vendredi 30 septembre 2016

Cursed

You ever feel cursed?

Stranger Things (S01E02)
the Duffer Brothers (2016)

dimanche 25 septembre 2016

Le récit véridique de votre vie est déjà sur internet

Mon atypique professeur de français de 1ère - qui me semblait à l'époque loin d'être parmi les plus brillants ou captivants, m'a tout de même laissé quelques souvenirs et connaissances durables. 
Il y a par exemple cette citation de Baudelaire, qu'il se plaisait à rappeler : "Le beau est toujours bizarre" (*)... mais il m'a surtout permis de faire connaissance de Jorge Luis Borges, et de sa bibliothèque de Babel.

5 ans après avoir annoncé vous en parler dans ces colonnes, je m'exécute donc seulement aujourd'hui. Le concept de bibliothèque de Babel est simple, mais néanmoins vertigineux si on prend le temps d'y réfléchir.

[Ceci permit] à un bibliothécaire de génie de découvrir la loi fondamentale de la Bibliothèque. Ce penseur observa que tous les livres, quelque divers qu'ils soient, comportent des éléments égaux : l'espace, le point, la virgule, les vingt-deux lettres de l'alphabet. Il fit également état d'un fait que tous les voyageurs ont confirmé : il n’y a pas, dans la vaste Bibliothèque, deux livres identiques. De ces prémisses incontroversables il déduisit que la Bibliothèque est totale, et que ses étagères consignent toutes les combinaisons possibles des vingt et quelques symboles orthographiques (nombre, quoique très vaste, non infini), c'est-à-dire tout ce qu'il est possible d'exprimer, dans toutes les langues. Tout : l'histoire minutieuse de l'avenir, les autobiographies des archanges, le catalogue fidèle de la Bibliothèque, des milliers et des milliers de catalogues mensongers, la démonstration de la fausseté de ces catalogues, la démonstration de la fausseté du catalogue véritable, l'évangile gnostique de Basilide, le commentaire de cet évangile, le commentaire du commentaire de cet évangile, le fait véridique de ta mort, la traduction de chaque livre en toutes les langues, les interpolations de chaque livre dans tous les livres, Quand on proclama que la Bibliothèque comprenait tous les livres, la première réaction fut un bonheur; extravagant. Tous les hommes se sentirent, maîtres d'un essor intact et secret. Il n’y avait pas de problème personnel ou mondial dont l'éloquente solution n’existât quelque part : dans quelque hexagone. L'univers se trouvait justifié, l’univers avait brusquement conquis les dimensions illimitées de l'espérance. En ce temps-là, il fut beaucoup parlé des Justifications : livres d'apologie et de prophétie qui justifiaient à jamais les actes de chaque homme et réservaient à son avenir de prodigieux secrets. Des milliers d'impatients abandonnèrent le doux hexagone natal et se ruèrent à l'assaut des escaliers, poussés par l’illusoire dessein de trouver leur Justification. Ces pèlerins se disputaient dans les étroits couloirs, proféraient d'obscures malédictions, s'étranglaient entre eux dans les escaliers divins, jetaient au fond des tunnels les livres trompeurs, périssaient précipités par les hommes des régions reculées. D'autres perdirent la raison...

Jorge Luis BorgesLa Bibliothèque de Babel (1941)


Cette bibliothèque contient donc tous les ouvrages possibles, parmi lesquels naturellement une écrasante majorité de textes abscons, mais également toutes les vérités et contre-vérités, tous les chefs d'oeuvre passés et futurs, votre destinée, et même ce texte !


Si j'écris cet article, c'est aussi parce que, chose INCROYABLE, cette bibliothèque infinie existe... ...sur internet

Vous pouvez donc au choix parcourir ses rayonnages, ou vous servir du moteur de recherche pour tenter de trouver des informations pertinentes vous concernant.
Le concept a même été étendu, puisque la bibliothèque est désormais doublée d'une photothèque
(avec toutes les images possibles et imaginables, dont celles de votre naissance, mariage et décès)
Vertigineux, disais-je...
[via]

Et pour revenir à Baudelaire, voici ce qu'il écrivait :
Le beau est toujours bizarre. ... Je dis qu' il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie naïve, non voulue, inconsciente, et que c' est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement Beau. C'est son immatriculation, sa caractéristique.

vendredi 23 septembre 2016

Life is unfair, kill yourself or get over it

"Child Psychology" est le premier single de Black Box Recorder (1998), nouveau groupe emmené par Luke Haines, connu et reconnu grâce à the Auteurs et Baader Meinhof. Le refrain a valu à ce morceau d'être banni des radios anglaises (hors XFM), et d'être amputé sur les radios américaines (puisque sorti peu après le massacre de Colombine)

Aussi percutante qu'elle soit, il ne faut cependant pas réduire les paroles à cette unique maxime.


I stopped talking when I was six years old
I didn't want anything more to do with the outside world
I was happy being quiet
But of course they wouldn't leave me alone
My parents tried every trick in the book
From speech therapists to child psychologists
They even tried bribery
I could have anything, as long as I said it out loud

Life is unfair, kill yourself or get over it

Of course this episode didn't last forever
I'd made my point and it was time to move on
To peel away the next layer of deceit
And see what new surprises lay in store
My school report said I showed no interest
'A disruptive influence' I felt sorry for them in a way
And when they finally expelled me
It didn't mean a thing

Life is unfair, kill yourself or get over it

The November when I came home the Christmas decorations were already up
Spray on snow, coloured flashing lights
And an artificial tree that played Silent Night
Over and over again
My parents welcomed me with loving arms
But within an hour were back at each others throats
Normal, happy childhood back on course
Batteries not included

Life is unfair, kill yourself or get over it

Black Box Recorder, Child Psychology
England made me (Chrysalis, 1998)
-
Luke Haines poursuit aujourd'hui sa carrière solo (avec plus ou moins de réussite) : son prochain album (Smash the System) paraîtra courant octobre

samedi 17 septembre 2016

The understanding of form and colour

The predisposition to carve is not enough, there must be a positive living and moving towards an ideal. The understanding of form and colour in the abstract is an essential of carving or painting; but it is not simply the desire to avoid naturalism in the carving that leads to an abstract work. I feel that the conception itself, the quality of thought that is embodied, must be abstract - an impersonal vision individualised in the particular medium

Barbara Hepworth, sculptrice britannique (1936)

Citation lue dans le musée qui lui est consacré,
à St Ives (Cornouailles, Angleterre)

mardi 13 septembre 2016

dimanche 11 septembre 2016

We are in the pre-world dark again

Jason Molina (Songs Ohia, Magnolia Electric Co.) est décédé le 16 mars 2013. J'ai un peu peur qu'il soit oublié. Est-ce que la postérité en parlera comme d'un grand songwriter, ou bien son oeuvre disparaîtra-t-elle avec ceux qui l'ont écouté?

Qui se souvient d'Amalgamated Sons of Rest? Album regroupant Jason Molina, Will Oldham et Alasdair Roberts, soit le casting de rêve pour l'amateur de folk que j'étais (et que je reste). Les chansons ont été enregistrées dans le Kentucky, dans la ferme de Paul Oldham (frère de Will, l'un des "Palace Brothers", donc). En 2001. Septembre 2001. 

J'ai déjà évoqué le 11 septembre dans ces colonnes (cf. L'amour par tous les temps), je laisse donc la parole à Alasdair Roberts. Il se souvient...

Suivent le magnifique morceau écrit par Jason Molina au lendemain du "9/11", ainsi que ses paroles.

The late Jason Molina and I had met a few times in England (when Jason was studying for a period in London) and in Scotland (Glasgow, where I lived then as now), after being introduced to one another by Will Oldham in late 1995. The recording session by Jason, Will, Will’s brother Paul and me was Jason’s idea originally. The prospect of working together with these musicians whose work I admired, and who were also cool people, was very exciting; so that’s how I found myself in Paul’s Kentucky farmhouse that historic weekend in 2001.

Of course, what made that weekend historic was certainly not this humble meeting of musical minds; rather, it was the fact that it coincided with the unanticipated and awful events of the September 11th 2001 terrorist attacks and the collapse of the World Trade Center. I am convinced that my memory of that period has been heightened by this coincidence; I have a strong recollection of Jason, Will, Paul and me recording on the evening of 10th September. I remember the warm southern evening sunshine (a particular delight for one accustomed to Scottish autumn weather), streaming through the window and infusing everything in the room with a kind of preternatural glow, as we recorded a version of Owen Hand’s wonderful song ‘My Donal.’ Will was playing a Nord synth and singing, Paul was on drums, Jason played bass guitar and I was playing Paul’s bright blue Telecaster. I remember walking by the barns that evening and seeing row upon row of tobacco drying, shining golden and lovely in the twilight. But none of us was to know that that would be, in some sense, the last twilight of an old world.

Jason woke me at about 10am the following morning with the words: ‘Ali, you should come downstairs. Something really bad is happening.’ My initial thought was that perhaps someone in the household had been injured or had fallen seriously ill. And so I went downstairs to confront the new global reality. Most of the rest of the day was spent watching the television news in numbed disbelief; in the evening we dined and talked together with some other members of the Oldham family. And then it seemed that the only thing to do was to carry on as normal – to pour ourselves a large Highland Park each and to make rock and roll, like we were born to do. So that’s how this piece of music came about – it was a spontaneous response from Jason’s soul to the unimaginably terrible events of that day, and it was one in which he invited Will (on piano), Paul (on Nord synth), me (on bowed mountain dulcimer) and every listener to cast their own offering.





That's all
That's all
Look what it got us
That's all
Look what it got us
We're in the pre-world dark again
We're in the pre-world dark again
We can hear them ringing the rescue bells

It's like a tempest
Hear the bells
Then nothing
Take ten paces out across the stark black earth

Ocean's face, city's face
Are the deserts' faces
Looks like shipwrecks on the moon
The moon earth-bound in flames
Then the pre-world darkness again
Then the pre-world darkness again
Someone tell me how
How to bring it down
Constellation
Of the blue gospel flame

Let it burn above us
Burn right through
The shadows on the red, white, and blue
And red, and red, red
Someone cast an offering
To the weeping wind
Someone cast an offering
To the weeping wind
[Ali, cast your offering]
[Paul, cast your offering]
[Will, cast your offering]
To the weeping wind
Call in the flames
Blue gospel flame
Where are the blue gospel flames?


Jason Molina ft. Will Oldham, Alasdair Roberts - September 11, 2001

vendredi 9 septembre 2016

Album Cover of the Week

Wilco, Schmilco (Dbpm Records, 2016)

Pour son nouvel album, Wilco a fait appel à l'artiste Joan Cornella, connu pour ses strips WTF. Celui utilisé pour la pochette de Schmilco est d'ailleurs présent dans son nouveau recueil :



En bonus, quelques autres planches :

jeudi 8 septembre 2016

Au nom de l'amour

Sonate d'automne, suite.
Ouais, je sais, ça rigole pas...

Une mère et une fille, quel effroyable amalgame de sentiments, de confusion et de destruction. Tout est possible, tout se passe au nom de l'amour. Il faudra que les infirmités de la mère soient transmises à la fille, que la fille paye pour les déceptions de la mère, que le malheur de la mère soit le malheur de la fille, comme si le cordon ombilical n'avait jamais été coupé. Le malheur de la fille, c'est le triomphe de la mère, le chagrin de la fille, la volupté secrète de la mère.

Ingmar Bergman, Sonate d'automne (1978)

mardi 6 septembre 2016

Fertility

Petite sélection d'oeuvres vues au Musée Van Gogh à Amsterdam

Vincent Van Gogh, the harvest (1888)

Vincent Van Gogh, Landscape at Twilight (1890)

Edvard Munch, Fertility (1902)

Vincent van Gogh, Undergrowth (1889)

KandinskyAutumn landscape with boats (1908)

Matisse, Intérieur à Collioure (1905)