dimanche 29 novembre 2015

Ce monde qui peu à peu se dévoilait à ses yeux

Dans "Résurrection", le lecteur assiste à l'éveil de la conscience sociétale du personnage principal (Nekhlioudov). Loin d'être confuses, ses pensées lui apparaissent "extraordinairement agiles et claires".


Et lui-même, effrayé de ce monde qui peu à peu se dévoilait à ses yeux, s'étonnait de l'avoir ignoré si longtemps, et de ce que les autres l'ignorassent encore.

Juré d'un procès, Nekhlioudov s'interroge ici sur l'efficacité, et le bien fondé de la prison (lire également à ce sujet les carnets de la maison morte de Dostoievski)


Même si ce garçon était de tous les êtres se trouvant dans cette salle le plus dangereux pour la société, en raisonnant sainement, que devrait-on faire de lui, maintenant qu’il s’est laissé prendre ?

Il est certain que ce n’est pas un criminel de profession, mais un homme comme les autres et qui en est arrivé là seulement parce qu’il s’est trouvé placé dans des circonstances qui engendre des individus semblables. Aussi est-il clair que, pour éliminer de tels êtres, on doit s’efforcer de supprimer les circonstances qui leur donnent naissance.

Or, que faisons-nous? Nous nous saisissons au hasard d'un de ces malheureux, en sachant fort bien que des milliers d'autres restent en liberté. Nous les jetons en prison, où ils sont contraints soit à une oisiveté totale, soit à un travail malsain et stupide en compagnie de gens comme eux affaiblis et brisés par la vie. Puis, mêlés aux plus dépravés criminels, nous les déportons aux frais de l’Etat, du gouvernement de Moscou dans celui d'Irkoutsk.

Nous ne faisons rien pour supprimer les conditions qui créent de tels êtres. Bien plus, nous favorisons les établissements dans lesquels elles prennent naissance. Ces établissements : les usines, les fabriques, les ateliers, les restaurants, les cabarets, les maisons de tolérance, sont bien connus de tout le monde. Non seulement nous ne les supprimons pas, mais nous les jugeons indispensables, nous les protégeons, nous veillons à leur bon fonctionnement.

Nous formons ainsi non pas un, mais des milliers de criminels, et lorsque nous en avons empoigné un, nous nous imaginons avoir fait quelque chose, avoir mis une barrière entre lui et nous. En le transportant du gouvernement de Moscou dans celui d’Irkoutsk, nous croyons avoir accompli notre devoir. [...] Nous les gens qui ne manquons rien, nous les riches, les cultivés, nous ne nous préoccupons pas de supprimer les causes, mais nous voulons tout arranger en le condamnant! C'est horrible. On ne sait s'il y a ici plus de cruauté ou de stupidité. Mais il me semble que l'une et l'autre sont poussées à leurs limites extrêmes"

Tolstoï, Résurrection (1899)

mercredi 25 novembre 2015

Album Cover of the Week

De la couleur, pour annoncer ma sélection des plus belles pochettes de l'année, qui sera publiée ici-même la première semaine de Décembre. Suivra mon palmarès album 2015.

Stealing sheep, Not real (Heavenly recordings)

samedi 21 novembre 2015

Living in fear

Quite an experience to live in fear, isn't it? That's what it is to be a slave.

Blade Runner, Ridley Scott (1982)

jeudi 19 novembre 2015

Quelque part en Savoie

(un peu l'image que je me fais de la Mongolie... les remonte-pentes en moins )

mercredi 18 novembre 2015

Anthem for doomed youth

C'aura été difficile, en ce début de semaine, de ré-écouter de la musique et de l'apprécier comme si de rien n'était. Surtout de trouver quelque chose capable, soit de coller à l'humeyr, soit d'y contrevenir. Le salut sera venu des Libertines, et de leur dernier album.



All I want is to scream out loud
And have it up with a mental crowd
Cause I believe somehow
The world's fucked but it won't get me down


the Libertines, barbarians
Anthems for Doomed Youth (Mercury, 2015)

jeudi 12 novembre 2015

Sometimes I just won't go

Sometimes I get so sad
Sometimes you just make me mad

It's a sad and beautiful world
It's a sad and beautiful world

Sometimes I just won't go
Sometimes I can't say no

It's a sad and beautiful world
It's a sad and beautiful world

Sometimes days go speeding past
Sometimes this one seems like the last

It's a sad and beautiful world
It's a sad and beautiful world

Sparklehorse, sad and beautiful world
Vivadixiesubmarinetransmissionplot (Capitol, 1995)


*
*        *

Pitchfork consacrait la semaine dernière un long et bel article à Mark Linkous de Sparklehorse. Il donne un bel éclairage sur ce que fût sa vie, sa musique... et sa mort (il devait mettre fin à ses jours le 6 mars 2010).
C'est à lire ici.

Linkous circa 2007. Photo by Timothy Saccenti

dimanche 8 novembre 2015

Man on the Moon

Près de 55 ans après la première incursion de l'Homme dans l'Espace, sa présence désormais continue (?) a tendu à banaliser une aventure restant pourtant sensationnelle. Des oeuvres de fiction récentes (Gravity, Interstellar) ont ré-introduit des images époustouflantes et ainsi réanimé l'imaginaire lié à l'espace. 
C'est dans ce contexte qu'on a dernièrement pu découvrir sur flickr plus de 8000 photos HD des missions lunaires de la NASA.


Un internaute en a compilé certaines dans une séquence en stop motion... et c'est "la vidéo du dimanche soir" 
(rubrique exsangue, avouons-le)

(à voir en plein écran... et éventuellement en coupant le son)

vendredi 6 novembre 2015

L’heure du loup


L’heure du loup, c’est l'heure où la nuit fait place au jour. C’est l'heure où la plupart des mourants s'éteignent, où notre sommeil est le plus profond, où nos cauchemars sont les plus riches. C'est l’heure où celui qui n'a pu s'endormir affronte sa plus violente angoisse, où les fantômes et les démons sont au plus fort de leur puissance.

L'heure du loup, Ingmar Bergman (1966)

mercredi 4 novembre 2015

Come Rain or Come Shine

La Slow Galerie fête ces jours-ci ses 2 ans. Pour cet anniversaire, 51 artistes célèbrent le Slow, en illustrant chacun une chanson.

Je publie ici une sélection resserrée d'affiches, et vous propose "Come Rain or Come Shine" de Chet Baker en guise de bande-son.
L'ensemble des affiches est bien entendu visible au 5 rue Jean-Pierre Timbaud (à Paris).

(Everybody hurts, REM) par Laurent Duvoux
(Come rain or come shine, Chet Baker) par Flore Kunst
(Killing me softly, Fugees) par CIAOMINISH
(Reality, Richard Sanderson) par Clémence Thienpot

dimanche 1 novembre 2015

That stupid man suit

Donnie: Why do you wear that stupid bunny suit?
Frank: Why are you wearing that stupid man suit?


Donnie Darko (Richard Kelly, 2001)