Après les crevettes,
voici Joseph Ponthus en prise avec les bulots. C'est plus physique.
La vie est une tartine de merde dont on mange une bouchée tous les jours
Philosophait ma grand-mère les jours d'un peu moins bien
C'est faux
La merde est une tartine de bulots à décharger par palettes quand une pièce d'un tapis roulant est en panne sur une ligne de production
Si ce n'est pas encore l'enfer
Qui finira bien par arriver
C'est bien un putain de purgatoire de merde
Purgatoire de douleurs du fait des positions incohérentes que j'essaie de trouver pour faire sans ce foutu tapis roulant
Le gouffre de la machine réclame son lot incessant de bulots
Je Pallie le tapis
Je suis le lien
Il faut que la production continue
[...] Hier tentant de trouver une solution physiquement acceptable
J'en étais à porter à bout de bras les sacs de dix kilos de bulots pour les faire passer dans un trou de la machine comme on tenterait de mettre un panier en jouant au basket
Complètement con
Mais
Dans ces moments où tu ne sais plus que faire pour soulager les autres parties de ton corps
Tu en sollicites une nouvelle te disant que la douleur ailleurs ne saurait être que moins pire
Il faut que la production continue
La répétition des douleurs
La vanité de l'affaire
Tout ça pour des bulots qui ne s'arrêteront jamais
Joseph Ponthus, À la ligne (2019)