Guide du Savoir-Vivre, suite.
Et fin (parce que, bon, on a quand même mieux à lire)
Etre propre, correctement coiffé, décemment vêtu quand on met les pieds hors de chez soi ne supporte pas d'exception. Même si la course envisagée s'arrête chez le laitier du coin.
La tenue et la démarche ne peuvent pas être négligées. On se tient droit, on marche souplement, sans se dandiner comme un ours, on balance les bras naturellement et légèrement, sans donner l'impression de pagayer dans un kayak. Parler fort, rire aux éclats, crier, siffler, chanter sont mal vus. Quant à la gesticulation avec un parapluie ou avec une canne, elle présente un fort réel danger.
Les égards dus aux personnes rencontrées restent la loi de base. Il faut s'incorporer au flux général de la foule, éviter de se déplacer comme l'ouragan Carrie, ou de tracer des zigzags sur la chaussée. On évitera surtout de vouloir remonter à contre-courant, même si l'on est femme et passionnée par les étalages.
La rêverie et les acrobaties machinales sont proscrites de la rue, et la densité actuelle de la circulation les fait d'ailleurs en général se fort mal finir. Avec un minimum de self-contrôle, il est possible de rester digne même dans les moments ou une inspiration de génie vous caresse de son aile.
Fred Sigg, Livre d'or du savoir-vivre (1959)