Andy Stott, luxury problems (Modern Love, 2012)
mercredi 31 octobre 2012
dimanche 28 octobre 2012
Ghost Town Riders
Kangbashi, est un district rattaché à la ville Ordos, préfecture de la Mongolie Intérieure (donc au Nord de la Chine, cf. googlemaps). Construite en plein désert, cette ville nouvelle est sortie du sable à grand renforts d'investissement massifs, la région s'étant révélée exceptionnellement riche en charbon, en gaz naturel et en divers minerais précieux.
Les travaux ont débuté courant 2003, et tablaient à long terme sur une population d'un million d'habitants. En 2010, alors que les capacités de logement étaient de 300 000 places, la population atteignait péniblement les 28'000 habitants. Si beaucoup de logements (de standing) ont été achetés, la plupart l'ont été à des fins spéculatives, et demeurent vides. Ces chiffres, ainsi que les reportages d'Aljazeera et de Time ont contribué à donner à Ordos la réputation de "Ville Fantôme" (*).
C'est ce qui a attiré le réalisateur Charles Lanceplaine et une brochette de skaters, partis profiter pleinement d'un environnement urbain moderne et désert.
Et c'est la vidéo du dimanche soir
(à voir en plein écran, évidemment) :
(à voir en plein écran, évidemment) :
ORDOS, Charles Lanceplaine (2012)
Crédit 1ère photo: Chaloos / Flickr
(*) Cette caractéristique étant l'unique angle avec lequel le sujet est abordé, il est certain qu'on ne trouve via google que des articles ou photos dépeignant cette cité comme vide.
Crédit 1ère photo: Chaloos / Flickr
jeudi 25 octobre 2012
mardi 23 octobre 2012
Il n'y avait rien à répondre à ça
Trois mois plus tard, ils étaient mariés, l'ancien soldat Brû la mercière. Après une chose s'imposait, mais voilà qu'on se trouvait déjà en octobre : pas possible de fermer la boutique en pleine saison. Ils en discutèrent longtemps, l'ancien soldat Brû la mercière. Fallait voir la réalité en face : effectivement, des flopées de clientes se jetaient sur le bouton de nacre, la ganse et le sparadrap : on n'était pas assez riches pour rater toutes ces bonnes affaires.
Non, bien sûr, disait Valentin. Tu vois bien, disait Julia. Pourtant, disait Valentin, pourtant c'est de rigueur le voyages de noces. En principe, disait Julia, en principe je ndis pas. Tu vois bien, disait Valentin. Faut reconnaître, disait Julia, faut reconnaître qu'un mariage sans voyage de noces, ça n'existe pas. Non, disait Valentin, non ça n'existe pas. Oui, disait Julia, oui mais la pleine saison c'est la pleine saison, et on ne peut rien changer aux saisons. On pourrait peut-être retarder le voyage de noces jusqu'aux vacances prochaine, suggéra Valentin. Et les vacances alors, objecta Julia, quand est-ce qu'on les prendrait? Et il n'y avait rien à répondre à ça.
Ils finirent par adopter la seule solution possible, la seule et unique, à savoir que le seul Valentin ferait seul le voyage de noces.
Non, bien sûr, disait Valentin. Tu vois bien, disait Julia. Pourtant, disait Valentin, pourtant c'est de rigueur le voyages de noces. En principe, disait Julia, en principe je ndis pas. Tu vois bien, disait Valentin. Faut reconnaître, disait Julia, faut reconnaître qu'un mariage sans voyage de noces, ça n'existe pas. Non, disait Valentin, non ça n'existe pas. Oui, disait Julia, oui mais la pleine saison c'est la pleine saison, et on ne peut rien changer aux saisons. On pourrait peut-être retarder le voyage de noces jusqu'aux vacances prochaine, suggéra Valentin. Et les vacances alors, objecta Julia, quand est-ce qu'on les prendrait? Et il n'y avait rien à répondre à ça.
Ils finirent par adopter la seule solution possible, la seule et unique, à savoir que le seul Valentin ferait seul le voyage de noces.
Raymond Queneau, Le dimanche de la vie (1952)
samedi 20 octobre 2012
Strange Times [Crossed Covers]
Deux pochettes très semblables pour commencer. L'une par les good shoes (classe), l'autre par J.... M... (pas classe) :
[Edit: ]
Quitte à user de couleurs, esthétiquement, je préfère cependant nettement les lettrages en peinture à l'eau, comme sur la pochette de ce tribute aux Buckley père et fils :
Notez au passage le casting de choix de cet album de reprises, passé à l'époque tout à fait inaperçu. Même technique, autre exemples :
the Good Shoes, Think Before You Speak (EMI, 2008)
Aimee Mann, I'm with Stupid (Geffen,1995)
V/A, Dream Brothers, the songs of Tim + Jeff Buckley (Full Time Hobby, 2005)
Michael Andrews, Hand on String (Elgin Park, 2007)
the Black Keys, Strange Times (Warner, 2008)
mercredi 17 octobre 2012
Et surensuite, je m'en fous !
Adeptes de la gaudriole, de la franche poilade, je sens bien que les récents articles aux thèmes trop sérieux ou sombres ne furent pas de ceux devant lesquels vous vous esclaffâtes. Réjouissez-vous, car c'est un nouveau roman de Queneau dont je m'apprête à extraire des passages dans les jours à venir. Et dans un roman de Queneau, c'est bien connu, on se tape les cuisses de rire au moins une fois par page .
Ok, j'en rajoute : sur l'intensité, mais pas sur la fréquence.
Ce roman, c'est le "Dimanche de la Vie", que je ne me souvenais pas avoir lu, jusqu'à donc assister à cette conversation (à la quatrième page)
- Tu vas épouser un garçon qui a vingt ou vingt-cinq ans de moins que toi. Où ça peut te mener, hein? Dis-moi : où ça peut te mener?
Elle secoua coquettement ses cheveux et répondit à sa propre question :
- Ton mariage ne tiendra pas debout.
Julia dévisagea sa sœur, puis la dépoitrina et enfin la déjamba. Elle lui dit :
- Tu me trouves moche?
- Non, non, tu tiens le coup. Mais vingt, vingt-cinq ans de différence, c'est quelque chose. Toi tu as pu voir les pioupious français en pantalon rouge défiler devant le président Fallières. Lui il ne doit même pas savoir ce qu'est le président Fallières.
- D'abord je te remercie pour l'allusion
- Faut bien dire ce qui est.
- Ensuite il y a pas vingt ans. Et surensuite je m'en fous. Réponds-moi : tu me trouves déglinguée?
- Pas du tout.
- Ma frimousse?
- Ca va.
- Mes totoches?
- Ca tient.
- Mes gambettes?
- Au quai.
- Alors?
- C'est pas seulement le physique qui compte, dit Chantal, c'est le moral.
- Oh, oh, dit Julia, où as-tu été pêcher une bourdante pareille?
- Cherche pas, je l'ai trouvée toute seule.
- Alors, explique voir.
Chantal faisait allusion aux mœurs des hommes mariés, et singulièrement à celles du sien, Paul Boulingra : l'alcoolisme buté, la tabagie autistique, la paresse sexuelle, la médiocrité financière, la lourdeur sentimentale. Seulement voilà, Julia trouvait que sa sœur avait été particulièrement mal servie en la personne de son Popol. Elle cita des types qui ne buvaient que de l'eau comme le mari à la Trendelino, qui ne fumaient point comme celui de la Foucolle, qui braisaient à houilles rehaussées comme celui de la Panigère, qui gagnaient largement leur vie comme celui de la Parpillon et qui pouvaient avoir pour leur épouse de délicates attentions comme celui de la Foucolle, déjà cité. Sans compter ceux qui savent remettre un plomb, porter les paquets, conduire la voiture, baisser les yeux lorsqu'ils croisent une pute. Julia pensait bien que son militaire serait de cette espèce, et elle en sourit de plaisir.
Raymond Queneau, Le dimanche de la vie (1952)
lundi 15 octobre 2012
Quelque chose de grand
"Nuits fauves", du groupe parisien Fauve, se place clairement dans la catégorie des morceaux en français aux paroles qui interpellent, dans la mesure où elles dépeignent un état d'esprit, et parlent d'amour, de sexe, de l'autre, des autres, du travail, de la vie tout court... Le genre de morceaux qu'ont pu écrire et composer Diabologum (+ filiation), Mendelson ou encore Arnaud Fleurent Didier.
[...] Dis-leurs que tu te sens seul, et que tu sais plus quoi faire pour trouver un peu de chaleur humaine ; Aller au bois pour que quelqu'un accepte enfin de toucher ton zob, tripoter de la lycéenne, porter des robes ? Te trémousser en talons hauts comme un gogo, puis arpenter les ruelles sombres en secouant ta clochette.
C’est un peu à cause de tout ça si tous les soirs, c’est la même histoire: Métro, apéro, lexo, clopes et films pornos à l’ancienne, sur lesquels tu t’entraînes rageusement, même si ça fait longtemps que ça t’amuse plus vraiment.
Mais il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard
Imagine-toi : t’es là, en train de te reprendre un verre au bar, quand tout à coup tu croises un regard qui te perfore de part en part. Imagine-toi, t’es là, ça te tombe dessus sans crier gare. Un truc bandant, un truc dément qui redonne la foi.
Un truc comme ça :
« Bonsoir / Bonsoir / quelle chance de se croiser ici
Bonsoir / Bonsoir / Je voudrais partager tes nuits »
Tu connaîtras les nuits fauves, je te le promets. Elle sera tigre en embuscade quand tu viens te glisser sous ses draps, tandis que toi, tu feras scintiller tes canines lorsqu'elle enlève le bas. Elle t’offrira des feulements dans sa voix lorsqu’elle reprend son souffle qui s’échappent dans la cour pour aller faire gauler la lune, des coups de bélier invoqués comme un miracle, et qui veulent dire : « Si tu t’arrêtes, je meure ». Toutes ces choses qui te la feront raidir, rien qu'à te souvenir, pour le million d’années à venir.
Malheureusement, tout ce qu'on t’offre pour l’instant, c’est des chattes épilées et des seins en plastique en vidéo. C’est terrifiant, tout le monde veut la même chose: même les travelos rêvent du prince charmant. Et pourtant, on passe notre temps à se mettre des coups de cutter dans les paumes, à trop mentir, à force de dire : « Par pitié, range la guimauve, écarte les jambes, je t’en supplie, me parle pas. Laisse-moi seulement kiffer mon va-et-vient de taulard, et m’endormir direct moins de trois minutes plus tard ». A force de faire tout ça, on croyait quoi ? On se meurtrit, on fait l’amour comme on s’essuie. Quel gaspillage.
Mais il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard
Imagine-toi : t’es là, en train de te reprendre un verre au bar, quand tout à coup tu croises un regard qui te perfore de part en part. Imagine-toi, t’es là, ça te tombe dessus sans crier gare. Un truc bandant, un truc dément qui redonne la foi.
Offre-moi dès ce soir ta peau brune et tes lèvres mauves, tes seins, tes reins, tes cheveux noirs, et qu'on se noie dans les nuits fauves. En échange de tout ça, je t’offre ce dont je dispose, mon corps, mon âme, prends tout, tout de suite, et qu'on se noie dans les nuits fauves
Tant pis si on nous prend pour des demeurés. Bien sûr qu'on sait qu'ici c’est pas Hollywood. Sauf qu'aux dernières nouvelles, le fantasme c’est encore gratuit. C’est pour ça qu'on se réfugie dans nos pensées, qu'on ferme les yeux très fort, jusqu'à voir des couleurs en attendant que ça passe.
Y a que comme ça qu'on peut rêver de caresses au réveil et de regards qui veulent dire: « T’inquiète plus, t’inquiète plus », de coups de poings dans le cœur, de quarantièmes qui rugissent dans nos poumons à faire sauter les côtes, de torrents dans nos veines, d’une épaule pour pleurer sans honte et d’une oreille pour tout dire - Tout dire, toujours, quoiqu'il arrive... -, de serments argentés prononcés face au rayon vert: « Est-ce que tu veux m’épouser ? Vivre et mourir à mes côtés ? »
On rêve de réapprendre à respirer, que la médiocrité qui nous accable aille se faire enfler au Pakistan. On attend désespérément celui ou celle qui apaisera d’un doigt nos muscles noués et nos encéphales en sous-régime. On attend désespérément celui ou celle qui fera battre notre cœur plus grand
C’est pour ça qu'il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard
C’est un peu à cause de tout ça si tous les soirs, c’est la même histoire: Métro, apéro, lexo, clopes et films pornos à l’ancienne, sur lesquels tu t’entraînes rageusement, même si ça fait longtemps que ça t’amuse plus vraiment.
Mais il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard
Imagine-toi : t’es là, en train de te reprendre un verre au bar, quand tout à coup tu croises un regard qui te perfore de part en part. Imagine-toi, t’es là, ça te tombe dessus sans crier gare. Un truc bandant, un truc dément qui redonne la foi.
Un truc comme ça :
« Bonsoir / Bonsoir / quelle chance de se croiser ici
Bonsoir / Bonsoir / Je voudrais partager tes nuits »
Tu connaîtras les nuits fauves, je te le promets. Elle sera tigre en embuscade quand tu viens te glisser sous ses draps, tandis que toi, tu feras scintiller tes canines lorsqu'elle enlève le bas. Elle t’offrira des feulements dans sa voix lorsqu’elle reprend son souffle qui s’échappent dans la cour pour aller faire gauler la lune, des coups de bélier invoqués comme un miracle, et qui veulent dire : « Si tu t’arrêtes, je meure ». Toutes ces choses qui te la feront raidir, rien qu'à te souvenir, pour le million d’années à venir.
Malheureusement, tout ce qu'on t’offre pour l’instant, c’est des chattes épilées et des seins en plastique en vidéo. C’est terrifiant, tout le monde veut la même chose: même les travelos rêvent du prince charmant. Et pourtant, on passe notre temps à se mettre des coups de cutter dans les paumes, à trop mentir, à force de dire : « Par pitié, range la guimauve, écarte les jambes, je t’en supplie, me parle pas. Laisse-moi seulement kiffer mon va-et-vient de taulard, et m’endormir direct moins de trois minutes plus tard ». A force de faire tout ça, on croyait quoi ? On se meurtrit, on fait l’amour comme on s’essuie. Quel gaspillage.
Mais il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard
Imagine-toi : t’es là, en train de te reprendre un verre au bar, quand tout à coup tu croises un regard qui te perfore de part en part. Imagine-toi, t’es là, ça te tombe dessus sans crier gare. Un truc bandant, un truc dément qui redonne la foi.
Offre-moi dès ce soir ta peau brune et tes lèvres mauves, tes seins, tes reins, tes cheveux noirs, et qu'on se noie dans les nuits fauves. En échange de tout ça, je t’offre ce dont je dispose, mon corps, mon âme, prends tout, tout de suite, et qu'on se noie dans les nuits fauves
Tant pis si on nous prend pour des demeurés. Bien sûr qu'on sait qu'ici c’est pas Hollywood. Sauf qu'aux dernières nouvelles, le fantasme c’est encore gratuit. C’est pour ça qu'on se réfugie dans nos pensées, qu'on ferme les yeux très fort, jusqu'à voir des couleurs en attendant que ça passe.
Y a que comme ça qu'on peut rêver de caresses au réveil et de regards qui veulent dire: « T’inquiète plus, t’inquiète plus », de coups de poings dans le cœur, de quarantièmes qui rugissent dans nos poumons à faire sauter les côtes, de torrents dans nos veines, d’une épaule pour pleurer sans honte et d’une oreille pour tout dire - Tout dire, toujours, quoiqu'il arrive... -, de serments argentés prononcés face au rayon vert: « Est-ce que tu veux m’épouser ? Vivre et mourir à mes côtés ? »
On rêve de réapprendre à respirer, que la médiocrité qui nous accable aille se faire enfler au Pakistan. On attend désespérément celui ou celle qui apaisera d’un doigt nos muscles noués et nos encéphales en sous-régime. On attend désespérément celui ou celle qui fera battre notre cœur plus grand
C’est pour ça qu'il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard
Fauve, Nuits fauves (2012)
Les amateurs pourront également écouter "St Anne", quelque part entre "France Culture" et "Vivre Autrement" d'Arnaud-Fleurent Didier.
jeudi 11 octobre 2012
die Worte der Weisheit
Je me souviens étant enfant avoir entendu et identifié la langue allemande pour la première fois un été, sur une plage bretonne : je l'avais alors trouvée indiscutablement moche. Plus tard, j'en faisais malgré tout ma première langue (sous l'impulsion de mes parents), mais ça n'est qu'en troisième que je commençais à en apprécier les sonorités, à la faveur du poème Erlkönig de Goethe que j'appris alors.
Wer reitet so spät, durch Nacht und Wind
Es ist der Vater mit seinem Kind,
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.
Es ist der Vater mit seinem Kind,
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.
Plus tard, au cours d'une année passée à Munich (2001), j'ai découvert les hamburgers hambourgeois Kante, leur très bel album Zweilicht (extrait), et la musicalité que pouvait revêtir l'Allemand (même sur de la pop music, et même si toutes les consonnes se prononcent).
L'alter ego de Kante, en provenance de Hambourg également, c'est Tocotronic, dont je publiais un premier texte (en vers) au début du mois.
En voici un second, pour le plaisir. Ca se lit ci-après, ca s'écoute ici.
Un texte construit sur un motif répété (une promenade sans but particulier) et se finit sur une Révélation.
Un texte construit sur un motif répété (une promenade sans but particulier) et se finit sur une Révélation.
Als wir wiederum nicht wussten
Was zu tun, wohin sich wenden
Liefen wir stundenlang umher
Auf den Alleen und am Ende
Kamen wir zu einem Fluss
Dessen Lauf uns dorthin führte
Wo wir noch nicht gewesen sind
Es schien zumindest so
Wir verspürten leichten Schwindel
Legten uns ins hohe Gras
In der Nachbarschaft von Elstern
Weiter waren wir noch nie
Harmonie ist eine Strategie
Als wir wiederum nicht wussten
Was zu tun wohin sich wenden
Liefen wir stundenlang umher
Auf den Alleen und am Ende
Kamen wir zu einem Park
An dessen Tor zwei Sphinxen wachten
So verbrachten wir die Zeit
Mit dem Gefühl von leichtem Schwindel
Setzen wir uns auf eine Bank
Deine Hand schloss meine Augen
Und der Tag verschwand im Dunkeln
Harmonie ist eine Strategie
Kratz keine Namen in die Wand
Ritz keine Namen in die Hand
Führ keine Hand an meinen Mund
Ich klage an, ich klage an, ich klage an
Als wir wiederum nicht wussten
Was zu tun wohin sich wenden
Liefen wir stundenlang umher
Auf den Alleen und am Ende
Kamen wir zu einem Platz
Weit draußen vor der Stadt
Wo wir noch nicht gewesen sind
Es schien zumindest so
Und der erste Kreis der Hölle
War gleich nebenan
Jeder Zweifel, jeder Zwang
Verschwand vor unseren Augen
Und die Pforten des Himmels
Öffneten sich vor unseren Augen
Und die Worte der Weisheit
Trugen uns so weit wie nie
Harmonie ist eine Strategie
Tocotronic - Harmonie ist eine Strategie
Kapitulation (Universal, 2007)
lundi 8 octobre 2012
Don’t Pretend You Didn’t Know [Top Tape]
Hier sur Radio Campus Paris, s'est déroulé la première Top Tape pour cette nouvelle saison 2012-2013. Rentrée oblige, je suis au top de la réactivité sur le délai de mise en ligne. Ainsi donc est-elle déjà disponible là.
Il faut reconnaître que ces temps-ci (et pendant la trève estivale de 4 mois), les bonnes sorties d'album abondent : il m'a fallu être sélectif. Pour cette première mixtape, je suis resté sur les fondamentaux, puisqu'elle convie :
Dinosaur Jr, PS I Love You, the Pharmacy, the Helio Sequence, Pinback, Three Mile Pilot, Samara Lubelski, James Yorkston, Calexico, Tue-loup, The Raveonettes, Ringo Deathstarr, Whirr, My Bloody Valentine.
Que des morceaux trop bien (vraiment!).
[Ecoute rapide ici .]
Rappel : the Pharmacy sera en concert le 19 octobre à l'International, pour la soirée de rentrée de Radio Campus Paris
samedi 6 octobre 2012
Le temps vertigineux
La route du "Week-End" (le film de Jean-Luc Godard) est jalonnée d'étranges rencontres, loufoques et surprenantes. Après Saint-Just, Corrine et Roland croisent Emily Brontë, absorbée dans la contemplation d'une pierre.
" Pauvre caillou... L'architecture, la sculpture, la mosaïque, la joaillerie n'en ont rien fait. Il est du début de la planète, parfois venu d'une autre étoile. Il porte alors sur lui la torsion de l'espace comme stigmate de sa terrible chute. Il est d'avant l'homme. Et l'homme quand il est venu ne l'a pas marqué de l'emprunte de son art ou de son industrie. Il ne l'a pas manufacturé le destinant à un usage vulgaire, luxueux ou historique. Le caillou ne perpétue donc que sa propre mémoire.
Ces mots ne doivent pas tromper. Il va de soi que les minéraux n'ont ni indépendance, ni sensibilité. Et c'est justement pourquoi il faut beaucoup pour les émouvoir : température de chalumeau, par exemple, ou d'arc électrique, tremblement de terre, des spasmes de volcan, sans oublier le temps vertigineux... "
Si la contemplation des grands espaces, de la nature souveraine, ou encore de la voûte céleste appellent communément réflexions métaphysiques, je ne m'étais jusqu'alors jamais arrêté sur un vulgaire caillou...
*
* *
En plus d'amener à réfléchir sur le Temps et l'origine du monde, le "caillou" a souvent constitué en philosophie un exemple pratique pour illustrer telle ou telle thèse sur le libre arbitre.
Spinoza, Lettre 58 à Schuller :
« Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple : une pierre par exemple reçoit d’une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l’impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l’impulsion d’une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre, il faut l’entendre de toute chose singulière (…) parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d’une certaine manière déterminée.
Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre tandis qu'elle continue à se mouvoir, pense et sache qu’elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre, assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n’est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère sans son mouvement que parce qu'elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent "
Pour Spinoza, en effet, la liberté n'est pas un « libre décret » de la volonté, mais la connaissance des causes qui nous déterminent nécessairement. Plus tard, Schopenhaueur reprendra cet exemple dans "Le Monde comme Volonté et Représentation" :
Spinoza dit (épître [58]) qu'une pierre propulsée en l'air par un choc penserait qu'elle vole par un acte de sa propre volonté, si elle était douée de conscience. Je ne fais qu'ajouter à cela que la pierre aurait raison. Le choc est pour elle ce qu'est pour moi le motif, et ce qui apparaît en elle comme cohésion, pesanteur et persistance dans la situation admise ici, est, d'après son essence intime, identique à ce que je reconnais en moi comme volonté, et que la pierre reconnaîtrait aussi comme volonté, encore qu'il faudrait pour cela lui ajouter la connaissance. Spinoza, dans ce passage, avait en vue la nécessité avec laquelle la pierre tombe, et il veut à bon droit la transporter à la nécessité qu'il y a à un acte de la volonté d'une personne singulière. Tandis que moi, à l'inverse, je considère l’essence intime qui seule confère à toute nécessité réelle (c'est-à-dire à tout effet procédant d'une cause), en tant que son présupposé; signification et validité. On nomme cette essence intime caractère chez l’homme et propriété dans la pierre, mais dans les deux cas, elle n'est qu'une seule et même chose, puisque là où on la connaît immédiatement, on lui donne pour nom VOLONTE, celle-ci ayant dans la pierre un très faible et chez l'homme un très puissant degré de visibilité et d'objectité. Cet élément présent dans l'aspiration de toute chose et qui est identique à notre vouloir, même St Augustin l'a reconnu avec un sentiment juste et je ne puis m'empêcher de citer ici l'expression naïve qu'il a donné à cette affaire : [...] "Si nous étions pierres, flots, vents, flammes ou tout autre chose de cette espèce, sans aucune forme de conscience et de vie, nous ne manquerions pas pour autant d'une sorte d'aspiration. Car dans les mouvements imprimés par la pesanteur s'exprime en quelque sorte l'amour des corps dépourvus de vie, qu'ils tendent vers le bas en vertu de la gravité, ou vers le haut en vertu de leur légèreté".
Jean-Luc Godard, Week-End (1967)
Arthur Schopenhaueur, Le Monde comme volonté et représentation [Livre II, §24] (1819)
Spinoza, Lettre à Schuller (1674)
Augustin, La Cité de Dieu [livre XI] (413-426)
mercredi 3 octobre 2012
La contradiction officielle (en fait, l'unité réelle)
C’est la lutte de pouvoirs qui se sont constitués pour la gestion du même système socio-économique, qui se déploie comme la contradiction officielle, appartenant en fait à l’unité réelle ; ceci à l’échelle mondiale aussi bien qu’à l’intérieur de chaque nation.
Guy Debord, la Société du Spectacle (1967)
Je me rappelle que je lisais ce livre peu avant le déroulement des élections présidentielles. Cette phrase trouvait nécessairement un écho particulier en cette période. On se gardera cependant d'en profiter pour railler l'UMPS (terminologie qu'emploie le FN). Je préfère la rapprocher de cette citaton d'Albert Einstein, que reprenait un leader des "indignés" espagnols dans une interview au Monde :
"On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré."
Toute la difficulté étant donc de s'abstraire de ces modes de pensée.
En guise d'illustration, vous pouvez lire :
mardi 2 octobre 2012
Mein Ruin ist mein Triumph
Samedi, au beau milieu de la nuit, j'ai eu une irrépressible envie d'écouter ce morceau de Tocotronic... Je ne sais d'où elle me vînt.
Rétrospectivement, je me dis que j'avais un peu de fièvre.
Mein Ruin das ist zunächst
Etwas das gewachsen ist
Wie eine Welle die mich trägt
Und mich dann unter sich begräbt
Mein Ruin ist was mich zieht
Wiederholung als Prinzip
Ein Zusammenbruch ein Fall
Ein Versuch ein Donnerhall
Mein Ruin ist Heiligtum
Diebstahl und Erinnerung
Geboren aus Unsicherheit
Freude und Zerbrechlichkeit
Mein Ruin ist Unverstand
Kein Märtyrer Nur Komödiant
Nur aus Kälte und Distanz
Verleih ich mir den Lorbeerkranz
Mein Ruin ist mein Bereich
Denn ich bin nicht einer von euch
Mein Ruin ist was mir bleibt
Wenn alles andere sich zerstäubt
Mein Ruin das ist mein Ziel
Die Lieblingsrolle die ich spiel
Mein Ruin ist mein Triumph
Empfindlichkeit und Unvernunft
Eine Befreiung eine Pracht
Sanfter als die tiefste Nacht
Die ab jetzt für immer bleibt
Und ihre eigenen Lieder schreibt
Mein Ruin ist mein Bereich
Denn ich bin nur einer von euch
Mein Ruin ist was mir bleibt
Wenn alles andere sich betäubt
Mein Ruin ist weiterhin
Eine Arbeit ohne Sinn
Etwas das man nie bereut
Eine Abgeschiedenheit
Mein Ruin ist nur verbal
Feigheit vor dem Feind der Qual
Der Trauer und der tiefen Not
Mein größtes Glück ein tiefes Rot
Mein Ruin ist mein Bereich
Denn ich bin einer unter euch
Mein Ruin ist was mir bleibt
Wenn alles andere sich zerstäubt
Mein Ruin ist mein Bereich
Denn ich bin einer unter euch
Mein Ruin ist was mir bleibt
Wenn alles andere sich betäubt
Mein Ruin das ist zunächst
Etwas das gewachsen ist
Wie eine Welle die mich trägt
Und mich dann unter sich begräbt
Tocotronic - Mein Ruin
Kapitulation (Universal, 2007)
Je vous reparle de ce groupe dans un prochain article !
En attendant, la pochette d'album de la semaine
(d'après une oeuvre du peintre américain Thomas Eakins)
Thomas Eakins, Portrait of Douglass Morgan Hall (1889)
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