mercredi 29 décembre 2010

le travail et le devenir-adulte

Ca y est, j'ai fini le tome 1 de Spères, de Sloterdijk. Dans la fin de cet ouvrage, il aura beaucoup été question, de l'enfant, depuis la gestation (lors de laquelle l'ouïe est d'une importance constitutive) jusqu'aux premiers mois.

Ici, il est question de la première traduction pratique de la notion de travail dans la vie de l'enfant.
Un enfant pas trop frustré acquiert dans le milieu maternel la croyance protoreligieuse qu'entre son appel et la boisson, il existe une équivalence pragmatique toujours valable. [...] Le devenir-adulte consiste à comprendre que [cette] équivalence entre l'appel et le succès [...] porte en elle la tendance à pâlir avec le temps, pour finir par s'éteindre presque entièrement. Mais que se passe-t-il quand ce qui est appelé ne vient plus? La première magie se dissout peu à peu dans la lutte et le travail, jusqu'à ce que soit atteint le point où le sujet - frôlant la limite de l'amertume - admet que celui qui ne travaille pas ne doit pas manger, et que celui qui ne veut pas renoncer ne peut pas jouir. Le mot travail englobe un état du monde dans lequel il ne suffit plus à personne de se contenter d'appeler ou d'utiliser des formules magiques pour trouver la satisfaction. Là où le travail est arrivé à l'horizon, l'expérience du fait qu'appeler sert à quelque chose ne peut être défendue que par des moyens religieux ou esthétiques. Et la croyance dans le fait que le bonheur appelé viendra dans un délai adéquat ne survit que parce qu'on ne précise pas qui, en dernière instance, doit être considéré comme celui qui donne le pain quotidien. La religion survit comme souvenir d'une époque où appeler servait encore à quelque chose.

Peter Sloterdijk, Sphères (1998)

Ce sera le dernier extrait que je vous citerai, en réalité, il y a vraiment plein plein d'idées intéressantes dans ce livre, mais elles nécessitent "maturation". Peut-être donc, y reviendrai-je d'ici quelques mois. Ou pas.
Note to Self : relire chapitres VI et VII

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire