mardi 1 novembre 2011

Un nouveau départ en quelque sorte

Il n'y avait rien à faire
et rien n'a été fait

Depuis 1997, on paliait l'absence de Diabologum par les productions (de bonnes à excellentes) des anciens Peter et Tadz, sous les noms Experience (puis Michel Cloup) et Programme (puis Arnaud Michniak). Un mince espoir des les voir réunis avait bien précédé une date commune au glaz'art en février 2008, mais rien.

Et puis si.

C'était en juin, pendant que j'étais en Suède. Divers indices gravitant autour du festival "Less Playboy is More Cowboy" au Confort Moderne de Poitiers laissaient présager une possible reformation de Diabologum.

Elle eut lieu, le temps de quelques morceaux :

On voudrait bien faire marche arrière
un nouveau départ en quelque sorte

Dans la foulée, l'annonce d'un concert en bonne et due forme, dans le cadre des Rockomotives. C'était Samedi dernier.

Si la reprise de "De la neige en été" par Michel Cloup à la gaîté lyrique début octobre pouvait laisser envisager une relecture alternative et ralentie de leur répertoire...
Si une plaisanterie récurrente (destinée à conjurer le mauvais sort) continuait de redouter une mésentente qui perdurerait...

C'est la pire fiction d'anticipation
version ultra-satisfaction-de-gloutons-dans-l'annihilation
pas de bouton d'interruption
pas de légende
pour seul décor un chat mort pendu à une guirlande

...toute réserve, tout doute s'envolait dès le concert entamé.
Une intro (avec pour seules paroles le fameux "à découvrir absolument"), De la neige en été, Il faut, Les angles, Un instant précis, à côté, 365 jours ouvrables, à découvrir absolument, La maman et la putain (feat. Françoise Lebrun)
Son impeccable, Intensité au paroxysme, Plaisir de jouer au beau fixe (je n'avais jamais vu Arnaud Michniak comme ça), Espoirs dépassés.

Quand j'ai ouvert les yeux
Le monde avait changé

Diabologum, Samedi 29 octobre au Minotaure de Vendôme, ça donnait ça:

Mais après tout, c'est peut-être Rock & Folk qui en parlait le mieux, en 1997 (pour la chronique de l'album #3):

Chroniquer ce troisième album des Français à la gomme de Diabologum revient, plus encore qu'à l'habitude, à choisir son camp. Si une stupéfiante inflation critique n'avait pas monté ce disque en épingle, on se serait contenté de régler son cas en quelques lignes, mi-amusé mi-effondré. Car dans le fond ce triste objet ne mérite même pas qu'on s'acharne sur son sort. Disons rapidement que les Diabologum ne savent ni jouer (ces strates de guitares de Velvet en toc), ni composer (de la musique, une chanson ou simplement une mélodie qui tienne la route), ni utiliser (cette tripotée de samples censée produire un effet de blizzard sonore), ni chanter (au moins ils n'essayent pas), ni même parler. L'affaire devrait donc être rapidement réglée, on ne tire pas sur une ambulance qui fonce vers le mur. Mais si on insiste encore, au risque de sembler s'acharner sur un disque qu'il faut être aveugle, sourd et malentendant pour apprécier, c'est qu'on est effaré et exaspéré par le snobisme intellectuel de ces gens. Texte après texte, on reste confondu par la bêtise prétentieuse de la littérature des Diabologum. Ces gens qui se masturbaient autrefois en citant tous les noms d'artistes contemporains qu'ils connaissaient, de Duchamp à Journiac, ont cette fois et vraisemblablement en toute bonne fois (c'est bien là finalement le pire de toute cette triste histoire) tranquillement kidnappé La Maman et la putain. Un des plus beaux et importants films de l'histoire du cinéma est ici réduit au rang de simple gadget culturel qu'ils utilisent pour camoufler la vacuité insondable de leurs propres pensées et leur absence totale de personnalité. Quand ces gens comprendront-ils qu'eux aussi ont leur part de responsabilité dans le suicide des Jean Eustache et des Guy Debord dont ils se gargarisent ? La bêtise humaine avait fini par avoir leur peau, leur mort n'a rien arrangé. Laissons les au moins en paix. Les Diabologum ne sont rien et leurs zélateurs moins que rien.
Alexis Bernier, Rock & Folk, n°353
(janvier 1997)

2 commentaires:

  1. Je pense qu'Alexis Bernier s'est fait piquer sa nana par un Diabologum ...

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  2. Avec joie je suis passé d'admirateur de Diabologum à celui de snipper sur cette ambulance qui file droit dans le mur. C'est une longue histoire, d'amour puis de haine, surtout avec Programme. Diabologum en 2011 me rend triste, quand j'écoute Michel Cloup j'ai envie de me prendre.

    Mais bon après tout on s'emballe pas mal aussi, ce n'est qu'un groupe mineur aussi bien en nombre de vente qu'en terme d'influence. Ce n'est pas à l'aune d'une tribu de fans aussi zélé soient-ils qu'on juge de la qualité d'un groupe et de sa musique.

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