dimanche 28 février 2010

Cover of the Week

(...de circonstance)



Loscil, Endless Falls (Kranky, 2010)
loscil.ca

d'après la photo originale de Sadie Marshall:



(la typo est pas top, par contre)

mercredi 24 février 2010

Disparaître Ici

J'ai déjà évoqué dans ces colonnes différents romans ayant chacun une temporalité propre. Moins que zéro, roman de Bret Easton Ellis, se passe lui dans l'instant. La narration reflète la perception du personnage principal, souvent "under influence". Il est spectateur de sa propre vie, semblant réaliser les choses une à deux secondes après qu'elles se produisent.
Le style de Bret Easton Ellis est là, et tout au long de la lecture de ce roman, certaines phrases me renvoyaient aux intonations d'Erik Arnaud dans son interprétation d'un extrait d'American Psycho (lien)

Je suis dans la grande salle de chez Chasen avec mes parents et mes soeurs; il est tard, neuf heures et demie ou dix heures, c'est le soir de Noël. Au lieu de manger, je regarde fixement mon assiette dans laquelle je déplace ma fourchette d'avant en arrière, et je deviens complètement obsédé par le vide que la fourchette crée entre les petits pois. Mon père me surprend en me resservant du champagne. Mes soeurs sont bronzées, s'ennuient ferme, parlent d'amies anorexiques, d'un mannequin de Calvin Klein, elles paraissent plus âgées que dans mon souvenir, et plus encore quand elles lèvent leurs flûtes à champagne pour boire lentement; elles me racontent une ou deux plaisanteries que je ne comprends pas, puis disent à mon père ce qu'elles désirent pour Noël.
[...]
Papa termine son verre de champagne et s'en verse un autre. Ma mère réclame le pain. Mon père s'essuie la bouche avec sa serviette, se racle la gorge, et je me crispe car je sens qu'il va demander à chacun ce qu'il désire pour Noël, même si mes soeurs le lui ont déjà dit. Mon père ouvre la bouche. Je ferme les yeux. Il demande si nous voulons un dessert. Soupir de soulagement. Le garçon arrive. Je lui dis que non. Je ne regarde pas très souvent mes parents, je ne cesse de me passer la main dans les cheveux en regrettant de ne pas avoir de coke, n'importe quoi pour m'aider à surmonter cette épreuve, et puis je regarde le restaurant qui est seulement à moitié plein; les gens chuchotent mais leurs paroles portent d'une table à l'autre, et je réalise qu'en fin de compte j'ai dix-huit ans, des mains qui tremblent, des cheveux blonds, un début de bronzage et que je suis seulement à moitié défoncé, assis chez Chazen au coin de Doheny et de Beverly, et que j'attends que mon père me demande ce que je désire pour Noël.

Bret Easton Ellis, Moins que Zéro (1985)

dimanche 21 février 2010

Il y a une seule chose très belle

Dimanche soir.
Le dimanche soir, c'est le moment où, lorsque l'occasion se présente, je poste une vidéo. Ici, elle est liée aux paroles d'une chanson, et plus précisémment à "La maman et la putain", de Diabologum, reprenant un monologue tiré du film du même nom.
Chanson marquante, effectivement (cf. commentaires de l'article "Ces temps sont effrayants"), que j'ai découverte en 1996 grâce à Mélanie Bauer (à l'époque, sur Oüi FM), dans son émission "Ketchup & Marmelade". J'avais eu la bonne idée d'enregistrer cette émission sur K7.
Autant dire que j'ai écouté ce morceau un paquet de fois, par la suite.

Le texte, l'extrait vidéo, puis un lien vers le morceau de Diabologum.

Que je vous aime...
Regardez, je commence à être saoule et je bégaie et c'est absolument horrible, parce que ce que je dis, je le pense réellement. Et je pourrais rester tout le temps avec vous tellement je suis heureuse. Je me sens aimée par vous deux.

...Et l'autre qui me regarde avec les yeux en couilles de mites, d'un air sournois, en pensant : oui ma petite, tu peux toujours causer, mais je t'aurai. Je vous en prie Alexandre, je ne joue pas la comédie. Mais qu'est-ce que vous croyez?

...Pour moi il n'y a pas de putes. Pour moi, une fille qui se fait baiser par n'importe qui, qui se fait baiser n'importe comment, n'est pas une pute. Pour moi il n'y a pas de putes, c'est tout. Tu peux sucer n'importe qui, et te faire baiser par n'importe qui, tu n'es pas une pute. Il n'y a pas de putes sur terre, putain comprends-le! Et tu le comprends certainement.

La femme qu'est mariée, qu'est heureuse et qui rêve de se faire baiser par n'importe qui, par le patron de son mari, ou par je ne sais quel acteur merdique, ou par son crémier ou par son plombier, ça, c'est une pute! Y a pas de putain, mais qu'est-ce que ça veut dire, "putain"? Y a que des cons, y a que des sexes. Qu'est-ce que tu crois, c'est pas triste, hein, c'est super gai. Et je me fais baiser par n'importe qui, et on me baise et je prends mon pied.

...Pourquoi est-ce que vous accordez autant d'importance aux histoires de cul? Le sexe... Tu me baises bien. Ah! Comme je t'aime. Il n'y a que toi pour me baiser comme ça. Comme les gens peuvent se leurrer, comme ils peuvent croire: il n'y a qu'un toi, il n'y a qu'un moi. Il n'y a que toi pour me baiser comme ça. Il n'y a que moi pour être baisée comme ça par toi.
...Quelle chose amusante. Quelle chose horrible et sordide. Mais putain, quelle chose sordide et horrible!

Si vous saviez comme je peux vous aimer tous les deux. Et comme ça peut être indépendant d'une histoire de cul. Je me suis fait dépuceler récemment, à vingt ans. Dix-neuf, vingt ans. Quelle chose récente. Et après, je me suis fait baiser, j'ai pris un maximum d'amants. Et je me suis fait baiser. Et je suis peut-être une malade chronique... le baisage chronique. Et pourtant le baisage, j'en ai rien à foutre.
Me faire encloquer, ça me ferait chier un maximum, hein! Là, j'ai un tampax dans le cul, pour me le faire enlever et pour me faire baiser, il faudrait en faire un maximum. Il faudrait m'exciter un maximum. Rien à foutre.

Oh, si les gens pouvaient piger une seule fois pour toute que baiser c'est de la merde. Qu'il y a une seule chose très belle: c'est baiser parce qu'on s'aime tellement qu'on voudrait faire un enfant qui nous ressemble et qu'autrement c'est quelque chose de sordide...
...Il ne faut baiser que quand on s'aime vraiment.

Et je ne suis pas saoule... si je pleure... Je pleure sur toute ma vie passée, ma vie sexuelle passée, qui est si courte. Cinq ans de vie sexuelle, c'est très peu.

Tu vois, Marie, je te parle parce que je t'aime beaucoup. Tant d'hommes m'ont baisée, m'ont désirée, tu sais. On m'a désirée, parce que j'avais un gros cul qui peut être éventuellement désirable. J'ai de très jolis seins qui sont très désirables. Ma bouche n'est pas mal non plus. Et quand mes yeux sont maquillés, ils sont pas mal non plus.
On m'a souvent baisée comme ça, tu sais, dans le vide. On m'a souvent désirée comme ça, et baisée dans le vide. Je ne dramatise pas, Marie. Je ne suis pas saoule. Qu'est-ce que tu crois, tu crois que je m'appesantis sur mon sort merdique? Absolument pas.

On me baisait comme une pute. Mais tu sais, je crois qu'un jour, un homme viendra et m'aimera et me fera un enfant, parce qu'il m'aimera. Et l'amour n'est valable que si on a envie de faire un enfant ensemble. Si on a envie de faire un enfant, on sent qu'on s'aime. Un couple qui n'a pas envie de faire un enfant n'est pas un couple, c'est une merde, c'est n'importe quoi, c'est une poussière...
Les super-couples libres... "Tu baises d'un côté chérie, je baise de l'autre. On est super-heureux ensemble. On se retrouve. Comme on est bien".

Oh, c'est pas un reproche que je fais, au contraire. La tristesse n'est pas un reproche, vous savez... C'est une vieille tristesse qui traîne depuis cinq ans... Vous en avez rien à foutre. Comme vous pouvez être bien, ensemble. Regardez, vous allez être heureux.

Jean Eustache, La maman et la putain (1973) Diabologum - la maman et la putain #3 (Lithium, 1996) Pour voir ce monologue tel que Diabologum l'a mis en musique, rendez vous ici. J'ai tellement écouté ce morceau que la moindre des intonations m'est familière, et que j'ai en tête le contexte musical de chaque parole. Comme par exemple: "Tu vois, Marie, je te parle parce que je t'aime beaucoup" prononcé juste au début d'une accalmie.

samedi 20 février 2010

Once when you were younger

Once when you were younger, you could make things move.
Now that you're older, you're resting.
You used to have a special touch that covered over all of us.
Now we only see you when you're drunk.
Oh fuck it, put your guitar away and go upstairs to rest,
tomorrow we will see you if you want.

Once when you were younger, you could make things move.
Now that you're older, you're resting.
Your music does impressive things
and holds you quiet with its wings.
(Tired, tired, its over, its over)

Troy von Balthazar - You, when you're drunk
s/t (Olympic, 2005)
www.myspace.com/troyvonbalthazar


Troy Von Balthazar était hier sur la scène de la maroquinerie avec son groupe Chokebore. Il sortira un nouve album (solo) au mois de juin prochain.

jeudi 18 février 2010

Crossed Covers - Compléments

Il est temps de mettre à jour certains mes articles Crossed Covers précédemment publiés.
Commençons par la série sur les piscines, avec en particulier la pochette du nouvel album des Good Shoes.



- - -

Après the Drums,
il semble que les pochettes des groupes hype se doivent d'être prises à la plage:




Lire l'article complet: C'mon Miracle
- - -

Avec le retour prochain hypothétique de Justice,
il était certain que le duo nous resservirait leur fameuse Croix.



[edit: fake]
J'ajoute également l'album 2007 de Pantha du Prince :


Lire l'article complet: A Cross The Universe
- - -

Des pochettes roses indies, il en existe bien d'autres:



Lire l'article complet: Paint it Pink
- - -

Ce qui se sera particulièrement développé en 2009, ce sont les pochettes 80's moches à motifs géométriques sur fonds étoilés.
Les critères esthétiques de ce blog m'interdisent d'en poster trop, et d'ailleurs je m'inquète de leur prolifération:



Lire l'article complet: Interstella
- - -

Enfin, il semble qu'en 2010, la moustache se porte toujours au féminin.
(ici, Laura Gibson)




Good Shoes, no hope, no future (2010)
Toro Y Moi, Blessa (Carpark, 2009)
Anari, Irla Izan (Megaphon, 2009)
Holly Miranda, Sleep on Fire (XL, 2009)
- - -
the Soft Pack, s/t (Cooperative Music, 2010)
Toro y Moi, My Touch (Carpark, 2009)
- - -
Justice, Beginning of the End (Because, 2010)
Pantha du Prince, the Bliss (kompakt, 2007)
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Mi Ami, Techno 1.1 (Hoss Records, 2009)
Mi Ami, Cut Men (Thrill Jockey, 2009)
Ascii Disko, Alias (Ladomat 2000, 2006)
Atlas Sound, Let the Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel (4AD, 2008)
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Julian Casablancas, 11th Dimension (Columbia, 2009)
Go Periscop, s/t (autoproduit, 2010)

mercredi 17 février 2010

Night of the Living Dead

Pas, mais alors pas envie de bosser, cet après-midi. J'en profite pour alimenter la rubrique "il ne faut pas confondre..."

Et donc, aujourd'hui, il s'agira de ne pas confondre...

Zombie Zombie,


Zombie Nation,



ni Zombi, ou encore the Zombies

(bon, ok, j'aurais pu prendre une photo des 60's, pour les Zombies, elle aurait eu plus de gueule)

[Edit: Ah, et je m'aperçois que j'avais oublié Zomby
- ambiance Dub Step]

mardi 16 février 2010

Ces temps sont effrayants

A l'approche de la sortie d'un nouvel album d'Erik Arnaud, je ré-écoutais récemment son album ...(C) 1998 AMERIK.
Plusieurs fois d'ailleurs.
Les musiques cèdent parfois à la facilité, les paroles ne sont pas particulièrement bien écrites, et pourtant, ce disque reste. Comme quelques paroles, genre :

Où est le charme / d'une vie sans aucune larme
("une guerre ouverte")

ou dans "Tous Ensemble", écrit bien avant
ce qu'on appelle aujourd'hui "les réseaux sociaux"


Langage codé, sentiment de supériorité
Préférence obligée, répondeur branché,
Messages filtrés, des tonnes d'amis un à un oubliés,
puis remplacés dans des soirées privées où on est là pour s'amuser
vous me reconnaissez?

votre jeunesse, vous y tenez,
vos amis, faudra pas y compter,
le retour à l'ordre vous y pensez
comme un des moyens de tout arranger
il faut vivre avec son temps et multiplier les réseaux dans lesquels vous vous perdrez
il faut posséder tout ce qui se dit portable, saturer les communications
pour que finalement tout echange interfère
...

Dans ce disque, il y a surtout la mise en musique d'un texte saisissant de Brett Easton Ellis, extrait d'"American Psycho".
Lorsque j'ai écouté l'album, et donc ce morceau, c'était à l'approche des fêtes.
S'entendre lire ce texte au walkman, dehors, un weekend d'achats de noël, a un curieux goût d'interdit.

Ceci dit, je ne vous l'imposerai pas
(je ne m'appelle pas Hanneke, ou Herzog).
Adultes responsables, appuyez sur Ctrl+A pour lire cet extrait.
Mineurs, lisez tout autre article de ce blog, ou allez voir là-bas si j'y suis.


[>>Ses seins coupés paraissent bleus, aplatis, et les mamelons ont pris une nuance marron assez déconcertante. Entourés de sang caillé, noir, ils sont posés, non sans délicatesse, sur le Wurlitzer, dans une assiette de porcelaine que j'ai achetée à la Pottery Barn, bien que je ne me rappelle pas les avoir mis là. J'ai également dépouillé son visage, épluchant la peau et raclant la plus grande partie de la chair, de sorte qu'il évoque une tête de mort dotée d'une longue crinière de cheveux blonds, rattachée à un cadavre entier, froid ; les yeux sont ouverts, et les lobes oculaires eux-mêmes pendent hors des orbites, accrochés par le nerf. L'essentiel de la poitrine demeure indiscernable du cou, lequel a l'aspect de la viande hachée. Quant à son estomac, on dirait la lasagne à l'aubergine et au fromage de Il Marlibro, ou une quelconque nourriture pour chiens du même genre, les couleurs dominantes étant le rouge, le blanc et le marron. Un peu de ses intestins barbouille le mur, le reste étant roulé en boules ou étalé sur la table basse à dalle de verre, comme autant de longs serpents bleutés, de vers mutants. Les lambeaux de peau qui restent collés au corps sont d'une teinte gris-bleu, la couleur de l'étain. De son vagin s'est échappé un liquide sirupeux, marronnasse, qui dégage une odeur d'animal malade, comme si on avait fourré un rat là-dedans, et qu'il avait été digéré, ou quelque chose comme ça.

Je passe les quinze minutes suivantes dans un état de semi-conscience, tirant sur un long morceau d'intestin bleuâtre encore solidaire du corps, et me le fourrant dans la bouche, jusqu'à l'étouffement. Il est humide contre mon palais, et rempli d'une espèce de pâte qui ne sent pas bon. Après une heure d'efforts, je parviens à détacher la moelle épinière, que je décide d'expédier par Federal Express, sans la nettoyer, enveloppée dans des mouchoirs en papier, à Leona Helmsley, ceci sous un faux nom. Voulant boire le sang de cette fille comme si c'était du Champagne, je plonge mon visage, profondément, dans ce qui reste de son estomac, et me mets à laper, m'éraflant la joue contre une côte brisée. L'immense nouveau récepteur de télévision est allumé dans une des pièces, et l'on entends brailler le Patty WintersShow de ce matin, dont le thème était : « Les Produits Laitiers Humains », puis un jeu télévisé, Wheel of Fortune, et les applaudissements du public semblent exactement les mêmes à chaque fois que l'on retourne une nouvelle lettre. Je desserre ma cravate d'une main ensanglantée, prenant une profonde inspiration.
Voilà ma réalité. En dehors de cela, tout m'apparaît comme un film que j'aurais vu autrefois. Dans la cuisine, je tente de préparer un pâté avec la viande de la fille, mais cette tâche s'avère vite ingrate, et je passe l'après-midi à l'étaler partout sur les murs, tout en mâchant des lambeaux de peau arrachés aucorps, puis je me détends en regardant un enregistrement vidéo du nouveau sitcom de CBS, Murphy Brown, diffusé la semaine dernière. Après quoi, un grand verre de J&B, et retour à la cuisine.

Dans le four à micro-ondes, la tête est maintenant complètement noire et chauve, et je la mets à bouillir dans une casserole, sur le fourneau, afin d'éliminer tout reste de chair que j'aurais pu oublier de gratter. Chargeant le reste du corps dans des sacs en plastique — mes muscles enduits de Ben Gay soulèvent facilement le poids mort —, je décide d'utiliser les résidus pour confectionner une espèce de saucisse.

Un CD de Richard Marx dans la chaîne hi-fi, un sac de chez Zabar rempli de petits pains à l'oignon et d'épices posé sur la table de la cuisine, je broie les os, le gras et la chair, faisant de petits pâtés et, bien que, de temps à autre, me frappe l'idée que je suis en trainde faire, en partie, quelque chose d'inadmissible, il me suffit de me rappeler que cette chose, cette fille, cette viande, n'est rien, rien que de la merde et, avec l'aide d'un Xanax (un chaque demi-heure, à présent), cette idée suffit à me calmer momentanément, et
je chantonne, fredonnant le générique d'un feuilleton que je regardais souvent, quand j'étais enfant — The Jetsons? The Banana Splits? Scooby Doo? Sigmund and the Sea Monsters? Je me souviens de la chanson, de la mélodie, et même du ton dans lequel elle était chantée, mais pas du feuilleton. Était-ce Lidsville? Était-ce H. R.Pufnstufl? D'autres questions ponctuent ces questions, aussi variées que : « Ferai-je un jour de la taule ?» et« Cette fille avait-elle un cœur fidèle ? » L'odeur de la viande et du sang envahit l'appartement, à tel point que je ne la remarque plus. Plus tard, mon allégresse macabre a fait place à l'amertume, et je pleure sur moi-même, sans parvenir à trouver la moindre consolation dans tout cela, je pleure, je sanglote « Je veux juste être aimé », maudissant la terre, et tout ce qu'on m'a enseigné : les principes, les différences, les choix, la morale, le compromis, le savoir, l'unité, la prière —tout cela était erroné, tout cela était vain. Tout cela se résumait à : adapte-toi, ou crève. J'imagine mon visage sans expression, la voix désincarnée qui sort de ma bouche: Ces temps sont effrayants. Déjà, les asticots se tortillent sur la saucisse humaine, et la bave qui s'écoule de ma bouche goutte sur eux ; je ne sais pas si je prépare cela correctement, parce que je pleure trop fort, et que je n'ai jamais vraiment fait la cuisine auparavant.<<]

Bret Easton Ellis
, American Psycho (1991)
Erik Arnaud, ...1998 (C) Amerik (Aliénor, 1998)

dimanche 14 février 2010

the courage of others


Top Tape Vol.11 (S2) est en ligne. Un programme familial, avec plein de jolies chansons pop dedans.
(feat. Tindersticks, Elliott Smith, Syd Matters, Basia Bulat...)


Elle fait suite à la fantastique soirée de Vendredi, au Point Ephémère, à l'occasion des 5 ans de Radio Campus Paris sur la bande FM (oui, parce que sinon, l'asso est plus ancienne que ça).




La programmation, séduisante sur le papier, a très bien fonctionné sur scène. Son éclectisme a de plus réuni plusieurs publics, et en cela, reflété l'image de la radio.

General Bye Bye a ouvert la soirée par son rock aux tonalités mineures, avec un set en progrès depuis la dernière fois. J'aime de toute façon quasi toutes leurs chansons. "Don't Shoot the Rabbit" n'est pas mon morceau préféré, mais la version donnée ici avec le renfort de leurs amis eliotE & the ritournelles en guise de final était particulièrement big dans ses passages guitares.



Pilöt, par la suite, aura été le concert que la plupart des gens retiendront. Formellement moins "classique" que le précédent, plus expérimental voire trippant. Pilöt, c'est la créativité à l'état brut, la rencontre d'une sorte d'énergie rock sur un tissu trip-hop lofi débarassé de sa mélancolie. La chanteuse, assez atypique, attire les regards. Pour autant, sans que je m'en sois aperçu, elle s'est paré à la fin du set d'un maquillage façon indien d'amérique, deux larges très noirs sur le haut des joues, renforçant en cela l'atmosphère hypnotique du dernier morceau.



A ce moment là, la salle était pleine. C'était le moment pour tous de se libérer et de s'amuser un peu, ce qu'ont parfaitement sû orchestrer James Delleck, Cyanure, Le Jouage et Detect (aux manettes - entre autres - de projets tels que Klub des 7 ou Gravité Zéro). Il s'agit donc de rap un peu ludique sur des beats malins (ceux de Detect) avec des lyrics décalées (je me permets de reprendre le descriptif du flyer puisque c'est moi qui l'ai écrit). Ce que j'aime dans le hiphop, c'est que c'est souvent la somme d'individualités fortes, jouant toutefois collectif: Cyanure avec son flow ultra-rapide, Le Jouage avec la classe internationale, et Delleck avec sa présence et son énergie. Tout ce petit monde se passe alternativement la parole, ainsi qu'à certains de leurs potes invités pour des featurings (Cyanure m'avait promis des guests, il a assuré, puisqu'on a eu droit aux Gourmets).
Les emcees étaient à fond (ça doit être physique, d'ailleurs, pour eux) et le public aussi.
Super!



Ensuite, il y aura eu des DJs Soul, new jazz, et electro rock (Soulist+Freeworker ; Jazz Liberatorz ; Solange La Frange), mais à ce moment là, j'étais plutôt côté bar, puis sur le chemin du retour.
Merci à tous ceux qui sont venus!

www.myspace.com/generalbyebye
www.myspace.com/00pilot
www.myspace.com/detect
www.myspace.com/cyanureatklubdes7
www.myspace.com/lejouage
www.myspace.com/delleck

PS: Les photos ne sont pas de moi, mais de Radio Campus Paris.

jeudi 11 février 2010

Allitération

Il ne faut pas confondre:
...JJ et JJ72,


ni même Jay-Jay Johansson ou Jeremy Jay


(sans parler de JJ Cale)

Jeremy Jay sera en concert au Café de la Danse, Lundi 22 Février
www.myspace.com/jeremyjay

Ne plus mourir

De retour de la pré-soirée des 5 ans de la radio, et venant de parler longuement d'Anna Karina, je me décide à publier sitôt après l'article précédent, un autre extrait du film que j'ai vu lundi: Alphaville.

En de nombreux aspects, Alphaville complète tout à fait bien la lecture de 1984. Jean-Luc Godard apporte en plus ses références littéraires et philosophiques. Lors de l'interrogatoire opposant l'entité Alpha60 au présumé espion Lemmy Caution, on assiste à ce dialogue.

- Quel est le privilège des morts ?
- Ne plus mourir.

- Savez vous ce qui transforme la nuit en lumière ?
- La poésie.

- Quel est votre religion ?
- Je crois aux données immédiates de la conscience.

C'est court, certes, mais il y a de quoi occuper sa pause déjeuner.
Ceux qui ont reconnu, pour les première et dernière réponses, les références à Nietzsche ("Le Gai Savoir") et Bergson ("Essai sur les données immédiates de la conscience") ont toute mon admiration.

Jean-Luc Godard, Alphaville (1963)

mardi 9 février 2010

Alors, l'amour, c'est quoi?

Alors, l'amour, c'est quoi?
"Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lèvres. Nos silences, nos paroles. La lumière qui s'en va, la lumière qui revient. Un seul sourire pour nous deux. Pas besoin de savoir. J'ai vu la nuit créer le jour sans que nous changions d'apparence. Ô bien aimée de tous, bien aimée d'un seul, en silence ta bouche a promis d'être heureuse. De loin en loin dit la haine, de proche en proche dit l'amour. Par la caresse nous sortons de notre enfance. Je vois de mieux en mieux la forme humaine, comme un dialogue d'amoureux. Le coeur n'a qu'une seule bouche. Toutes les choses aux hasard, tous les mots dits sans y penser. Les sentiments à la dérive. Les hommes tournent dans la ville. Les regards, la parole et le fait que je t'aime, tout est en mouvement. Il suffit d'avancer pour vivre, d'aller droit devant soi vers tous ceux que l'on aime. J'allais vers toi. J'allais vers la lumière. Si tu souris, c'est pour mieux m'envahir. Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard."

Paul Eluard, Capitale de la douleur (1926)
lu par Natacha (Anna Karina, dans Alphaville [1963])

lundi 8 février 2010

Everyday the Same Dream

Fin de cette semaine sociale, lors de laquelle Arise Therefore aura vu rouge et aura promu la Révolution.

Ici, la valeur Travail sera à nouveau remise en cause. Le court-métrage que je diffusais la semaine passée était déjà assez saisissant, voici cette fois quelque chose de plus interactif, puisqu'il s'agit d'un jeu entre guillemets.
Les guillemets, c'est parce qu'il a été créé par le collectif italien La Molleindustria, sous-titré Radical Games against the dictatorship of entertainment.

Le jeu s'appelle : "Every Day the Same Dream".
Son descriptif: "A short existential game about alienation and refusal of labour. Or, if you prefer, a playable music video".



La première fois que j'y ai joué, j'ai trouvé assez percutante l'idée d'un jeu triste, gris, linéaire, répétitif, dans lequel on "joue" à aller au travail.



Et puis on découvre des variantes.
Bonne nouvelle, on peut se foutre en l'air.

A vous de trouver toutes les fins possibles (la femme de l'ascenseur vous annonce combien d'étapes il vous reste avant d'être une nouvelle personne)

Ce jeu, le voici.
Je l'embedde dans cette page ce qui pour moi constitue une avancée technologique assez incroyable.


Pour y jouer en grand écran, c'est .

Note: la musique est bien aussi, et finalement, l'ensemble me rappelle l'atmosphère qui se dégageait du film de Paul Durango, feat. Troy von Balthazar:
Working eats my soul.
Bande Annonce, sur ce même blog, en mars 2008.

dimanche 7 février 2010

Rouge




A dire vrai, pour être parfaitement raccord, la quatrième pochette aurait dû être la suivante, mais j'ai perdu le nom de ce groupe parisien croisé sur myspace.


Je termine par le livret collector d'Amnesiac. Ce faisant, je réalise que la pochette de l'album standard reprend en réalité une photo de ce carnet rouge, sur fond noir.



the Notwist, Neon Golden (CitySlang, 2002)
Queens of the Stone Age, Songs for the Deaf
(Interscope, 2002)
Bear in Heaven, beast rest forth mouth (Home Tapes, 2009)
Weezer, Porks and Beans (Geffen, 2008)
?, ? (?, ?)
Radiohead, Amnesiac (Parlophone, 2001)

vendredi 5 février 2010

Don't Look Down or Back

Au fait! Vous avez dû voir, le dernier volume de Top Tape est en ligne!
feat. Xiu Xiu, Scout Niblett, Silver Mt Zion,
Adam Green, Leonard Cohen...

Le jour de l'émission, je recevais également en session peu avant la canadienne Basia Bulat, vue la veille à la Maroquinerie avec Thao.

Je la diffuse courant mars (les 7 et 28), le résultat devrait être pas mal: la session d'une part, et puis l'interview d'autre part, puisque Basia y est assez naturelle, enthousiaste et locace.

A suivre.

Là, je rentre du concert de Pedro the Lion David Bazan.



mercredi 3 février 2010

Il est temps pour nous d'envisager un autre cycle

Je l'ai dit, cette semaine, ici, c'est la Révolution.
A nouveau abordée par le biais des paroles d'une chanson.
Extraite de "Des Visages, Des Figures" de Noir Désir.

Les thèmes abordés dans cet album (sorti le 11 septembre 2001) sont encore d'actualités, et d'ailleurs bien plus aujourd'hui qu'à l'époque.

Le morceau emblématique reste pour moi celui qui clôture l'album, dure 23 minutes, feat. Brigitte Fontaine.
Sans doute, pourrez vous les lire dans ces colonnes un peu plus tard.


On n'est pas encore revenu du pays des mystères
Il y a qu'on est entré là sans avoir vu de la lumière
Il y a là l'eau, le feu, le computer, Vivendi, et la terre
On doit pouvoir s'épanouir à tout envoyer enfin en l'air

On peut toujours saluer les petits rois de pacotille
On peut toujours espérer entrer un jour dans la famille
Sûr que tu pourras devenir un crack boursier à toi tout seul
On pourrait même envisager que tout nous explose à la gueule
Autour des oliviers palpitent les origines
Infiniment se voir rouler dans la farine

A l'envers, à l'endroit, à l'envers, à l'endroit
A l'endroit, à l'envers, à l'envers, à l'endroit

Y'a t'il un incendie prévu ce soir dans l'hémicycle
On dirait qu'il est temps pour nous d'envisager un autre cycle
On peut caresser des idéaux sans s'éloigner d'en bas
On peut toujours rêver de s'en aller mais sans bouger de là

Il paraît que la blanche colombe a trois cents tonnes de plombs dans l'aile
Il paraît qu'il faut s'habituer à des printemps sans hirondelles
La belle au bois dormant a rompu les négociations
Unilatéralement le prince entame des protestations
Doit-on se courber encore et toujours pour une ligne droite ?
Prière pour trouver les grands espaces entre les parois d'une boîte
Serait-ce un estuaire ou le bout du chemin au loin qu'on entrevoit
Spéciale dédicace à la flaque où on nage, où on se noie

Autour des amandiers fleurissent les mondes en sourdine
No pasaran sous les fourches caudines

A l'envers, à l'endroit, à l'envers, à l'endroit
A l'endroit, à l'envers, à l'envers, à l'endroit

Noir Désir - A l'envers, à l'endroit
Des Visages, Des Figures (Barclay, 2001)
www.noirdez.com

Le prochain article sur cette thématique sera d'un autre genre. Et plus interactif.

lundi 1 février 2010

Yes Darling, but is it Art?

Lors d'un précédent article de la série Crossed Covers, je publiais quatre pochettes d'albums, montrant des enfants adoptant des expressions ou poses d'ordinaire réservées aux adultes (oui, je sais, c'est spécifique).
C'était ici.

Pas moyen de retrouver depuis quel peut bien être cet album montrant un angelot, dessiné sur fond rose, accoudé à une table, un tatouage sur le biceps, en train de fumer ou boire, je ne sais plus. Quelqu'un pour m'aider?

Mais j'avais également oublié une autre pochette, que j'aime pourtant beaucoup: Celle du single de Television Personalities: "I was a mod before you was a mod" :



Impossible dès lors, de ne pas publier celles-ci :




Television Personalities - I was a mod before you was a mod (Overground, 1999)
- I Know Where Syd Barrett Live (Rough Trade, 1981)
- Yes Darling, but is it Art? (Fire records, 1995)