lundi 31 octobre 2016

Night creatures call

Le souvenir WTF du jour, c'est mon grand-père projetant à mon frère et moi, enfants, le clip de Thriller... Avec la scène un brin traumatisante de la transformation en loup-garou. Bref... :
C'est Halloween,
this is a thriller night,
lyrics !


It's close to midnight and something evil's lurking in the dark
Under the moonlight you see a sight that almost stops your heart
You try to scream but terror takes the sound before you make it
You start to freeze as horror looks you right between the eyes,
You're paralyzed
'Cause this is thriller, thriller night
And no one's gonna save you from the beast about to strike
You know it's thriller, thriller night
You're fighting for your life inside a killer, thriller tonight
You hear the door slam and realize there's nowhere left to run
You feel the cold hand and wonder if you'll ever see the sun
You close your eyes and hope that this is just imagination
But all the while you hear the creature creepin'up behind
You're out of time
'Cause this is thriller, thriller night
There ain't no second chance against the thing with forty eyes
You know it's thriller, thriller night
You're fighting to survive inside a killer, thriller tonight
Night creatures call
And the dead start to walk in their masquerade
There's no escapin' the jaws of the alien this time (they're open wide)
This is the end of your life

They're out to get you, there's demons closing in on every side
They will possess you unless you change the number on your dial
Now is the time for you and I to cuddle close together
All thru the night I'll save you from the terrors on the screen,
I'll make you see
That it's a thriller, thriller night
'Cause I can thrill you more than any ghost would dare to try
Girl, this is thriller, thriller night
So let me hold you tight and share a killer, diller, chiller
Thriller here tonight


Darkness falls across the land
The midnite hour is close at hand
Creatures crawl in search of blood
To terrorize y'awl's neighbourhood
And whosoever shall be found
Without the soul for getting down
Must stand and face the hounds of hell
And rot inside a corpse's shell
The foulest stench is in the air
The funk of forty thousand years
And grizzly ghouls from every tomb
Are closing in to seal your doom
And though you fight to stay alive
Your body starts to shiver
For no mere mortal can resist
The evil of the thriller
Can you dig it?!

Michael Jackson, Thriller
Thriller (Epic, 1982)

vendredi 28 octobre 2016

Des pensées tout à fait étrangères

Vous l'aurez compris, si vous êtes un habitué du blog et que vous avez vu passer l'article "bloqué", le nouveau roman dont je vous livrerai ici des extraits est "Crime et Châtiment". J'ai en effet récemment décidé de le relire, 15 ans après. (car, oui, je relis Dostoievski).
Ici, un crime se prépare...
(étant donné le titre du roman, je doute que vous vous considériez spoilés)

Avant, quand il lui arrivait de se représenter tout cela en imagination, il pensait quelquefois qu’il aurait très peur. A présent, il n’avait pas très peur et, même, il n’avait pas peur du tout. Pendant ces instants-là, même, il était occupé par des pensées tout à fait étrangères, toujours pour peu de temps. Longeant le parc Youssoupov, il fut même occupé par une réflexion sur l'agencement de fontaines puissantes et par le fait qu’elles seraient un très bon facteur de rafraîchissement de l’air sur toutes places. Peu à peu, il passa à la conviction que si l'on étendait le jardin d'Eté à tout le champ de Mars et, même, si on le réunissait avec le jardin palais Mikhaïlovski, ce serait une chose splendide et bien utile pour la cité. [...] Là, il se souvint de ses propres promenades sur la place aux Foins, et, en un instant, il reprit conscience.

Crime et Châtiment, Dostoïevski (1884)

Cet extrait me rappelle mon état d'esprit, lorsque, enfant ou adolescent, j'étais sur le point de commettre un menu larcin ou un tour pendable, et que je me surprenais à sembler m'intéresser sincèrement à tel ou tel détail environnant (en réalité, c'était sans doute inconsciemment à la fois pour feindre le naturel et pour amenuiser mon anxiété)

mercredi 26 octobre 2016

Backdrops to movies that were never made

En 2013, je profitais de la sortie d'un album d'Unknown Mortal Orchestra, pour exposer le travail du photographe Jan Kempenaers, qui a parcouru l'ancienne Yougoslavie sur la piste des improbables mémoriaux à la 2nde guerre mondiale.

Je prolonge aujourd'hui cette thématique, avec les "Cosmic Communist Constructions", photographiées par Frédéric Chaubin. Il s'agit de constructions souvent monumentales, aux formes inédites et variées, édifiées pendant les années 70 et 80 dans les républiques d'une URSS sur le déclin.

(Tbilissi, Géorgie) - Ministère des Routes

L'artiste parle du projet sur le site de son éditeur.
(Biélorussie, Minsk) - Faculté d’architecture

(Tbilissi, Géorgie) - Palais des Cérémonies


Anyone’s first trip to New York always comes with a feeling of déjà-vu, as if one were walking onto the set of a movie seen a hundred times. In contrast, there are vestiges of the Soviet Union that seem like backdrops to movies that never hit the screen, because they were never made. A collection of exuberant sets oscillating between audacity and folly. Placed in the middle of nowhere, with no context or norm, some of these buildings really stand out. They seem to have no obvious rationale, to ignore all architectural doctrines. They are like orphan monuments, scattered over the planet of collectivism.
(Yalta, Ukraine) – Hall du Centre de vacances Druzhba

(Aparan, Arménie), Monument de la bataille de Bash Aparan

Frédéric Chaubin. Cosmic Communist Constructions Photographed (2011)

mardi 25 octobre 2016

La pire fiction d'anticipation

Le hasard a voulu que je m'apprêtasse à publier des paroles de Programme... Au moment même où j'apprenais que l'album #3 de Diabologum avait pile 20 ans... (#concordancedestemps)

Changement de programme, donc, avec Les Angles, texte encore inédit sur ce blog.

C'est la pire fiction d'anticipation
version ultra-satisfaction-de-gloutons-dans-l'annihilation
pas de boutons d'interruption
pas de légende
pour seul décor un chat mort pendu à la guirlande
plus quatre angles à chaque intersection
les angles intérieurs et ceux du dehors
les angles des fenêtres et ceux des corridors
les angles des immeubles et ceux des cimetières
les angles de la route
les angles au bas des feux
les angles des tuyaux et ceux des capteurs solaires
le carré-roi, le rectangle au pinacle
les comptoirs, les guichets et tout ce que l'on veut
du sucre en morceaux aux paquets de tabac
de l'histoire du nougat à l'interprétation des rêves
jusqu'au scanner de la nouvelle glande

trop d'angles, on s'étrangle

heureusement il y a la viande
pour arrondir les angles
la viande folle à l'intérieur et au-dehors
aux fenêtres, aux corridors
dans les immeubles et dans les cimetières
la viande folle sur la route
à chaque intersection
aux comptoirs, aux guichets
n'importe où on la veut
celle à manger et celle à croire
ce sont deux façons de le voir

trop de bouffe et on s'étouffe
ou on étouffe.

Diabologum, Les Angles
#3 (Lithium, 1996)

samedi 22 octobre 2016

Bloqué

Ma réaction lorsque je suis malade, et que des amis discutent, dans ma chambre, d'un assassinat (qu'ils ignorent que j'ai commis) 

Raskolnikov se retourna vers le mur, où, sur le papier peint sale et jaune à petites fleurs blanches, il choisit une fleur blanche pataude avec des espèces de petits traits marron, et il se mit à examiner combien elle avait de pétales, ce qu’il y avait comme dentelures sur les feuilles, et combien il y avait de traits droits. Il sentait que ses bras et ses jambes se figeaient, comme s’il n’en avait plus, mais il n’essayait même pas de bouger, il regardait obstinément la fleur.

Crime et Châtiment, Dostoïevski (1884)

samedi 15 octobre 2016

Temps de merde

(à lire avec en tête la voix et la diction de Belmondo)

Messieurs, votre accueil me bouleverse mais ne saurait égarer mon jugement. J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire en connaissance de cause que votre patelin est tarte comme il est pas permis et qu'il y fait un temps de merde !

Henri Verneuil, Un singe en hiver (1962)
(dialogues Michel Audiard)

mercredi 12 octobre 2016

C'est l'ennui

Leader du Klub des Loosers, membre à ses heures perdues du Klub des 7, rappeur versaillais, un poil misanthrope si l'on en juge par ses textes, Fuzati est le roi de la punch line noire ('N'y a t-il que dans les crématoriums qu'on trouve de la chaleur humaine ?").
Son premier album contenait le single fondateur "Sous le signe du V".
On recommandera également chaleureusement de consulter son compte twitter.


Dès sa naissance un Versaillais sait qu'il se devra d'aller très loin
Déjà pour se rendre à la capitale il est obligé de prendre le train
J'ai grandi dans cette ville construite autour d'une petite cabane de chasse
Où le poids de l'histoire te rappelle qu'il faut que tu t'effaces
Afin de rentrer dans un rang d'enfants tous très sympas
Dont les principaux passe-temps sont le scoutisme et le bénévolat
Le carcan social est lourd, tout comme "la masturbation rend sourd"
C'est ce qu'ils me répétaient au catéchisme après les cours
Jamais un Versaillais ne sera capable de faire de mal à une mouche
C'est impossible puisqu'au fond de lui il respecte bien trop la vie
Moi c'est en grandissant à leurs côtés que je suis devenu
Un fervent défenseur en faveur de l'avortement ainsi que de l'euthanasie
Pour savoir à quoi ressemble une ville de province dans les années soixante
Il n'y a pas besoin d'inventer de machine à remonter dans le passé
En partant de Paris il suffit de prendre le bon RER C
Je suis inquiet, toutes les rues d'ici semblent avoir une maladie
Je ne suis pas docteur ès villes mais je crois bien que c'est l'ennui


Nés sous le signe du V


Peut-être que ma ville n'est pas Hip-Hop
Mais il y a quand même plusieurs taggeurs
Le plus présent est sans nul doute celui qui signe partout « Vive le Roy »
Il y a aussi « La France aux Français » mais son style est nettement plus démodé
Le soir il n'y a rien à faire à part prendre des verres Place du Marché
Si les parents de François s'absentent il y aura sans doute un squat organisé
Nous y descendrons quelques packs de Kro en écoutant du rock et fumant des
[joints
Il n'y aura sûrement pas de filles mais l'alcool et la drogue c'est déjà bien
Car nous sommes des rebelles sans causes depuis que l'argent nous les a
[enlevées
Certains vivent même dans des camions et font de la Techno dans la forêt
Et chaque jeune a dans son placard un T-shirt à l'effigie du Che
Même si la plupart sont incapable de pouvoir expliquer qui il est
Enfermés dans leurs chambres Jean-Benoît et Nicolas écoutent les Pink Floyd
En rêvant de fonder un groupe de rock pour pouvoir vivre de leur musique
Mais perdus entre les 3 Avenues ils entendent la ville leur chuchoter
Qu'un vrai métier c'est architecte ou professeur de mathématiques


Nés sous le signe du V


Tous sont persuadés de faire partie d'une élite éduquée
Alors que tous se piquent leur place dans la queue de la boulangerie ou du
[marché
Je ne connais pas d'autre endroit où à 40 ans les femmes portent encore le
[serre-tête en velours
Attendent un douzième enfant et vont se confesser tous les jours
C'est d'ailleurs ici que plein de jeunes ont rencontré Notre Seigneur Jésus
J'ai beau arpenter les rues, pas de chance je ne l'ai jamais vu
Marie-Charlotte aimerait me faire croire qu'elle a quelques amis basanés
Mais ce ne sont que Pierre et Louis qui rentrent bronzés de l'Ile de Ré
Dans la bibliothèque municipale le temps semble soudain s'être arrêté
Ce qui n'empêche personne de réviser pour Sciences-Po ou HEC
Ici bizarrement il y a des choses dont on ne parle pas
Comme du nombre de jeunes qui chaque année se suicident en classe prépa
Ils pourront dire tout ce qu'ils veulent sur le 11 Septembre et ses évènements
Pour moi ce ne sont que des Versaillais voulant capter l'attention de leurs
[parents
Je pourrais partir vingt ans à mon retour rien n'aurait changé
Quoi qu'il advienne je porte en moi d'être né sous le signe du V

Klub des Loosers, Sous le signe du V
Vive La Vie (Recordsmaker, 2004)

lundi 10 octobre 2016

Une façon de mourir sur place


Il n'y a pas de bonnes habitudes... L'habitude, c'est une façon de mourir sur place.

Henri Verneuil, Un singe en hiver (1962)

vendredi 7 octobre 2016

Movie poster of the Week

"Epoustouflant" est l'adjectif qui m'est venu à la sortie du visionnage de "The Strangers", film coréen signé Na Hong-jin.  Le film démarre sur des bases scénaristiques connues (n'était-ce le peu d'empressement que témoigne le policier appelé sur le lieu d'un crime), avant de brouiller les pistes pour en emprunter de nouvelles (ou fausses).

Impressions sonores et visuelles s'y succèdent, le film arrivant à trouver un nouveau souffle en son sein (on pense aux magistraux "Entre le ciel et l'Enfer" (Kurosawa) et "Touch of Sin" (King Hu), longs films repartant de plus belle alors qu'on les croit sur le point de se terminer)

Movie poster of the Week... 
...Movie of the Year ?

the Strangers, Na Hong-jin (2016)

mardi 4 octobre 2016

Le bonheur, c'aurait dû être quelque chose de différent

Dans cette nouvelle, Henry James nous livre le journal d'un homme revenu en Italie, et replongé dans les souvenirs d'une romance interrompue de sa jeunesse.
"Retour à Florence" est l'histoire d'une erreur prégnante.

J'avoue que je suis surpris. J'ai mené une vie trop sérieuse ; mais cela, après tout, conserve peut-être la jeunesse. Quoiqu'il en soit, j'ai voyagé trop loin, j'ai travaillé trop dur. J'ai vécu sous des climats brutaux, et me suis associé à des gens épuisants. Quand un homme a atteint sa cinquante-deuxième année sans être tout à fait usé, quand il jouit d'une bonne santé, d'une jolie fortune, d'une conscience en ordre, et d'une totale dispense de parents encombrants, je suppose qu'il est tenu, par délicatesse, d'écrire qu'il est heureux. Mais j'avoue que j'esquive cette obligation. Je n'ai pas été malheureux, je n'irais pas jusqu'à dire cela, du moins jusqu'à l'écrire. Mais le bonheur, le bonheur effectif, aurait dû être quelque chose de différent. Je ne sais pas si, tout compte fait, c'aurait été quelque chose de mieux, et si cela m'aurait laissé dans un meilleur état aujourd'hui. Mais cela aurait certainement fait cette différence que je n'aurais pas été réduit, poursuivant une image séduisante, à exhumer un épisode enterré voilà plus d'un quart de siècle. J'aurais trouvé une distraction  plus comment dirai-je? — plus contemporaine. J'aurais eu une femme et des enfants, et je n'aurais pas été d'humeur à faire (pour parler comme les Français) des infidélités au présent.

Bien sûr, c'est un grand avantage que d'avoir gagné la liberté, et de ne pas avoir commis une énorme sottise. Et je suppose que, quelle que soit l'importance du pas qu'on puisse avoir fait à vingt-cinq ans. après un combat, et avec un effort violent, et de quelle manière que se trouve justifiée par les événements la conduite qu'on a pu avoir, il restera toujours un certain élément de regret, un certain sentiment de privation embusqué dans le sentiment des avantages, une tendance à imaginer, avec bien des vœux, ce qui aurait pu être. Ce qui aurait pu être, dans ce cas précis, aurait été, sans aucun doute, très triste, et ce qui a été l'a été d'une façon confortable et allègre. Mais il y a néanmoins deux ou trois questions que je devrais me poser. Pourquoi, par exemple, ne me suis-je jamais marié ? Pourquoi n'ai-je jamais été capable d'être pris par aucune femme comme j'ai été pris par elle ? Ah, pourquoi les montagnes  sont-elles bleues,  et  pourquoi   les rayons du soleil sont-ils chauds? Bonheur mêlé de conjectures importunes, voilà mon lot.

Henry James, Retour à Florence (1879)

lundi 3 octobre 2016

Let me live before I die

I was wasting my time
Trying to fall in love
Disappointment came to me and
Booted me and bruised and hurt me

But that's how people grow up
That's how people grow up

I was wasting my time
Looking for love
Someone must look at me
and see their sunlit dream

I was wasting my time
Praying for love
For the love that never comes from
Someone who does not exist and

That's how people grow up
That's how people grow up

Let me live before I die
Oh, not me, not I

I was wasting my life
Always thinking about myself
Someone on the deathbed said
"There are other sorrows too"

I was driving my car
I crashed and broke my spine
So yes, there are things worse in life than
Never being someone's sweetie

That's how people grow up
That's how people grow up

As for me I'm ok
For now anyway

Morrissey - That's How People Grow Up
Years of Refusal (Polydor, 2009)