samedi 18 août 2012

A Journey to the End of Taste

Si je suis entré dans la librairie le Lieu Bleu pour la première fois il y a un an environ, c'est pour acheter un volume précis de la collection 33 1/3 que je savais pouvoir y trouver. Cette collection est entièrement consacrée à la Musique: chaque ouvrage traite même d'un album en particulier (Daydream Nations, Unknown Pleasures, Meat is Murder, Doolittle, Loveless, 69 love songs, If you're feeling sinister, kid A, Wowee Zowee... la liste est belle).

Ayant ouvert quantité de cartons de livres d'occasion, le vendeur me demande alors à travers le magasin :

"C'est le livre avec Céline Dion en couverture?"

Situation de gêne que j'ai appris à surmonter, pusique bon nombre de gens m'ont vu dans les transports en commun ce livre à la main. Si l'album concerné est bien "Let's Talk About Love", le livre est sous-titré "a journey to the End of Taste". C'est d'ailleurs ce qui m'avait attiré, à la lecture d'une rapide présentation sur Pitchfork. L'auteur (et critique musical) Carl Wilson y délivre moins une somme d'informations sur l'enregistrement de l'album ou son analyse critique, qu'une réflexion sur le (bon ou mauvais) goût (*). En plus, l'ami Carl est  assez prompt à l'auto-analyse :

The exercice isn't as far as it seems from my critical leanings, toward music like art rock, psych-folk, post-punk, free jazz or the more abstract ends of techno and hip-hop. I write about such sounds in the belief that "difficult" music can help shake up perceptions, push us past habitual limits. As Simon Frith wrote in his book Performing Rites, difficult listening bears in it the traces of an "utopian impulse, the negation of every day life" - an opening toward "another world in which [the difficult] would be "easy". And isn't Celine Dion, for me, actually "more difficult" music than any postmodern collage. It sure is more uncomfortable. It could turn out to be more disorienting than the kinds of "difficulty" I've come to take for granted.

Ainsi, Carl Wilson mêlera expérience et ressenti propres avec les idées de philosophes (Hume, Kant), de  sociologues (Bourdieu en tête) ou d'auteurs contemporains, sans négliger la parole des fans. Il est même question de neurobiologie :

The new discipline of musical neurobiology , well outlined in Montreal researcher (and ex-record producer) Daniel Levitin's This Is Your Brain on Music (2006), hints that the brain might be built to prefer consonance to dissonance, steady rhythms over chaotic ones and so forth. However, these penchants seem to be malleable, as science journalist Jonah Lehrer says in Proust Was a neuroscientist (2007). There's a network of neurons in the brain stem specially geared to sort unfamiliar sounds into patterns. When they succeed, the brain releases a dose of pleasure-giving dopamine (**), when they fail, when a sound is too new, excess dopamine squirts out, disorienting and upsetting us (***). Lehrer suggests this explains events such as the 1913 riots of the Paris premiere of Igor Stravinsky's dissonant The Rite of Spring. But these neurons also learn. With repeated exposure, the can tame the unknown, turn "noise" back into "music". 

Carl Wilson - Let's Talk about love, A Journey to the End of Taste (2010)

(*) J'ai tout de même appris qu'il y avait un lost album de Céline Dion produit par Phil Spector.

(**) Sur le thème "musique et dopamine", lire aussi :

(***) Exactement ce que provoque chez moi la musique de Tune-Yards

3 commentaires:

  1. Mortelle cette collection 33 1/3!!
    J'en avais jamaiçs entendu parler, mais elle attise ma curiosité.

    Encore une fois, merci pour la référence.

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  2. De rien... Ce dont on ne se rend pas tellement compte en voyant les visuels de cette collection, c'est que le format est assez petit (et pratique): 16cm de haut, env. 150 pages.

    Tiens, et en parcourant la liste des volumes publiés, je me suis d'ailleurs aperçu que parmi les contributeurs il y avait John Darnielle (aka Mountain Goats) qui écrit sur Master of Reality de Black Sabbath (!)

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  3. Il y a aussi Joe Pernice (des Pernice Brothers) qui a écrit sur Meat is Murder, Colin Meloy (de The Decemberists), un membre de Matmos, une chroniqueuse de Pitchfork...

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