jeudi 1 octobre 2020

The Election That Could Break America

Article à lire pour anticiper un tant soit peu ce qui pourrait se passer avec les élections américaines (c'est-à-dire à partir du 3 Novembre). Rien n'est écrit, mais il y a quand même un alignement notoire de planètes pour que ce soit le chaos. Et encore, de l'aveu même d'un conseiller juridique de Trump : "Any scenario that you come up with will not be as weird as the reality of it".

Le risque vient de l'attitude de Trump d'une part, et tient au processus de transition post-élection d’autre part (en gros de novembre à janvier) dans la mesure où il n'offre quasiment pas de garde-fou : "Our Constitution does not secure the peaceful transition of power, but rather presupposes it" (Lawrence Douglas, juriste, auteur du récent essai "Will He Go?")

Revue non exhaustive des menus obstacles à une élection sereine.


Il y a d'abord la question de la reconnaissance des résultats. Ce n'était déjà pas acquis en 2016 (déclaration du candidat Trump au meeting de Delaware, OH) :
“Ladies and gentlemen, I want to make a major announcement today. I would like to promise and pledge to all of my voters and supporters, and to all the people of the United States, that I will totally accept the results of this great and historic presidential election.” He paused, then made three sharp thrusts of his forefinger to punctuate the next words: “If … I … win!”

(lol)
(non)

On se rappelera d'ailleurs que même vainqueur, il aura contesté l’avantage d’Hillary Clinton au vote populaire (çàd au nombre global de votes) avec un excédent de 2,868,692 voix (Il estimait les votes irréguliers d'immigrants sans-papier au bas mot à trois millions). La rhétorique de défiance envers les résultats des votes se poursuit encore aujourd'hui.

L'éventualité de la fraude électorale (au demeurant négligeable dans les faits) donnerait un bon prétexte à de zélées milices (armées) républicaines de "sécuriser" les abords des bureaux de vote stratégiques (cf. Ballot Security Task Force). De la "sécurisation" à "l'intimidation" (des populations plus enclines à voter démocrate), il n'y a bien sûr qu'un pas. Le parti recrute par ailleurs actuellement 50'000 "poll watchers". Comment cela est-il possible?

Le "consent degree", pour résumé un accord de bonne conduite à valeur juridique et signé en 1982 entre Republican National Committee (RNC) et Democratic National Committee (DNC) a pris fin en... 2017. Et son renouvellement, souhaité par les Démocrates, a été rejeté en 2018.
  • Voter Caging : mailing de masse servant à détecter - en français - des NPAI ("N'habite plus à l'adresse indiquée"), permettant de mettre ultérieurement en doute puis d'invalider le vote des personnes concernées.
  • Lying Flyers / Robocalls : distribution de prospectus mensongers (date de vote erronée, fausse allégation "impossibilité de voter si un membre de la famille a été reconnu coupable d'un crime"...), appels ciblés, par exemple envers les afro-américains leur disant que le candidat démocrate été déjà qualifié et qu'il ne servait à rien de se déplacer...
  • Ceci s'ajoute aux dispositions légales de purge de liste électoral (qui parfois excluent des électeurs valides), de restriction du droit de vote (visant par exemple à exclure des anciens prisonniers) ou de définition de la liste des justificatifs d'identité valables (on pourra par exemple accepter les permis de port d'arme, et refuser les cartes d'étudiants)

Combinés et ciblés, ces dispositifs peuvent bien sûr avoir un impact sensible... Et encore, on ne parle ici que de vote "physique", sur place. La pandémie actuelle va favoriser le vote par correspondance... que Donald Trump s'applique également à sapper.

En affaiblissant l'US Postal Service de l'intérieur tout d'abord. En évoquant la menace de votes frauduleux orchestré par des nations étrangères. Alors que 60% des partisans démocrates sont prêts à voter par correspondance contre seulement 28% de républicains, on voit tout de suite les répercussions... D'autant qu'un bulletin de vote par correspondance, même dépouillé dans les temps, est beaucoup plus facile à invalider pour vice de forme.

Objectifs : Alimenter le chaos, la défiance. Ce que pourrait tout à fait finir de provoquer un "blue shift", le soir des élections : premières estimations largement en faveur des Républicains, avant que le dépouillement des votes ne fasse glisser le verdict en faveur des Démocrates.

Partant de là, tout est possible. Manifestations, violences, émeutes... Etat d'urgence, etc...


The worst case is not that Trump rejects the election outcome. The worst case is that he uses his power to prevent a decisive outcome against him. If Trump sheds all restraint, and if his Republican allies play the parts he assigns them, he could obstruct the emergence of a legally unambiguous victory for Biden in the Electoral College and then in Congress. He could prevent the formation of consensus about whether there is any outcome at all. He could seize on that un­certainty to hold on to power.
[...]

The Twentieth Amendment is crystal clear that the president’s term in office “shall end” at noon on January 20, but two men could show up to be sworn in. One of them would arrive with all the tools and power of the presidency already in hand.

“We are not prepared for this at all,” Julian Zelizer, a Prince­ton professor of history and public affairs, told me. “We talk about it, some worry about it, and we imagine what it would be. But few people have actual answers to what happens if the machinery of democracy is used to prevent a legitimate resolution to the election.”

The Election That Could Break AmericaBarton Gellman

1 commentaire:

  1. "Any scenario that you come up with will not be as weird as the reality of it" => Ca commence : Le lendemain de la publication de cet article, Donald Trump annonçait avoir été testé positif... et donc interrompre sa campagne jusqu'à son rétablissement

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