mercredi 25 avril 2012

Comme on vit mal, avec ceux que l'on connaît trop

« Comme on vit mal, dit l'un, avec ceux que l'on connaît trop. On gémit sur soi-même sans retenue, et l'on grossit par là de petites misères ; eux de même. On se plaint aisément de leurs actes, de leurs paroles, de leurs sentiments ; on laisse éclater les passions ; on se permet des colères pour de faibles motifs ; on est trop sûr de l'attention, de l'affection et du pardon ; on s'est trop bien fait connaître pour se montrer en beau. Cette franchise de tous les instants n'est pas véridique ; elle grossit tout ; de là une aigreur de ton et une vivacité de gestes qui étonnent dans les familles les plus unies. La politesse et les cérémonies sont plus utiles qu'on ne croit. »

Alain, Passions de voisinage (1910)

J'aime assez cette pensée rapportée par Alain dans ses Propos sur le Bonheur, elle illustre ce qui d'après moi use une relation devenue trop "familière". Ainsi, il me semble que toujours on devrait avoir à l'esprit les temps où l'on retenait certaines remarques (et sans doute même ne les concevait pas), où formuler un reproche n'était pas légitime, et - le cas écheant - où l'on s'attachait à séduire l'autre.
Il ne s'agit pas  d'y revenir... mais seulement de s'en souvenir. 

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