentes références explicites : Celle des français de Papaye pour leur album Tennis, avec une pochette fort à propos.
Même cohérence visuelle pour Indian Wells et leur "tennistronic" (c'est ainsi qu'ils définissent leur style musical) hautement recommandable.
L'album est librement téléchargeable sur le bandcamp du groupe.Ci-dessous, un extrait (Wimbledon 1980) pour sonoriser votre lecture :
Ainsi faut-il se garder de confondre les Denverites - au look un brin rétro - de Tennis
et les Japonais de Tennis Coats (au look... japonais)
On pourra déplorer (pour le bien de cet article) qu'aucun de ces groupes n'ait eu recours à des pochettes en rapport avec ce sport. Avouez que pour le single Marathon, on n'était pas loin
(on imagine bien un court hors champ).
Si je poursuis le fil conducteur (ténu) de cet article, il me faut désormais évoquer Housse de Racket.
A leurs débuts, tout leur univers était centré sur le tennis, pour un résultat désopilant. Le morceau "housse de racket" samplait en préambule les commentateurs sportifs Jean-Paul Loth et Michel Dhrey, assistant vraisemblablement à un échange épique.
Et l'un d'eux de conclure :
"Les raquettes sont aussi des instruments à cordes"
Tennis, Marathon (Underwater People, 2010)
Papaye, Tennis (Kythibong, 2013)
Indian Wells, Night Drops (Bad Panda Records, 2012)
Housse de Racket, Oh Yeah (Discograph, 2008)
Bonus :
Chris Rea, Tennis (Magnet, 1980)
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