lundi 1 décembre 2025

Tout finira bien (je voudrais te faire croire)

Un artiste vous manque et tout est dépeuplé. Chaque absence sur les plateformes de streaming brise l'illusion de la disponibilité immédiate et infinie, et rappelle le scénario pas si improbable de ne pouvoir accéder à la musique qu'on aime. Comment ferais-je aujourd'hui si je n'avais les albums de Godspeed You! Black Emperor, ou Ease Down The Road de Bonnie 'prince' Billy... Quid de Fontarabie, projet post-Malajube de Julien Mineau, désormais absent et dépublié de tout internet ?

Je ne peux donc que partager le texte de ce morceau beaucoup trop beau.

Je vois la tempête qui s'en vient
Vers nous, mais tu ne vois rien
Je voudrais te faire croire
Que tout finira bien

Quand la nuit tombe sur ton visage
Que ces alarmes inondent le paysage
Je voudrais te faire croire
Que tout finira bien

Je n'ai plus le temps de me perdre
Tu es ma lanterne dans le noir
Je voudrais te faire croire
Que tout finira bien

Si tout ce qui traîne se salit
Je suis sale, je suis sale
Taché pour la vie, taché pour la vie

En attendant l'accalmie
Je garderai les yeux entr'ouverts
Je voudrais te faire croire
Que tout finira bien

Je n'ai plus le temps de me perdre
Dans la noirceur de ma tête
Je voudrais te faire croire
Que tout finira bien

Si tout ce qui traîne se salit
Je suis sale, je suis sale
Taché pour la vie, taché pour la vie

À l'abri dans l'oeil de l'ouragan
À l'abri dans l'oeil de l'ouragan

Fontarabie, Eclipses EP (2015)



lundi 24 novembre 2025

#NotAllPoliceMen mais beaucoup quand même

Le 6 novembre dernier, j'ai ressenti le besoin impérieux de commenter un des mes anciens posts, daté du 11 avril 2023. Je me souvenais y avoir abordé les violences policières, mais aussi m'être livré à un "effort d'empathie" envers les forces de l'ordre en situation tendue. Je citais d'ailleurs Ste Soline.

Seulement voilà, cet article (exposant les révélations de Médiapart et Libération de la veille) m'ont fait regretter cette remarque pondérée. Que montrent les vidéos dont il est question ? Des consignes d'exécution de tirs tendus de lance-grenades (interdits car dangereux), propos injurieux désignant les manifestants, réjouissance guerrière malsaine. Tout ceci, rappellons-le, pour défendre un "trou".

Ajoutons que la semaine avait déjà été émaillée d'autres méfaits crimes (policiers accusés de viol au tribunal de Bobigny...). Dans une chronique de La Dernière (l'inénarrable émission hebdomadaire de Nova), l'excellent Pierre-Emmanuel Barré se chargeait de mettre ces faits en perspectives, et de conclure :

"On attend l'enquête de l'IGPN. Suspense! Non, bien sûr. Non, ils vont pas se réveiller un matin et admettre que ces institutions sont structurellement brutales, racistes et déresponsabilisantes. Mon enquête ira plus vite : des viols, des mutilations, des meurtres et des mecs qui se filment en train de faire tout ça en se marrant, en fait la police et la gendarmerie, c'est DAESH avec la sécurité de l'emploi"

La chute vaut à l'humoriste d'être l'objet d'une plainte déposée par l'actuel ministre de l'intérieur Laurent Nuñez. On eût apprécié qu'il se penche en premier lieu sur ce que dénonce la chronique, autrement plus grave qu'une comparaison hyperbolique dans une chronique satirique. On rappelle que ce procédé rhétorique "met en parallèle deux éléments de manière outrancière, créant un contraste saisissant, une image frappante, allant bien au-delà de la réalité".

Pour aller plus loin, vous pouvez écouter la chronique de Guillaume Meurice sur le traitement de la plainte dans les médias, et tant qu'à être là même si ça n'a rien à voir, toutes les chroniques de Pierre-Emmanuel Barré (y compris le courrier des lecteurs la saison passée) ou celles d'Aymeric Lompret, Florence Mendez, etc, etc.