mardi 31 mars 2009

Il se trouve que l'ennui me convient

Il se trouve que l'ennui me convient,
Le temps presque s'arrête quand on le retient.

Au ralenti près des hommes qui travaillent,
Je me plais à les laisser faire mille choses.
Là, je traîne au milieu de nulle part,
Ici, je promène mon esprit ailleurs.
Rien ne m'arrête dans mon immobilité,
Je n'ai aucune limite puisque je ne désire rien

Il se trouve que l'ennui me convient,
Le temps presque s'arrête quand on le retient.

Le Coq - L'Ennui me Convient
d'Arragon (Arbouse, 2009)
www.myspace.com/lecoqmusic

jeudi 26 mars 2009

Zone de Montagne (2)

Ce retour de vacances à la neige me donne l'occasion de poursuivre ma rubrique (participative) "Crossed Covers", consacrée aujourd'hui à la Montagne, pas forcément en hiver, et donc pas forcément dans les teintes blanche et bleue...

...comme j'ai pu voir :

On commence par les groupes jumeaux Black Mountain et Pink Mountaintops :



Allons vers des sommets verdoyants...



...jusqu'à des tons nettement plus colorés et estivaux :




En plus graphique, maintenant :






La pochette d'Unknow Pleasure de Joy division, choisie par Bernard Sumner, représente en réalité "100 consecutive pulses from the pulsar CP 1919". C'est une oeuvre de l'artiste Peter Saville.

Black Mountain, s/t (jagjaguwar, 2005)
Pink Mountaintops (jagjaguwar, 2004)
Mount Eerie, Live in Copenhagen (Burnt Toast Vinyl, 2004)
Woods, Songs of Shame (autoproduit, 2009)
Annuals, such fun (Canvasback, 2008)
Maserati / Zombi, Split EP (Temporary Residence, 2009)
Little Wings, Light Green Leave (K, 2002)
Goldfrapp, Felt Mountain (Mute, 2000)
NLF3, Ride on a brand new time (Prohibited, 2009)
Swan Lake, Beast Moans (Jagjaguwar, 2006)
Bonnie "prince" Billy sings Greatest Palace Music
(Drag City, 2004)
Cézanne, la montagne Sainte Victoire (189?)
Cézanne, la montagne Sainte Victoire (1900)
Pink Mountaintops, the ones I love (Jagjaguwar, 2005)
Andrew Clark, Mountain
Music go Music, Warn in the Shadows
(Secretly Canadian, 2009)
zero degre, des étoiles plein les yeux (UR21 , 2009)
Mum, Please smile my nose bleed (Morr, 2001)
Jens Lekman, Oh you're so silent, Jens (Secretly Canadian, 2005)
Radiohead, Kid A (Parlophone, 2000)
Joy Division, Unknown Pleasures (Factory, 1979)

dimanche 22 mars 2009

Cela fit "plouf"

Samedi, grand soleil.
Le bus 86 tarde à arriver, j'occupe le temps en regardant la vitrine d'une librairie rue du faubourg Saint Antoine. Dans le bac "occasions", je m'arrête sur la couverture d'un roman d' "espionnage", puis sur une deuxième, similaire, très 70's.

C'est le printemps, les vacances qui plus est, je suis en route vers le jardin du Luxembourg, deux fois un euro, j'achète !

Rendez-vous compte:
Un laboratoire vient de mettre au point un traitement permettant en un rien de temps de se défaire de l'addiction à la cigarette : la Diamonite. "Et le commerce du tabac, des cendriers, des pipes, des portes-cigarettes, des fume-cigarettes, etc.? Sûr que la Diamonite ne verra jamais le jour car trop d'intérêts sont en jeu! D'autant plus que, par un curieux concours de circonstances, un réseau ennemi solidement implanté aux Etats-Unis s'occupe activement de la chose !

Une fois de plus, voilà Paul Bonder et Natacha Stratof embarqués dans une sacrée histoire..."

C'est-à-dire qu'à choisir ses lectures, on en finirait par penser qu'un livre est dans le "pire" des cas ennuyeux, ou captivant-mais-vain.
Pas "Nul".

L'histoire est une chose (et, pour Secteur 444, je ne vous infligerai pas d'avantage que la citation de la quatrième de couverture ci-dessus), l'écriture une autre. Pire.


Les descriptions des personnages féminins sont classes :

Un témoin :"Maigre, plate, sèche, elle semblait aussi insensible et inhumaine qu'un feu de croisement".

Natacha (cf. couverture) : "Fraîche, gaie, avec des rondeurs partout où il en fallait"

Lina, la fiancée d'un chercheur assassiné :Bonder et Natacha échangèrent un coup d'oeil. Quand on parle du loup on en voit la queue mais, en l'occurrence, l'apparition de Lina Douglas relevait du coup de théâtre.
Lina était telle que l'avait décrite Mme Palmer. Effacée, douce, d'un genre romantique quelque peu suranné, mais tout de même jolie et, surtout, l'air très apeuré.
(Lina se révélera être le cerveau du réseau "Secteur 444", ndlr)

-

Pour finir, quelques courts passages :

Bonder secoua négativement le front, vérifia l'approvisionnement du fusil, et se posta auprès de la fenêtre du living.
Natacha ne posa pas d'autre question. Quand Bonder ne parlait plus, cela signifiait que la grosse bagarre n'était pas loin d'éclater.

-
Natacha se redressa, but. De la limonade! Elle émit un rot, sourit.
- Excusez, Jack, le soda me donne de l'aérophagie!
- Tiens ! Vous connaissez mon prénom? fit Winter sans enthousiasme.
- Trafic de drogues en 60, récita Natacha, huit ans de pénitencier. Vous avez le F.B.I. et la C.I.A. sur le dos, Jack! A votre place, je me déguiserais en courant d'air !

-
Miranda (le vrai nom de Lina, ndlr) ruait, tentait de mordre, se tortillait. Natacha détestait les batailles entre femmes. Elle lui colla un terrible atémi à la racine du nez, chargea, appliqua un premier de jambe qui expédia Miranda par-dessus bord avec sa Winchester.
Cela fit "plouf", produisit des bulles, et Miranda remonta seule à la surface, cracha de l'eau.

André Caroff, Secteur 444 (1970)

samedi 14 mars 2009

Why is life worth living



Isaac Davis: Why is life worth living? It's a very good question. Um... Well, There are certain things I guess that make it worthwhile. uh... Like what... okay... um... For me, uh... ooh... I would say... what, Groucho Marx, to name one thing... uh... um... and Wilie Mays... and um... the second movement of the Jupiter Symphony... and um... Louis Armstrong, recording of Potato Head Blues... um... Swedish movies, naturally... Sentimental Education by Flaubert... uh... Marlon Brando, Frank Sinatra... um... those incredible Apples and Pears by Cezanne... uh... the crabs at Sam Wo's... uh... Tracy's face...

Woody Allen, Manhattan (1979)


PS : J'aime aussi beaucoup ce plan, très réussi :

Yale: You are so self-righteous, you know. I mean we're just people. We're just human beings, you know? You think you're God.
Isaac Davis: I... I gotta model myself after someone.

jeudi 12 mars 2009

Jusqu'au dernier plan

Je suis toujours admiratif des auteurs parvenant à restituer la cohérence et l'incohérence d'un rêve, ce mélange de pesanteur et d'apesanteur, de tangible et d'irréel qui les caractérise.
Je l'évoquais déjà
ici.
L'exemple le plus réussi serait bien sûr Lewis Carroll, avec
Alice au Pays des Merveilles.
Mais voici un texte de Non-stop (disciple d'Arnaud Michniak).
Il faut imaginer une musique lente et hypnothique l'accompagner.

Comme convenu, le fils du soldat inconnu m'a rejoint à la sortie de la ville. Il a enfin décidé de m'accompagner chez ceux que l'on ne nomme pas. Il ne veut pas que je le filme. Il a longuement parlé à ma vieille voiture, en lui disant que nous allions faire un long voyage mais qu'elle n'irait pas jusqu'au bout avec nous et qu'il fallait qu'elle nous pardonne.

Voilà deux jours que nous sommes partis. Le fils du soldat inconnu a accepté la caméra, depuis que je l'ai assuré que ce film ne sera vu qu'une fois que l'un de nous deux sera mort. Il me dit qu'il ne sera jamais tout a fait mort... puis il me dit que son père vivait au bord de l'Autre monde. Il n'a pas voulu m'en dire plus.

Il me raconte aussi que, là où habite son père, il y avait un village. Et puis il y a eu la grande Guerre ; elle a effacé les routes, les hommes se sont perdus, et le désert a avalé les maisons vides. "Le désert est toujours le plus fort".

Il répète : "le désert est toujours le plus fort"

Nous arrivons chez son père. Il m'explique que son père est né un peu après le début du monde et qu'il est fatigué. Il me dit aussi qu'il n'est jamais surpris par ses visites, car il les rêve toujours trois ou quatre jours à l'avance. Le fils du soldat inconnu me demande de l'attendre devant la cabane. Je l'attends dans ma voiture. Je fixe la porte de la baraque, les heures défilent et je m'endors. Et là je fais un drôle de rêve.

Dans un coin de la maison, le fils du soldat inconnu semble traduire sa colère, balançant des couteaux vers un vieux chien qui pourrait bien être son pauvre père. A l'intérieur de la volière, ses oiseaux sont devenus des souris. Paniqué, je ressors de la maison et vois le village tel qu'il devait être dans le passé. A tous les coins de rue, le même mime me fait des signes. A ses cotés, une statue est ligotée pendant qu'un pendu part se désaltérer. La soif le révèle: ma gourde est vide. Je décide alors de rentrer dans la cabane pour demander de l'eau.

Le fils du soldat inconnu ouvre la porte. Il me présente aussitôt à son pere, qui me dit que je suis trop fragile pour les esprits du désert. Puis il m'explique que, si le deuxième jour on croise un chien qui sur le chemin va de la gauche vers la droite, il nous faudra suivre sa direction. Si le troisième jour un arc-en-ciel rouge sang apparaît au-dessus de nos têtes, il nous faudra s'assoir et se recroqueviller, jusqu'à ce qu'il disparaisse. Si la 4ème nuit un vent glacial nous réveille, c'est qu'ils voudront nous éprouver, et qu'ils auont demandé à la Mort de nous éventer avec son voile. Le cinquième jour, ils nous montreront peut-être quelque chose. Peut-être rien du tout. Ils ont une grande puissance, mais ce qu'ils font n'est plus de notre monde. Il sourit, pose sa main sur mon épaule, puis il s'en va.

Le lendemain, nous entrons dans un pays où il pleut des pierres. Il ne faudra pas parler de toute la journée ; en effet, parce qu'aucune parole n'est juste, ils capturent les paroles pour les enfoncer dans la terre. Une fois la terre blessée par les paroles qui portent la folie, elle se venge des hommes, la nuit, et les effraie en parlant toute seule. Il n'a pas voulu m'en dire plus.

Deuxième jour du voyage, nous voulons croiser un chien ; il nous faudra suivre sa direction. J'ai du mal à croire qu'il faille suivre un chien. Le fils du soldat inconnu me dit que ca n'etait pas qu'un chien. Le troisième jour, l'arc-en-ciel se dessine au-dessus de nous. Nous restons dans la pose que nous a montrée le père, pendant plus de trois heures.

De l'autre coté, commence le pays de ceux que l'on ne nomme pas. Soudain je me rends compte que tout s'est passé comme son père nous l'avait dit. Je suis plus impressionné que je le laisse paraître. Il me dit qu'ils peuvent se déplacer très vite, car parfois ils sont vraiment là, d'autres fois, ce ne sont que des rêves. Il ne veut pas m'en dire plus.

Il pense que nous n'aurons plus longtemps à attendre. Tôt ce matin, une silhouette qui ressemblait au mime de mon rêve est apparue sur le rocher. Devant moi, elle a foncé sur la paroi, pour réapparaître, au même instant, cinq cent mètres plus loin. Le fils du soldat inconnu m'a murmuré qu'elle se déplacait avec le rêve. Je ne croyais pas ce que je filmais. Ce soir, mon ami m'a demandé d'apparaître avec lui sur le film.

J'ai un pressentiment mais je refuse de l'admettre.

Le lendemain matin, le cinquième jour, deux silhouettes sont apparues, au moment même où j'ai vu le fils du soldat inconnu sur le rocher. Il m'a murmuré que le temps n'était qu'une illusion. En un instant, je l'ai retrouvé, son oreille sur mon coeur. Il me dit que quoiqu'ayant l'impression d'etre vivant, j'etais déjà mort. J'ai ouvert les yeux, mais il n'était plus là. J'ai filmé par réflexe. Quand je suis revenu sur le rocher, il était déjà vide. Je les ai alors cherchés là où la veille j'avais vu la silhouette du mime... et je les ai tous retrouvés : il y avait le mime, le pendu, la statue et le fils du soldat inconnu. Ils m'ont donné l'impression de disparaître dans la pierre, et puis je les ai revus à environ cinq kilomètres de moi, au bord du précipice. Ils regardaient la future destination.

J'ai cru un moment qu'ils allaient me faire un signe, mais ils ont de nouveau disparu. J'ai alors su que je ne les reverrai plus jamais.
Il n'y avait plus que mon film.
J'ai alors décidé de me rendre chez le viel homme. Il n'était plus là. Et le désert reprenait la cabane.

Bien entendu, j'ai fait celui qui n'était pas surpris. Alors je me suis filmé en train de nettoyer ma voiture. Et puis j'ai eu envie de me filmer jusqu'à la dernière image pour me rassurer.
Le soleil se couche.
Je suis trop fatigué pour rejoindre la ville.
Je vais passer la nuit dans la cabane du vieil homme.
Je ne trouve pas le sommeil.
Je décide alors d'accrocher le drap sur un mur, et de projeter mon film.
Je revois la sortie de la ville...
je souris lorsque le fils du soldat inconnu parle à ma voiture.
Il y a le vieil homme, le chien, l'arc-en-ciel rouge, des silhouettes à peine visibles.
Jusqu'au dernier plan, où je lave ma voiture

Et alors que j'allais éteindre ma caméra, je me vois sur le drap, en train de mimer le pendu. La corde ne tient pas, et, en tombant sur le parquet, mon corps se brise comme une statue

Non Stop - le fils du soldat inconnu
Road movie en béquilles (Ici d'ailleurs, 2005)
www.myspace.com/devantmanuque

samedi 7 mars 2009

Gran Torino

la Classe...

Duke: What you lookin' at old man?
Walt Kowalski: Ever notice how you come across somebody once in a while you shouldn't have fucked with? That's me.

Clint Eastwood - Gran Torino (2009)

jeudi 5 mars 2009

Farbenfreudig

Quelque part à Hanovre...

[Installation d'une école de design, en marge du CeBIT]

lundi 2 mars 2009

We are beautiful, we are doomed

Crossed Covers, nouvel épisode.

La couverture du deuxième album de Los Campesinos mène assez directement à Sebadoh...
la situation, les fesses et les motifs de rideau de douche de manière plus aventureuse à Pierre Bonnard.



Pierre Bonnard (1867-1947) a peint beaucoup de scène de toilette. Elles montrent Marthe De Meligny, son modèle, devenu sa femme. J'ajoute d'ailleurs une autre de ses oeuvres, baignant dans la lumière qu'il a trouvée en gagnant le sud de la France, dans sa maison du Cannet.

J'ai de très bons souvenirs de l'exposition qui avait été consacrée à ce peintre, en 2006, au Musée d'Art Moderne (de Paris).


Sebadoh - Bakesale (Sub Pop, 1994)
Los Campesinos! - We are beautiful, we are doomed
(Arts & Crafts, 2008)
Pierre Bonnard - le miroir de toilette
et Le cabinet de toilette au canapé rose (1908)


[Note : cette rubrique reste participative...]

dimanche 1 mars 2009

Now we can see

Top Tape Vol.12
(feat. Cymbals eat Guitars, the Thermals, Mono,
Pan American, Tim Exile et un concours Titus Andronicus)
est en ligne sur la page de l'émission