mercredi 29 juin 2011

World Unite Lucifer Youth Foundation

Il ne faut pas confondre:

Wye Oak,
sympathique duo folk rock de Baltimore

et Wu Lyf, le collectif de Manchester qui vient de sortir un album assez sidérant:
Go Tell Fire To The Mountain

En termes de pochettes d'album, attention à ne pas mélanger leurs visuels avec ceux de Iceage.



Wu Lyf, Dirt (PIAS, 2011)
Wu Lyf, Go Tell Fire To The Mountain (PIAS, 2011)
www.wulyf.org
Iceage, New Brigade (What's your rupture?, 2011)

mardi 28 juin 2011

Plus de rôle à jouer, plus de grimace


Tu crois que je ne te comprends pas? Rêver vainement d'être. Pas de paraître, mais d'être, réellement. À chaque instant, consciente, vigilante. Pourtant un abîme sépare ce qu'on est pour les autres et pour soi-même. Sensation de vertige et désir constant d'être enfin découverte, d'être mise à nu, découpée en morceaux et peut-être même anéantie. Chaque intonation, un mensonge, chaque geste, une tromperie, chaque sourire, une grimace. Se suicider? Oh non, c'est affreux. Ca ne se fait pas. Mais on peut refuser de parler. Ne plus bouger. Au moins, on ne ment pas. On peut se replier, se refermer sur soi. Alors plus de rôle à jouer, plus de grimace à faire, plus de geste faux. Du moins, on croit. Mais la réalité est obstinée. Ta cachette n'est pas étanche. La vie s'infiltre de l'extérieur et tu es obligée de réagir. Personne ne se demande si c'est réel ou non, si tu es authentique ou fausse. Il n'y a qu'au théâtre que ces questions comptent. Et encore... Je te comprends, Elisabet. Je comprends que tu te taises, que tu sois immobile, que tu aies créé une partition imaginaire à partir de cette apathie. Je te comprends et je t'admire. Tu devrais jouer ce rôle jusqu'à l'avoir épuisé. Qu'il ait perdu tout son intérêt pour toi. Ensuite tu l'abandonneras. Comme tu as quitté tes autres rôles les uns après les autres.

Ingmar Bergman, Persona (1966)

lundi 27 juin 2011

Salon des Amateurs

Il y a deux artistes du catalogue de Fat Cat que je souhaite voir en concert tout particulièrement. Ces deux artistes sont deux pianistes d'origine allemande, Max Richter et Hauschka (tous deux d'ailleurs multidiffusés dans Top Tape).

Alors qu'ils semblaient jusqu'à présent soigneusement éviter la france, ce dimanche, l'un d'eux, Hauschka était à l'affiche du rendez-vous mensuel "Ambiant Sunday" à la gaîté lyrique.

Haushka aka Volker Bertelmann a pour particularié de customiser son piano à mesure qu'il joue. Il dispose ainsi sur les cordes Gaffer, baguettes, sac de billes, balles de ping pong, tambourins, objets métalliques parfois vibrants, et modifie ainsi les sonorités du piano, apportant résonances, percussivité ou bruits d'ambiance.


On jure qu'il y a un truc, puis non, lorsque, pour un dernier morceau, Hauschka ôte un par un tous les artifices (cf. photo ci-dessous), le piano à queue retrouve ses sonorités si pures.



Ne reste plus maintenant à Volker Bertelmann que de revenir à Paris accompagné de ses deux batteurs (l'un de calexico, l'autre de Múm), et peut-être même d'un violon et d'un violoncelle. Si c'est le cas, il me semble qu'un concert non amplifié pourrait faire merveille.

A part ça, j'ai profité de cette fête du cinéma pour voir Animal Kingdom, mais j'y reviendrai plus tard, je veux déjà finir de vous parler de Persona.

Hauschka, Salon des Amateurs (Fat Cat, 2011)

dimanche 26 juin 2011

L’instinct grégaire

116. Instinct de troupeau - Partout où nous rencontrons une morale, nous rencontrons une évaluation et un classement hiérarchique des instincts et actes humains. Ces classements et ses évaluations sont toujours l’expression des besoins d’une communauté, d’un troupeau : c’est ce qui profite au troupeau, ce qui lui est utile au premier chef – et au second, et au troisième-, qui sert aussi de mesure suprême de la valeur de tout individu. La morale enseigne à celui-ci a être en fonction du troupeau, à ne s’attribuer de valeur qu’en fonction de ce troupeau. Les conditions de conservation variant beaucoup d’une communauté à l’autre, il en est résulté des morales très différentes; et, si l’on considère toutes les transformation essentielles que les troupeaux et les communautés, les Etats et les Sociétés sont encore appelés a subir, on peut prophétiser qu’il y aura encore des morales très divergentes. La moralité, c’est l’instinct grégaire chez l’individu.

Friedrich Nietzsche, Le gai savoir (1882)

A lire également, le paragraphe 117. Remords grégaires

jeudi 23 juin 2011

Cover of the Week

Pas franchement récente...
Florence and the Machine, Dogs Day Are Over (AZ, 2009)

mercredi 22 juin 2011

I'm just here to help you

La Suède, ses lacs, ses habitations typiques, les peintures de Zorn... Quoi d'autre? Ses forêts, Herman Düne? Ca vient.
Ingmar Bergman? Oui.


Avant d'extraire des dialogues comme il est de coutume sur ce blog, des images... Car "Persona", c'est d'abord des regards.



Il y a ce visage d'Elisabet Vogler (Liv Ullman), allongée, que je choisis ici de redresser..


Ingmar Bergman, Persona (1966)


lundi 20 juin 2011

Il ne faut pas confondre

Les norvégiens de Kakkmaddafakka, dont le deuxième album (produit par l'ami Erlend Oye) pourrait bien nous faire danser tout l'été. La preuve plus bas.


Les écossais de Dananananaykroyd, avec leur pop criarde et survitaminée


et les frenchies de the popopopops (vainqueurs de cqfd 2009), dont la photo ci-dessous mériterait d'être actualisée


En plus de ne les pas confondre, il convient évidemment de bien prononcer leurs noms !


Je referme ce post par le tube de l'été, signé Kakkmaddafakka: Restless.
(en réalité, c'est là que je voulais en venir)

Une vidéo qui m'aura fait redécouvrir Wonder Woman, que je ne voyais pas tout à fait ainsi, étant enfant.



Je trouve ça Wonderful...


dimanche 19 juin 2011

la lumière de demain

Quand je lis ce précédent texte de Nietzsche vantant le bonheur et raillant ses propres souffrances, je ne peux m'empêcher de citer Alain, toujours avec cette idée que "la tristesse n'est jamais ni noble, ni belle, ni utile", n'en déplaise aux Romantiques.

Je dis "toujours" parce qu'il me semble avoir déjà cité cette phrase (marquante) sur ce blog. Les "propos sur le bonheur" d'Alain (aka Emile Chartier), c'est un peu la friandise philosophique par excellence: Ca se lit tout seul, pour un bénéfice immédiat (sur le plan des connaissances, comme sur le plan pratique de la vie et des pensées). Je l'ai lu au milieu de ma vingtaine, de sorte que j'avais déjà fait l'expérience de certains des thèmes (ou pièges) abordés... En fait, je serais limite d'avis d'en recommander la lecture à tout un chacun, genre à 18-20 ans.

Bon, évidemment, "Propos sur le bonheur", ça sonne un peu comme un article de magazine féminin, ou comme quantité de méthodes qui peuplent le rayon bien-être des librairies. Mais c'est plus que ça. Après tout, vous en jugerez: A la faveur d'un pdf trouvé sur internet, il est probable que je cite les passages multi-surlignés de ma version papier.

Voici donc en guise de premier extrait, le "propos" dont est tirée la citation ci-dessus. Ainsi vous aurez le cheminement complet de sa pensée.

Il y a une bonté qui assombrit la vie, une bonté qui est tristesse, que l'on appelle communément pitié, et qui est un des fléaux humains. Il faut voir comment une femme sensible parle à un homme amaigri et qui passe pour tuberculeux. Le regard mouillé, le son de la voix, les choses qu'on lui dit, tout condamne clairement ce pauvre homme. Mais il ne s'irrite point ; il supporte la pitié d'autrui comme il supporte sa maladie. Ce fut toujours ainsi. Chacun vient lui verser encore un peu de tristesse ; chacun vient lui chanter le même refrain : « Cela me crève le cœur, de vous voir dans un état pareil. »
Il y a des gens un peu plus raisonnables, et qui retiennent mieux leurs paroles. Ce sont alors des discours toniques : « Ayez bon courage ; le beau temps vous remettra sur pied. » Mais l'air ne va guère avec les paroles. C'est toujours une complainte à faire pleurer. Quand ce ne serait qu'une nuance, le malade la saisira bien ; un regard surpris lui en dira bien plus que toutes les paroles.
Comment donc faire ? Voici. il faudrait n'être pas triste ; il faudrait espérer ; on ne donne aux gens que l'espoir que l'on a. Il faudrait compter sur la nature, voir l'avenir en beau, et croire que la vie triomphera. C'est plus facile qu'on ne croit, parce que c'est naturel. Tout vivant croit que la vie triomphera, sans cela il mourrait tout de suite. Cette force de vie vous fera bientôt oublier le pauvre homme ; eh bien, c'est cette force de vie qu'il faudrait lui donner. Réellement, il faudrait n'avoir point trop pitié de lui. Non pas être dur et insensible. Mais faire voir une amitié joyeuse. Nul n'aime inspirer la pitié ; et si un malade voit qu'il n'éteint pas la joie d'un homme bon, le voilà soulevé et réconforté. La confiance est un élixir merveilleux.
Nous sommes empoisonnés de religion. Nous sommes habitués à voir des curés qui sont à guetter la faiblesse et la souffrance humaines, afin d'achever les mourants d'un coup de sermon qui fera réfléchir les autres. Je hais cette éloquence de croque-mort. Il faut prêcher sur la vie, non sur la mort ; répandre l'espoir, non la crainte ; et cultiver en commun la joie, vrai trésor humain. C'est le secret des grands sages, et ce sera la lumière de demain. Les passions sont tristes. La haine est triste. La joie tuera les passions et la haine. Mais commençons par nous dire que la tristesse n'est jamais ni noble, ni belle, ni utile.

Alain, Propos sur le Bonheur (1925)

j'ai l'audace de crayonner, moi, mon bonheur

56. Le Désir de souffrir. - Quand je songe au désir de faire quelque chose qui chatouille et stimule sans cesse des millions de jeunes Européens dont nul ne peut supporter ni l'ennui ni lui-même, je me rends compte qu'il doit y avoir en eux un désir de souffrir à tout prix afin de tirer de cette souffrance une raison probable d'agir, de faire de grandes chose. Il faut de la souffrance ! D'où les cris des homme politiques, d'où les innombrables « détresses » de toutes les classes possibles, calamités menteuses, fabriquées et enflées, et l'aveugle empressement qu'on apporte à y croire. Ce jeune monde exige que ce soit du dehors que lui arrive ou qu'apparaisse… non pas le bonheur, mais le malheur ; son imagination s'affaire déjà d'avance à lui donner les proportions d'un monstre afin de pouvoir lutter ensuite avec un monstre. Si ces assoiffés de souffrance sentaient en eux assez de force pour se « bienfaiteuriser » eux-mêmes, sans le concours du monde extérieur, pour se faire quelque chose à eux-mêmes, ils sauraient aussi du dedans se créer une misère hautement personnelle. Leurs inventions pourraient alors être plus subtiles, leurs sensations rendre le son de la bonne musique ; tandis qu'en attendant ils remplissent le monde de leur cri de détresse et, trop souvent, par ricochet, du sentiment de la détresse qui n'existeraient pas sans eux ! Ils ne savent rien faire d'eux-mêmes... c'est pourquoi ils crayonnent au mur le malheur des autres ! Et d'autres autres, à l'infini !... Je vous demande pardon, mes amis ; j'ai eu l'audace de crayonner, moi, mon bonheur.

Friedrich Nietzsche, Le gai savoir (1882)


voir aussi (312. Mon chien), pour la façon dont Nietzsche traite sa propre souffrance (ou "douleur", dans certains traduction):

J’ai donné un nom à ma souffrance: je l’appelle “chien”... Elle est tout aussi fidèle, aussi importune, impudente, et distrayante et avisée que tout autre chien... Je peux l’apostropher et passer sur elle mes humeurs ; comme d’autres sur leur chien, leur domestique et leur femme.

vendredi 17 juin 2011

un film pour ordinateur

Il m'arrive ici de parler courts métrages (d'animation) ou "jeux" à vocation artistique.
A la frontière entre les deux, le nouveau projet de Vincent Morisset (déjà auteur du clip interactif Neon Bible pour Arcade Fire) : Bla Bla.

Communiqué de presse:

BLA BLA de Vincent Morisset est un conte interactif qui explore la communication humaine et ses principes fondamentaux. Grâce au spectateur, le récit devient possible. Sans lui, les personnages demeurent inertes et attendent la prochaine interaction. Le spectateur clique, joue et cherche dans les scènes sobres et épurées. Il est le véritable guide de l’expérience.

Chacun des six chapitres du récit dépeint un aspect de la communication : l’apprentissage d’une langue, le bavardage, les interactions sociales, l’expression de sentiments, etc. Rempli de découvertes, BLA BLA illustre ces concepts avec des personnages attachants et déconcertants.
L’oeuvre se distingue par l’accent mis sur la réponse affective du spectateur. « Je voulais générer des émotions à travers une oeuvre interactive, affirme-t-il. Il est difficile de créer des crescendos dramatiques sur un site Web… Je trouvais que c’était un défi intéressant. »

Pendant la création de BLA BLA, Morisset a effectué un travail de recherche sur la narration interactive. En quête d'un langage cinématographique propre à l'ordinateur, Morisset propose une grammaire de montage non linéaire. Ainsi, par la forme même de l'oeuvre, il s'interroge sur les enjeux de la communication et les défis de raconter une histoire où le spectateur est participant. « Le projet en soi explore la grammaire d'un nouveau médium », dit-il.

BLA BLA propose ainsi un nouveau regard sur la communication au sens large et la façon dont nos comportements naturels et nos interactions avec les autres ont un impact sur le monde. « La relation qui unit l’internaute et le film fait partie du message, explique-t-il. Nous l’avons écrit et créé en nous inspirant de choses universelles : le caractère social des humains, la peur de l’inconnu, la soif d’appropriation et de liberté et, paradoxalement, le désir d'être pris par la main.»

BLA BLA
un film pour ordinateur de Vincent Morisset
[via Ecrans.fr]

mercredi 15 juin 2011

I saw the light

Un peu de tunnbröd suédois, un peu de confiture nietzschéenne, c'est le régime strict de ces derniers jours sur Arise Therefore.

Retour dans le Dalarna, en peinture cette fois, via la sommité locale nationale internationale Anders Zorn, peintre fin XIX / début XXème.

On commence par la toile que je préfère:

La peinture s'appelle "midnight", et elle me donne envie de retourner dans le Dalarna faire de la barque à la lueur du jour déclinant.

Au matin, la lumière change:


Au musée Zorn, il y avait également cette vue d'intérieur, dont j'apprécie, là encore, les nuances (roux, peau, et gris pluriels).


Anders Zorn, Midnight (1891), Out (1889), I Wikströms ateljé (1889)

lundi 13 juin 2011

Travail et Ennui

42. Chercher un travail pour le gain, c’est maintenant un souci commun à presque tous les habitants des pays de civilisation ; le travail leur est un moyen, il a cessé d’être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficiles dans leur choix pourvu qu'ils aient gros bénéfice. Mais il est des natures plus rares qui aiment mieux périr que travailler sans joie ; des difficiles, des gens qui ne se contentent pas de peu et qu'un gain abondant ne satisfera pas s’ils ne voient pas le gain des gains dans le travail même. Les artistes et les contemplatifs de toute espèce font partie de cette rare catégorie humaine, mais aussi ces oisifs qui passent leur existence à chasser ou à voyager, à s’occuper de galants commerces ou à courir les aventures. Ils cherchent tous le travail et la peine dans la mesure où travail et peine peuvent être liés au plaisir, et, s’il le faut, le plus dur travail, la pire peine. Mais, sortis de là, ils sont d’une paresse décidée, même si cette paresse doit entraîner la ruine, le déshonneur, les dangers de mort ou de maladie. Ils craignent moins l’ennui qu'un travail sans plaisir : il faut même qu’ils s’ennuient beaucoup pour que leur travail réussisse. Pour le penseur et l’esprit inventif l’ennui est ce « calme plat » de l’âme, ce désagréable « calme plat » qui précède la croisière heureuse, les vents joyeux ; il faut qu'il supporte ce calme, en attende l’effet à part lui. C’est là précisément ce que les moindres natures ne peuvent pas obtenir d’elles ! Chasser l’ennui à tout prix est vulgaire, comme de travailler sans plaisir.

Friedrich Nietzsche, Le gai savoir (1882)

dimanche 12 juin 2011

Quelque part en Suède (2)




Bande-son pour une sieste au bord de l'eau :
Rone - So So So EP (InFine, 2011)



Bande-son pour une promenade matutinale en forêt, le long du lac Siljan :
Bon Iver, s/t (Jagjaguwar, 2011)

samedi 11 juin 2011

Le Mal

Je referme le chapitre Murakami et délaisse le genre du roman pour revenir à la catégorie Essais, avec le Gai Savoir de Nietzsche. Si Zarathoustra (le personnage plus que le livre) m'a un poil ennuyé, le gai savoir présente une forme qui me convient tout à fait, celle d'une suite de pensées et réflexions.

Il est probable que j'en extraie tout un tas dans les jours à venir.
Vous voilà prévenus.

19. Examinez la vie des hommes et des peuples les meilleurs et les plus féconds, et demandez-vous si un arbre qui doit s'élever fièrement dans les airs peut se passer du mauvais temps et des tempêtes; si l'hostilité du dehors, les résistances extérieures, toutes les sortes de haine, d'envie, d'entêtement, de méfiance, de dureté, d'avidité et de violence ne font pas partie des circonstances favorables sans lesquelles rien, même la vertu, ne saurait croître grandement? Le poison qui tue les natures faibles est un fortifiant pour les fortes, aussi ne l'appellent-elles pas poison.

Friedrich Nietzsche, Le gai savoir (1882)

D'où le fameux (et galvaudé) "ce qui ne te tue pas te rend plus fort".
On peut trouver ici Nietzsche pas très tendre avec les "faibles", mais ce texte n'exclut ni solidarité, ni bienveillance.

jeudi 9 juin 2011

Quelque part en Suède (1)

...dans le Dalarna, plus exactement
(en français dans le texte, on dirait en "Dalécarlie").
Ceci explique donc la petite baisse de fréquence des publications ces derniers jours.

Premières photos, qui fleurent bon le bois (teinté au rouge de falun).





Les plus assidus d'entre vous se souviendront que je donnais déjà à voir ce rouge caractéristique dans les peintures norvégiennes de Monet, c'était (én 2009)

dimanche 5 juin 2011

Sinon, impossibe de survivre

Dernier extrait du roman de Murakami...
Pour lire les précédents textes, suivez le tag, et pour en connaître d'avantage sur l'intrigue que je n'ai pas même abordé ici, lisez le livre.

Quand je revins à moi, un sentiment d'impuissance, paisible et silencieux, emplissait la pièce comme de l'eau stagnante. Pour me défaire un peu de cette sensation, j'allai à la salle de bains, pris une douche en sifflotant Red Clay, bus une bière debout dans la cuisine. Puis je fermai les yeux, comptai de un à dix en espagnol, criai: "Terminé!", claquai dans mes mains, et le sentiment d'impuissance disparut comme emporté par le vent. C'était ma formule magique personnelle. Les gens qui vivent seuls finissent par acquérir sans s'en rendre compte de nombreux pouvoirs. Sinon, impossibe de survivre.

Haruki Murakami, Danse, danse, danse (1988)

vendredi 3 juin 2011

Let's make love


Avec ce nouvel épisode de la rubrique Crossed Covers, c'est carrément l'extase.
Il aura été engendré à la faveur de deux sorties récentes:
Washed Out, et Applause.

J'ajoute cette pochette [K7] de Dream Boat,
parue l'an passé.



Bon, vous reconnaissez Jane et Brigitte dans le film "Don Juan ou Si Don Juan était une femme" de Roger Vadim (1973)

Le moment semble d'ailleurs particulièrement bien choisi pour introduire la bande-son de cet article: "Le Coït" de Jean Yann (BO du film Chobizenesse)
Voici le lien youtube, attention c'est NSFW.



CSS - Let's Make Love and listen to DFA (Sub Pop, 2006)
Washed Out, Within And Without (Sub Pop, à paraître)
Applause - Where It All Began (3ème bureau, 2011)
Dream Boat, Fevers EP (AMDISC, 2010)

Voir également, sur Arise Therefore:
(ici) ou encore (là)

[Edit : J'ajoute les visuels liés au projet Close]
 
 
Close, Getting Closer (!K7, 2013)

mercredi 1 juin 2011

à peine une vie

Tous les êtres humains connaissent une apogée à un moment donné. Une fois qu'ils l'ont atteinte, ils ne font plus que redescendre. On n'y peut rien. Et on ne peut pas savoir non plus à quel endroit de sa vie se trouve cette apogée. On se dit que ça devrait aller encore un moment, et tout à coup, on se retrouve au niveau de la ligne de flottaison. Personne ne peut savoir. Certains atteignent leur apogée à l'âge de douze ans, et après mènent des vies sans éclat. D'autres continuent de grimper jusqu'à leur mort. D'autres encore meurent au moment de leur apogée. Beaucoup de poètes ou d'écrivains sont des malades chétifs, et meurent avant trente ans parce qu'ils ont grimpé trop vite. Mais Pablo Picasso a continué à peindre des tableaux plein de force jusqu'à plus de quatre-vingts ans, et est mort paisiblement. Jusqu'à la fin, on ne peut pas savoir.
Et moi? Je me demandais...
J'avais beau regarder en arrière, je ne voyais rien dans une vie qui ressemblât à un sommet. Ca me paraissait à peine être une vie. Il y avait bien quelques ondulations de terrain çà et là, des montées et des descentes. Mais c'était tout. Je n'avais rien fait. Je n'avais rien créé. J'avais aimé et j'avais été aimé. Mais il n'en restait rien. Le paysage était étrangement plat.

Haruki Murakami, Danse, danse, danse (1988)



Pablo Picasso, Le Pichet noir et la Tête de Mort (1946)