mercredi 25 juillet 2007

Nos révolutions intérieures, nos capitulations extérieures


Nous construirons quelque chose ensemble, je te le promets
comme un château de cartes en béton armé
nos bras tendus avec nos poings au bout
lucides sur notre propre médiocrité
conscients de la menace
Juste pouvoir se regarder, pendant des heures et même après,
en face

Je me fous de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils disent, de ce qu'ils sont
de cet espoir qu'ils écrasent, de ces illusions qu'ils pourrissent

J'ai encore envie de croire, j'ai encore envie de rêver
qu'on peut aller quelque part, avec quelqu'un à coté

Nous construirons quelque chose ensemble, je te le promets
nous repeindrons les murs de la couleur qui nous arrange
nous choisirons tous les objets de préférence abandonnés parce qu'ils auront vécu
nous en ferons un décor, une amélioration, un aménagement du regard
point de départ à cette longue improvisation

Etablir une correspondance entre nos actes et nos idées,
nos révolutions intérieures, nos capitulations extérieures
Réinventer au jour le jour, changer de rue dans mon parcours quotidien
Savoir que si je parle, je ne dis rien qui n ait déjà été entendu et rabâché
écrit ou lu, à la minute où j'y ai pensé

Malgré tout ca, voir en grand
Réflechir aux bons moments que l'on ne retient pas
Qui finiront par manquer, à la minute où j'y ai pensé

Malgré tout ca…
Malgré tout ca…
J'ai encore envie de croire, j'ai encore envie de rêver
Juste pouvoir se regarder, pendant des heures et même après,
en face

Diabologum - A côté
V/A - 12 inédits. 1 (Lithium, 1997)
www.myspace.com/diabologum

vendredi 20 juillet 2007

tout sera oublié et rien ne sera réparé

Words from...
La Plaisanterie, Milan Kundera

Et comme Lucie m'était devenue un passé définitif (qui en tant que passé vit toujours, et en tant que présent est mort), lentement elle perdait pour moi son apparence charnelle, matérielle, concrète, pour de plus en plus se défaire en légende, en mythe écrit sur parchemin et caché dans une cassette de métal déposée au fond de ma vie.
-
Une vague de colère contre moi-même m'inonda, colère contre mon âge d'alors, contre le stupide âge lyrique, où l'on est à ses propres yeux une trop grande énigme pour pouvoir s'intéresser aux énigmes qui sont en dehors de soi et où les autres (fussent-ils les plus chers) ne sont que miroirs mobiles dans lesquels on retrouve étonné l'image de son propre sentiment, son propre trouble, sa propre valeur.
-
Ajournée, la vengeance se transforme en leurre, en religion personnelle, en mythe chaque jour davantage détaché de ses propres acteurs qui, dans le mythe de la vengeance, restent inchangés bien qu'en fait ils ne soient plus ce qu'ils étaient: un autre Jahn a devant lui un autre Zemanek et la gifle que je lui dois ne peut être ressuscitée, ni reconstituée, est perdue à jamais.
[...]
Oui, j'y voyais clair soudain: la plupart des gens s'adonnent au mirage d'une double croyance: ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts). L'une est aussi fausse que l'autre. La vérité se situe juste à l'opposé: tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l'oubli. Personne ne réparera les torts commis, mais tous les torts seront oubliés.